Châtillon-sur-Seine : « L’eau inspire notre action urbanistique »

Premier ambassadeur d’une petite ville en pleine évolution, le maire de Châtillon-sur-Seine, encourage un nouveau regard sur les atouts naturels et humains de son environnement. Tout commence au bord de l’eau. 

Roland Lemaire est l’édile de Châtillon-sur-Seine depuis 2022. © Jean-Luc Petit / DBM

Le maire de Châtillon-sur-Seine vient du Nord. Comment êtes-vous arrivé ici ?

Roland Lemaire : « J’ai grandi à Auchel, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, au sein d’une famille de six enfants. C’était l’ère des mines et du paternalisme industriel, mes grands-pères et mon père étaient mineurs. On y vivait bien, parce que le Nord est peuplé de gens extrêmement chaleureux. Ils ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors, comme le dit la chanson. Mon service militaire au sein du 27e régiment d’infanterie de Dijon m’a permis de rencontrer une fille de Montbard qui est devenue la mère de mes enfants. Nous nous sommes installés en Côte-d’Or, une terre que j’aime. Ma carrière professionnelle m’a mené à Semur-en-Auxois, Montbard, Dijon et Châtillon-sur-Seine que j’ai connu une première fois en 1978. C’est ici chez moi maintenant.

Que garde-t-on de tout cela ? 

Le sens de la solidarité, l’attention à l’autre. Cela explique ma vocation pour les métiers du social, d’abord comme éducateur spécialisé. Je me sens dans mon élément à la mairie, c’est un prolongement assez naturel finalement.

Un maire est-il, à sa façon, un éducateur « hyper spécialisé » de sa commune ? 

Sans aller jusqu’à la métaphore éducative de mes concitoyens, beaucoup de qualités attendues d’un éducateur se retrouvent dans l’action communale. La mienne a commencé dès 1989, où j’ai été élu conseiller de l’opposition, avant de devenir le premier adjoint d’Hubert Brigand en 1995 et ce durant près de trente ans. 

Est-ce un bon « poste avancé » avant de devenir maire ? Votre nom était prédestiné…

Tout dépend des profils et surtout de la volonté de chacun. Dans mon cas, où je me sens plutôt l’âme d’un bâtisseur, c’est incontestable. J’ai eu à gérer les finances en tant qu’adjoint, c’est une expérience précieuse ensuite quand on arrive aux commandes et que l’on doit appréhender les deniers publics et planifier des investissements.

Au pied d’une colline baignée par les eaux, Châtillon-sur-Seine (5 400 habitants) a une image de carte postale du nord Côte-d’Or. La petite ville cultive cependant un esprit de fête et un art de vivre remarquables. © Jean-Luc Petit

Châtillon est-elle une ville riche ?

Pas d’après l’Insee, qui considère le revenu moyen par habitant et la classe deuxième ville la plus pauvre de Côte-d’Or, après Chenôve. En revanche, son administration va bien. Avec Hubert Brigand, au risque de paraître immodeste, nous avons très bien géré la ville. La dette de Châtillon-sur-Seine, à l’instant où l’on se parle, est à peine de 5 000 euros. Nous avons pu autofinancer de nombreux investissements depuis une quinzaine d’années et comptons 8 millions de budget en ce qui concerne l’investissement. Tout pour en faire une ville attractive.

Où en êtes-vous sur le plan démographique ?

Les derniers recensements font état d’une quasi-stabilité de la population. L’érosion cesse, c’est bon signe, il faut maintenant inverser définitivement la vapeur. Notre action communale veut donner l’envie de faire sa vie ici, de créer son entreprise, d’installer sa famille. Notre politique vise depuis longtemps le sport – 2500 licenciés pour plus de 25 clubs – l’accès à la culture, l’aménagement d’un cadre de vie agréable… Châtillon a le musée du Trésor de Vix, un cinéma et trois théâtres, une maison de la musique, une belle médiathèque, et nous venons d’acquérir une nouvelle salle pour en faire un espace de concerts. L’enjeu est de toucher les jeunes générations.

D’un point de vue purement métropolitain, Châtillon, « c’est beau mais c’est loin ». Comment gérer cette position ? 

Il faut bien reconnaître que nous pourrions être mieux connectés, ne serait-ce qu’au niveau ferroviaire, même si le train peut être à double tranchant est créer des cités dortoirs. Comme je suis un incorrigible optimiste, je parlerai plutôt des atouts sur lesquels capitaliser : nous sommes une ville impériale chargée d’histoire, une destination nature avec les magnifiques sources de la Douix, aux portes du Parc national de Forêts, avec une vie très active, un sens de la fête propre à notre culture du crémant de Bourgogne, des événements tous les week-ends, de quoi ravir vos papilles avec des artisans talentueux… 

Un art de vivre à part entière…

La douceur de vivre est prédominante ici. La rénovation du centre-ville touche à sa fin et je souhaite que les habitants portent un nouveau regard sur la Seine. On finit par l’oublier parfois. L’eau va inspirer notre action urbanistique pour les années à venir. Cela commence dès maintenant avec l’éclairage de la résurgence de la Douix. Châtillon-sur-Seine sera vraiment sur Seine ! »