Une expérience dans un grand domaine nuiton, une approche de l’export auprès d’un négociant beaunois, puis le grand voyage en Australie, seule. De retour en Bourgogne, Clémentine Barbier lance ensuite Prosper Wine, son entreprise de conseil. Ce sont les voyages et la curiosité qui ont formé « Clem ».
Le monde du vin, Clémentine Barbier est tombée dedans toute petite. Fille de négociant, nièce du grand maître de la confrérie des Chevaliers du Tastevin : il n’en faut pas plus pour que la passion pour le pinot et le chardonnay l’emporte sur le reste. Mais Clémentine, ça aussi c’est de famille, n’est pas très conventionnelle dans son fonctionnement. « Il faut savoir sortir de sa zone de confort », comme on dit un peu communément aujourd’hui. Ce qu’elle prouve régulièrement en prenant la parole sur la scène du château du Clos de Vougeot, pour y tenir de joyeux discours rabelaisiens flirtant parfois avec les frontières qu’impose le politiquement correct.
Seule en Australie
Sur un plan professionnel, sa formation est avant tout issue du vécu et de la curiosité. Après avoir passé deux ans en tant que représentante commerciale du beau domaine Faiveley à Nuits-Saint-Georges, elle devient le bras droit du négociant Olivier Bernstein à Beaune, spécialiste à l’export des premiers et grands crus de Bourgogne. « Une expérience inoubliable, qui me conduira à prendre en main mon destin et à partir pour l’Australie », raconte Clémentine avec sa passion habituelle et son inépuisable bonne humeur.
Mais attention, pas question d’y aller avec la bénédiction d’un protecteur. Elle part « seule, sans point de chute, avec un bagage et un visa ». Son profil de Bourguignonne parfaitement initiée au commerce international du vin lui ouvre rapidement les portes d’un caviste de Sydney, rattaché à une société d’importation, Le Pont Wine Store. Avec le sentiment d’être comme à la maison : « Je vendais des vins d’Anne Parent basée à Pommard, de François Lumpp à Givry ou de Lucien Le Moine à Beaune… Je gérais les achats de ces grands vins de Bourgogne et animais l’espace dégustation de la boutique. »
L’année 2019 aura donc été une année de formation sur le tas pour Clémentine qui, à l’âge de 30 ans, revient avec une expertise suffisante pour lancer sa propre entreprise. Prosper Wine propose un joli cahier des charges, parfaitement adapté à la Bourgogne : « Beaucoup de petits domaines ne sont pas armés pour aborder la procédure parfois complexe et énergivore qui caractérise l’export. Tout le monde ne peut pas être à l’aise, au débotté, dans les relations avec les douanes du continent asiatique par exemple ou dans la maîtrise courante de l’anglais nécessaire dans ce contexte. Alors je les accompagne. »
Une puce dans l’étiquette
Curieuse et jamais les deux pieds dans le même sabot, Clémentine investit aussi une partie de son temps à l’intégration de boutiques en ligne pour des domaines prestigieux de la Côte de Nuits. Et prend part à la belle aventure de Wid, une entreprise dont le site de production est à Marsannay-la-Côte, qui propose des solutions innovantes au service de la traçabilité des bouteilles d’exception. Grâce à une puce intégrée à l’étiquette, le consommateur du bout du monde peut avoir une lecture des origines de son flacon. Une arme redoutable face à la contrefaçon et le vol, rassurante autant pour l’amateur que le vigneron. Pédagogique aussi, puisque cette puce a la capacité de contenir (et donc livrer) des informations techniques et gustatives sur le vin.
N’allez pas croire pour autant que la pétillante « Clem » (c’est le surnom qu’on lui donne ici et dans les pays anglo-saxons) s’arrêtera en si bon chemin. Notre petit doigt nous dit qu’on aura bien l’occasion de retrouver cette jeune femme dans nos colonnes pour des raisons tout autres. La vie territoriale peut être très formatrice elle aussi.