Le groupe de luxe LVMH s’est offert le mythique Clos des Lambrays. En devenant propriétaire de ce domaine producteur du grand cru qui porte son nom, mais également de morey-saint-denis et de puligny-montrachet en premier cru, Bernard Arnault prend ainsi pied en Bourgogne, tout près de son rival du luxe François Pinault, déjà exploitant du Domaine Eugénie à Vosne-Romanée et d’un « peu » de montrachet. Le montant de l’acquisition n’a pas été communiqué.
C’est la première incursion du groupe LVMH en Bourgogne: le leader mondial du luxe a annoncé hier avoir acquis le Clos des Lambrays auprès de la famille Freund qui détenait le domaine depuis fin 1996. 8,66 hectares près du village de Morey-Saint-Denis, d’un seul tenant, à l’exception d’une parcelle de 200 mètres carrés appartenant à un autre propriétaire. Outre le grand cru Clos des Lambrays (35 000 bouteilles par an, autour de 120 euros le millésime 2012), le domaine produit également un morey-saint-denis premier cru, et deux puligny-montrachets premiers crus: Clos du Cailleret et Les Folatières. On ne s’étonnera pas que le montant de la vente ne soit pas rendu public…
Selon le communiqué du groupe LVMH, l’oenologue Thierry Brouin continuera à veiller à l’excellence des productions du domaine.
LVMH possède également les maisons Moët & Chandon, Dom Perignon, Veuve Clicquot Ponsardin, Krug, Ruinart, mais aussi Chateau d’Yquem et Château Cheval Blanc. Le groupe est également leader sur le secteur du cognac. Mais un domaine prestigieux bourguignon manquait à l’escarcelle du dirigeant Bernard Arnault après la tentative avortée de rachat du domaine Rebourseau à Givry. Or le Clos des Lambrays est un de ces joyaux comme la côte viticole sait en secréter.
En prenant pied dans nos vignes, Bernard Arnault devient ainsi le « voisin » bourguignon de François Pinault, propriétaire du domaine de Eugénie à Vosne-Romanée, acquis à la famille Engel en 2006, et de quelques vignes de montrachet. Il est à noter aussi que le Clos des Lambrays appartint autrefois à Camille Rodier, l’un des fondateurs de la confrérie des Chevaliers du Tastevin, ce qui donne une idée de la valeur symbolique de cette acquisition.
Attesté dès 1365, le Clos des Lambrays a en effet été divisé entre 74 propriétaires différents pendant la Révolution. A partir de 1868, on assiste peu à peu à sa réunification. Louis Joly aménage la bâtisse qui avait été construite en 1630. En 1866, Albert Sébastien Rodier achève les travaux. Il a deux petits-fils: Camille et Albert; Camille, fondateur de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, et Albert, régisseur du domaine familial. En 1938 Albert transmet le domaine à son amie Renée Cosson. Celui-ci entre alors dans une période joliment qualifiée sur le site internet de « Belle au vin dormant » jusqu’en 1979: le Clos des Lambrays renaît sous l’impulsion de Roland de Chambure et des frères Fabien et Louis Saier avec le soutien déjà de Thierry Brouin jusqu’au décret du 27 avril 1981, qui accorde au Clos des Lambrays le classement en grand cru.
Hier soir à la clôture, l’action LVMH gagnait 2% à 142,150 euros.