Jusqu’au 28 février 2015, la « chasse à tir » est ouverte dans les forêts de Côte-d’Or. Généralement pratiquée en battue par un groupe de chasseurs qui traque le grand gibier (cerf, chevreuil et sanglier), la chasse pose la question du partage de la forêt entre ses différents usagers : d’un côté les chasseurs et de l’autre, les randonneurs, vététistes, cavaliers, simples promeneurs ou ramasseurs de champignons…
Par Maurice Fergusson – En partenariat avec L’Echo des Communes
Parmi les poncifs, il en est un qui a la vie dure : « La nature appartient à tout le monde. » Très poétique, mais totalement faux : l’espace naturel est réglementé par le droit et celui-ci se fait particulièrement sentir en période de chasse, lorsque le partage des zones forestières devient un enjeu de sécurité.
Que dit la loi ?
Il existe plusieurs types de forêts : les forêts domaniales, appartenant à l’Etat ; les forêts communales, faisant partie du domaine privée des communes ; et les forêts privées. Cela peut sembler insignifiant (après tout, un chêne d’une forêt domaniale ressemble furieusement à son homologue d’une forêt privée) mais conditionne déjà les pratiques : si l’ouverture des forêts domaniales et communales relève d’un objectif avéré de leur gestion (par l’ONF dans le cas de toutes les domaniales et pour l’immense majorité des forêts communales), les propriétaires privés peuvent tout à fait refuser que le public ne se promène dans leurs forêts, interdiction signifiée par des panneaux le plus souvent. Toutes ces forêts peuvent, avec l’accord du propriétaire (ou de son gestionnaire s’il a la délégation de gestion), accueillir des chasseurs qui pour exercer leur passion doivent s’acquitter d’un droit de chasse, payé au propriétaire. Les chasseurs disposent ainsi du droit de circuler dans la forêt en dehors des chemins balisés, chose qui relève d’une tolérance pour les autres usagers, ce que l’on ignore… ou feint d’ignorer. Mais en période de chasse, mieux vaut garder la distinction à l’esprit.
Des griefs partagés…
Autant le dire. La cohabitation entre chasseurs et non-chasseurs se passe parfois mal, en raison souvent de griefs infondés relevant plutôt d’idées reçues. Pour le chasseur, le promeneur qui se balade à longueur d’année dans la forêt peut être une gêne : par sa non-connaissance du milieu et des us de la faune sauvage, il dérange les animaux, piétine des zones habituelles de mise bas… quand il ne récolte pas malgré lui l’étiquette « citadin dans la nature = écolo = anti-chasse ». De son côté le non-chasseur ne comprend pas forcément l’acharnement de types habillés comme pour aller à la guerre qui se mettent en meute et s’adjoignent des chiens pour tuer Bambi et toute sa famille. Les uns parleront plan de chasse, gestion de la faune en surpopulation, amour de la nature. Les autres rétorqueront silence, oubli du stress de la ville, amour de la nature. Disons pour mettre tout le monde d’accord qu’il s’agit d’un amour commun mais qui s’exprime de manière différente…
En période de chasse
La chasse en battue pour le grand gibier, qui monopolise de vastes espaces et justifie la présence de chasseurs postés en lisière de forêt (les « gilets fluos » que l’on ne peut manquer de voir lorsque l’on passe en voiture à proximité), n’est autorisée que deux jours par semaine, ainsi que les jours fériés. « Par défaut, précise l’arrêté préfectoral pour l’ensemble du département, ces deux jours sont le samedi et le dimanche. » Ces jours étant aussi précisément ceux de repos pour l’immense majorité des citadins qui rêvent d’aller respirer le bon air et l’humus, la cohabitation est inévitable.
Que faire ? D’abord, se renseigner. Il existe des sociétés de chasse dont les membres ont choisi de chasser en semaine, ce qui laisse le champ libre aux promeneurs le week-end à condition d’être respectueux : rester sur les chemins, utiliser les parkings mis à disposition, ne pas faire de prélèvement (fleurs…) et ne pas oublier que la cueillette des champignons est aussi une tolérance à exercer raisonnablement et non un droit. Si les chasseurs sont présents aux mêmes jours et horaires que votre balade hebdomadaire, un peu de bon sens s’impose. Les périmètres des battues sont signalées dès le petit matin par des panonceaux, et vous rencontrerez évidemment les chasseurs en poste souvent en lisière de ces zones : engagez courtoisement la conversation pour connaître les chemins que vous pouvez emprunter (une chasse ne monopolise pas une forêt entière), gardez les chiens en laisse. Précaution supplémentaire : prenez dans la voiture le gilet réfléchissant qui fait désormais partie du kit obligatoire de sécurité de l’automobiliste et faites-lui prendre l’air. Ne quittez pas les chemins et promenez-vous à bonne distance des zones de chasse. Vététistes et cavaliers étant considérés comme des véhicules, la loi vous impose également de rester sur les chemins balisés à votre intention.