Gérées par la CCI de Saône-et-Loire sous la marque Aproport, les plateformes portuaires de Chalon-sur-Saône, Mâcon et Pagny ont la capacité de combiner route, fluvial et ferroviaire. Tout benef’ pour les entreprises locales et l’environnement. Plongée dans le monde (trans)porteur du multimodal.
Un joyeux balai d’engins anime les plateformes Aproport. Sur trois sites le long de la Saône, se côtoient porte-conteneurs, grues, chariots élévateurs et autres pelles hydrauliques. Le tout dans une organisation bien huilée qui permet aux marchandises de passer d’un bateau à un camion, d’un camion à un train, ou d’un train à un bateau. On appelle cela le transport multimodal. « Nous proposons aux entreprises locales un service de logistique complet qui combine la route, le fluvial et le ferroviaire », embraye Bernard Echalier, industriel local et élu de la CCI de Saône-et-Loire en charge des questions de transport et de logistique. « Cet outil au service du territoire et des entreprises permet l’acheminement des marchandises qui sont consommées ou produites dans la région. Pour cette raison, les trois plateformes portuaires de Mâcon, Chalon et Pagny sont gérées par la CCI. »
Sur les rails du développement
On transporte de tout, sur ces plateformes portuaires multimodales. Des engrais, des produits agroalimentaires, du bois, du sel de déneigement, du ballast, du sable, des produits dangereux… Les conteneurs sont naturellement de la partie, à l’export comme à l’import. Certains des plus lourds « colis » peuvent peser jusqu’à 1 000 tonnes.
Dans cette configuration, l’usage des voies ferrées, c’est heureux, est de plus en plus important. Les trois plateformes en question se situent en effet à proximité de la fameuse ligne Paris-Lyon-Marseille, au cœur du trafic européen nord-sud, et sont reliées aux grands ports maritimes. Pour accueillir les trains, elles sont connectées au réseau ferré national (RFN) et donc en mesure de recevoir plusieurs trains de marchandises. « Aproport a été le premier port fluvial français à disposer de l’autorisation de circuler sur le réseau ferré national avec ses propres moyens humains et matériels », rappelle Michel Suchaut, le président de la CCI 71. « Ainsi, les équipes sont en mesure d’aller chercher un train en gare, d’en assurer son chargement/déchargement sur le port, et de ramener le train en gare pour qu’il poursuive son voyage sur la ligne régulière. ». En plus de « l’autoroute ferroviaire » Calais-Mâcon (5 trains chaque semaine) et les trois liaisons hebdomadaires Mâcon-Le Boulou, une nouvelle liaison ferroviaire a démarré fin 2020. Il s’agit de Chalon-sur-Saône et Fos-sur-Mer, avec trois allers-retours par semaine. Une autre verra le jour en avril, entre Chalon et Le Havre. L’affaire va donc bon train.
Transition écologique
En matière de transport, la transition écologique ne se réduit pas aux véhicules électriques. Aproport permet aux entreprises de réduire leur empreinte environnementale en bénéficiant de chaînes logistiques à neutralité carbone. « Une barge fluviale, c’est 2 500 tonnes de marchandises en moins sur la route, soit l’équivalent de 200 camions », rappelle justement Pascal Leyes, DG de la CCI de Saône-et-Loire. « Par ailleurs, depuis la mise en place de l’autoroute ferroviaire, qui permet à Mâcon de charger des remorques de camions sur des trains, nous avons transporté entre Calais et Le Boulou plus de 20 000 remorques, soit l’équivalent de deux convois routiers ininterrompus entre Lyon et Dijon ! » Et sont déjà à l’étude de nouvelles liaisons ferroviaires depuis Chalon et Mâcon.
« La future CCI Métropole de Bourgogne, réunion des CCI 21 et 71 effective début 2022, s’inscrit dans un objectif de proximité pour accompagner les entreprises et, entre autres, la réduction de leurs impacts environnementaux à tous les niveaux », affirment de concert les présidents Mirepoix et Suchaut. « Cette nouvelle CCI régionale s’appuiera donc sur ses trois plateformes multimodales pour devenir un acteur régional de la transition écologique et énergétique. »
La synergie des infrastructures de Mâcon, Chalon et Pagny, voire Gevrey-Chambertin (spécialisée dans le transport de conteneurs maritimes par rail) aura en effet son utilité, d’autant qu’elle renforcera le corridor métropolitain en devenant un nouveau service d’Opérateur Ferroviaire de Proximité (OFP). Sont aussi dans les cartons le développement de l’hydrogène en milieu portuaire et dans les modes de transports. Par ailleurs, les deux CCI mettent en place deux nouvelles formations en alternance Bac+5, qui ouvriront en octobre à Chalon, pour former les futurs professionnels de la « supply chain » : manager de la chaîne logistique, spécialité transport multimodal et transition écologique d’une part et manager de la supply chain et des achats d’autre part. En bateau, en train ou en camion, Aproport n’a donc pas fini de bouger.
En 2020, Aproport c’est :
> 2,69 millions de tonnes manutentionnées (+4% malgré
la crise sanitaire)
> Une répartition 53 % route – 27 % voie d’eau – 20 % voie ferrée
> 8 millions de chiffre d’affaires
> 70 000 conteneurs manutentionnés
> 600 000 m2 de surfaces louées à 51 entreprises implantées sur les ports