Les soldats de la Grande Guerre et le vin: vaste sujet que Christophe Lucand, docteur en histoire à l’uB, a ratissé pour en faire le thème d’une conférence. Elément de propagande, vin « aliment » pour les médecins des armées et meilleur antidote à l’angoisse et à la révolte, le pinard des Poilus est une clé supplémentaire et assez peu étudiée pour comprendre le quotidien de la 1ère guerre mondiale.
Lorsque la Grande guerre prendra l’allure d’une guerre d’usure, tranchée contre tranchée, assauts absurdes contre tirs meurtriers de shrapnels, les soldats se retrouveront à passer trois longues années au front, des jours terrés dans les tranchées salvatrices ou transformées parfois en piège mortel à attendre des ordres. Des heures à tuer le temps, désoeuvrement et angoisses mêlés propices à la réflexion, puis à la révolte contre un haut commandement méprisant les soldats transformés en chair à canon (n’oublions pas que la Révolution Russe a lieu en 1917). Il faut avoir tout cela à l’esprit pour comprendre l’importance du vin pendant la 1ère guerre mondiale.
Christophe Lucand, docteur en histoire à l’uB, auteur de livres sur le vin (notamment une histoire des Négociants en vins de Bourgogne de fin XIXe à nos jours) s’est lui penché sur la question. Des recherches synthétisées dans une conférence donnée la semaine dernière et disponible gratuitement.
Vin propagande, associé au tabac et à la figure féminine; vin martial ( le bien-nommé « canon de vin », qui galvanisait les hommes avant chaque assaut); vin aliment, hautement recommandé par les médecins des armées, estimant qu’il remplaçait un bon repas… le tout dans un contexte viticole bouleversé (le secteur se relevait de la crise du phylloxéra) et une situation économique minée par la mobilisation des hommes sur le front: rien d’étonnant si les Poilus buvaient un affectueux et pas forcément délicat « pinard » plutôt que des grands crus…