Depuis son siège bisontin, le groupe automobile Chopard supervise une école interne spécifique, en partenariat avec le GNFA local. Ses concessions Peugeot de Beaune, Chenôve et Dijon Nord bénéficient largement de cet apport de jeunes futurs pros du commerce. Petit tour d’horizon par l’exemple.
Hormis peut-être la sonorité, la Chopard Academy n’a rien à voir avec une fameuse téléréalité musicale animée par Nikos. Sur un an, cette formation en alternance propose d’appréhender les métiers de vendeur automobile et de réceptionnaire après-vente, depuis Besançon, où le groupe automobile a noué un partenariat avec l’antenne locale du GNFA (Groupement national pour la formation automobile). L’enjeu est à plusieurs niveaux : former aux exigences maison et à celles des marques, Peugeot en grande majorité. Le CQP (certificat de qualification professionnelle) est au bout de la route. L’embauche en CDI aussi.
L’alternant a alors la possibilité d’intégrer en quatrième vitesse une très grande famille, recomposée au fil de soixante ans d’expertise : Chopard, on le redit, est le premier distributeur français de la marque au lion. Le groupe génère 1,3 milliard de chiffre d’affaires et prend soin de 2 400 collaborateurs à travers quelque 80 concessions multimarques dans le Grand Est. Inspirant.
« Piqué Chopard »
Le parcours initiatique est d’abord celui de la découverte de l’entreprise. Il s’agit, comme on dit un peu facilement aujourd’hui, d’enseigner les valeurs du groupe. « On doit être piqué Chopard, dans le bon sens du terme. À nous de sentir le ou la jeune en adéquation avec nos valeurs », confirme Laurent Charbois, qui sait combien le savoir-être précède le savoir-faire. L’homme dirige les concessions Peugeot Dijon et le pôle Bourgogne-Champagne de Chopard. Une situation qui le fait doublement apprécier la 6e place nationale au palmarès Best Workplaces® 2020 pour les entreprises de 1 000 à 2 500 collaborateurs.
D’où la nécessité de respecter certains standards. À la Chopard Academy, on suit des modules très variés d’une semaine minimum chaque mois. Le reste du temps est passé au contact du terrain, en concession. C’est le moment d’apprendre les spécificités de la reprise de véhicule, des nombreuses législations en vigueur, des règles élémentaires qui régissent le commerce. « On peut fantasmer sur la facilité apparente, la beauté du costume et les avantages du métier. Mais vendre une auto, c’est en réalité être un expert du financement voire de l’achat puisque nous rachetons aussi le véhicule des clients. » Voilà pour les idées reçues.
Dans ce processus, le maître d’apprentissage est capital. Il s’assure que le jeune progresse sans griller les feux et fait le lien avec la concession référente. Au GNFA de Besançon, le spécialiste en question s’appelle William Bazin. Très apprécié de ses élèves (cette année, neuf alternants constituent la promo), il a passé, c’est un heureux hasard, près de quatre ans comme directeur marketing du groupe Chopard. Autant dire qu’il connait la maison du coffre au tableau de bord.
80 à 90% d’embauche par promo
Il n’y a pas de secret, ces bases saines portent leur fruit. « En règle générale, nous accueillons en moyenne un nouveau collaborateur par site par an. Soit 80 à 90% d’embauche pour chaque promotion, jamais moins. » La croissance externe importante du groupe entraîne de facto des nouveaux besoins. « Historiquement, nos métiers n’ont pas une pyramide des âges très favorable. Le groupe Chopard a toujours eu une politique de formation très ambitieuse. Y compris en continu, où chaque année 10% de nos effectifs passent par une formation. Ce qui évite les postes en tension, même si la crise sanitaire est passée par là et que notre taille implique un turnover régulier », observe encore Laurent, alors confronté à un problème de « riche » qu’il mesure à sa juste valeur : « En treize ans de vie dans le groupe, je n’ai jamais rencontré de problématique de recrutement. » Ça aussi, c’est dit.
Pour preuve, les trois jeunes commerciaux en place dans la concession dijonnaise sont tous issus de la Chopard Academy. Leur poste est évolutif, dans le cycle naturel des choses. « On ne compte plus les exemples de vendeurs devenus directeurs », glisse le patron de la concession, vigilant à ce que chacun garde le sentiment de faire carrière. Mais pas question d’aller trop vite en besogne. « L’acte de commerce est sensible, nous n’envoyons pas nos alternants en phase opérationnelle sans préparation ni connaissance de tous les métiers sur place. » Ainsi, aucun objectif de vente n’est fixé avant plusieurs mois. Ce qui n’empêche pas un niveau de considération intact. « Ils ne sont certainement pas les bonnes à tout faire ; il s’agit pour nous de cadrer ces jeunes motivés. Et préparer l’avenir. » Jugez plutôt les témoignages de Paolo, Jessy et Clément, trois jeunes « qui n’en veulent » et ont de la maturité sous le capot. Les trois apprentis conseillers commerciaux dressent un très intéressant constat. Lu et approuvé !
Paolo Péron (22 ans)
Peugeot Dijon Nord
Après un bac STMG à Semur-en-Auxois, ce jeune homme originaire de Saulieu a déjà emprunté la voie de l’alternance via un BTS négociation relation client « mené chez Doras, qui m’a donné ma chance ». D’autres expériences suivront. Quelques mois comme serveur dans sa ville, au Caps Bar, lui donneront le temps de construire un rapport tout personnel à la clientèle, avec la bonhommie et la curiosité qui le caractérisent. Puis viendra le CDI comme commercial chez KparK à Dijon. Pas une fin en soi : au bout de 6 mois, reconnaissant malgré tout, ce grand passionné de moto refermera la fenêtre pour retrouver l’apprentissage – le train de vie qu’il suppose aussi – mais « travailler dans un environnement qui (lui) correspond au quotidien ».
Jessy Garnier (23 ans) Peugeot Chenôve
Ce grand gaillard a lui aussi la maturité des travailleurs. Un bac pro vente aux Arcades puis un BTS en alternance chez Métro l’ont, en l’espace de quatre ans, conduit à un poste de chef de rayon chez le grossiste alimentaire. La passion de l’automobile, encore elle, explique un virage à 180 degrés. « Théo, mon meilleur ami, est CQP à Beaune et a fini de me convaincre. » Jessy a alors intégré en alternance le site Peugeot de Chenôve, louant au passage les bienfaits du réseau LinkedIn et la réactivité de Sarah Mancini, responsable développement RH du groupe. À la Chopard Academy, il apprécie la vie en commun avec ses huit camarades de promo. « Assertivité et bienveillance sont nos maître-mots, personne ne se juge, c’est super motivant. On est dans l’écoute des parcours de chacun et le partage du vécu. » Conscient d’avoir « encore tout à apprendre », Jessy a donc l’humilité et le souci de bien faire comme carburants. C’est toujours une bonne façon de débuter.
Clément Georges (22 ans) Peugeot Beaune
Ne pas se fier à son flegme de façade. Clément sait très bien ce qu’il veut. Ce Beaunois a intégré in extremis la Chopard Academy, « le 19 octobre exactement, je m’en souviens bien », au bout du bout des inscriptions. Un Bac pro dans l’électronique et le numérique l’avaient d’abord destiné à d’autres horizon. Un BTS commerce technico-commercial du côté de Cluny (71) l’a remis sur le chemin du service client. « Mais j’ai quitté l’entreprise dans laquelle j’étais car le confinement m’a un peu découragé. J’ai décidé très vite de faire mes preuves dans l’automobile. Et ça me plait. Pouvoir travailler malgré cette crise sanitaire, être sur le terrain, on mesure la chance qu’on a », résume le jeune homme rattaché à la concession beaunoise.