Plus de 1 600 dégustateurs, de 18 nationalités différentes, officieront le 20 avril prochain au Concours des Grands vins de France à Mâcon. Parmi eux, de nombreux amateurs avertis mais néanmoins formés avec le plus grand sérieux. Pierre Guigui, pilier du renouveau du vignoble breton et formateur émérite, témoigne.
Par David Bessenay
Chez les amateurs de vins, le nom de Pierre Guigui sonne doux aux oreilles. L’homme est une référence dans le monde bachique : fondateur du concours amphore des vins bios, longtemps responsable éditorial pour le Gault & Millau et pilier du renouveau des vins bretons. Chaque année, il forme une trentaine de dégustateurs en région parisienne. « Chaque formateur a sa propre approche » entame-t-il. Si apprendre à déguster en seulement quelques heures est une gageure, savoir si un vin est bon ou non est un objectif plus réaliste, tout en replaçant la dégustation dans l’histoire de l’évolution des goûts.
« Je fais souvent ce test : j’ouvre les deux mêmes bouteilles et je rajoute du sucre dans l’une. C’est souvent celle-ci la préférée et c’est normal. Il faut apprendre à distinguer nos besoins physiologiques de l’analyse d’un vin, apprendre à dépasser son appétence personnelle. » Le but n’est pas de piéger mais bien d’ouvrir la réflexion. « J’insiste beaucoup sur la longueur en bouche qui est un critère qui pèse dans la notation. Si c’est 10 secondes, il a plus de chance d’obtenir une médaille que 2 ».
Dégustateur décomplexé
Pour classer les flacons, Pierre Guigui propose des références plutôt originales : « Je leur demande de choisir la bouteille qu’ils aimeraient garder pour eux, celle qu’ils voudraient partager avec leur conjoint(e), et celle qu’ils boiraient avec leurs copains ? Et cela correspond à l’or, à l’argent et au bronze. » Il invite aussi les dégustateurs à se décomplexer lors de la notation. « Il faut y aller fort quand on aime et aussi quand on n’aime pas, ne pas rester tiède par peur de se tromper. » Et de donner une petite astuce. « Je garde toujours le premier verre dégusté, ça permet d’y revenir, d’étalonner par rapport à la note donnée ».
Aujourd’hui, la tendance chez les jeunes consommateurs est de chercher des vins clivants et originaux. Dans les grands concours comme celui de Mâcon, la démarche est tout autre. Les médailles permettent de mettre en confiance des consommateurs qui doivent faire leur choix dans les linéaires. « Je donne un canevas de réflexion aux dégustateurs et à eux de jouer, conclut le formateur. Quoi qu’il arrive, le jury est souverain, même si je ne suis pas d’accord avec lui. »
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