Concours des Grands Vins de France : bienvenue à Mâcon-le-Grand !

Il fêtera sa 70e édition samedi 26 avril, dans le cadre d’un week-end de fête comme le Mâconnais sait en organiser. Le Concours des Grands Vins de France demeure une référence pour la profession et le consommateur. En fin d’année, il va même étendre son savoir-faire aux vins du monde. Mâcon va déguster comme jamais !

Il a tout d’un grand vin. Le concours des Grands Vins de France à Mâcon se pose là, équilibré, dans la force de l’âge, avec la sureté de l’expérience et assez de marge pour s’améliorer avec le temps. Dans le capharnaüm des guides et concours en tout genre, au milieu de ces médailles en chocolat décriées (parfois) à tort ou (souvent) à raison, il demeure un phare pour une profession à l’écoute et un consommateur de plus en plus en quête de repères. 

Ses mensurations font rêver. Plus de 7 000 échantillons passés au crible par 1 700 dégustateurs professionnels ou amateurs éclairés provenant de 18 pays (on vient même à Mâcon du Brésil ou de Hong-Kong !), plus ou moins 30% de médaillés en or, argent ou bronze, des nouveaux dégustateurs séduits (400 l’an dernier, un record)… il semble loin le temps de Maurice Labruyère, père fondateur du concours, avec 68 échantillons en 1954. Il faut bien un début à tout.

Philippe Faure-Brac et Guigal en guest-stars

Samedi 26 avril, dans un parc des expositions plein à craquer, le Concours des grands vins de France vivra sa 70e édition sous le parrainage du grand sommelier Philippe Faure-Brac. Son comité organisateur pratique depuis longtemps l’ouverture d’esprit, puisqu’il a pris l’habitude de mettre à l’honneur une appellation, lors d’une grande dégustation la veille du concours. Cette année anniversaire honorera la famille Guigal, maîtres de la vallée du Rhône et de l’appellation Côte-Rôtie. 

Le comité des salons et concours de Mâcon, présidé par Bernard Rey, s’appuie aussi sur une solide organisation bien huilée, reposant sur les « lieutenants » Charles Lamboley, Maurice Broquet, Hervé Reynaud et Didier Pin. Concours, trésorerie, relations institutionnelles, marché des plaisirs gourmands en novembre : à chacun son pré carré pour orchestrer les deux grands temps forts de l’année mâconnaise. 

Le comité s’appuie en outre sur des collaborateurs très engagés, réalisant chaque année des prouesses logistiques pour réceptionner, trier, anonymiser, stocker et ventiler les milliers d’échantillons grâce à sa propre cave hygrométrique de 520 m². Voilà pour les coulisses. 

Par la filière, pour la filière

Du côté de la profession, le concours a toujours la cote. Son sérieux avéré lui fait traverser les époques, sous bonne escorte de l’Association des grands concours vinicoles français (AGCVF), gardienne du temple fondée par Mâcon et Orange pour dialoguer avec les hautes instances, regrouper les concours réputés légitimes (Provence, Vignerons Indépendants, Tastevinage, InterLoire, Bordeaux, Alsace…) et échanger sur les bonnes pratiques.

Cultiver son ADN viticole, au plus près des préoccupations de la viticulture, est aussi un élément différenciant. « Notre organisation est née de la filière pour la filière. L’argent récolté pour les inscriptions et l’achat de médailles profite au territoire, il est réinvesti dans nos événements et nos actions de promotion », tient à préciser Bernard Rey.

« Venir à Mâcon, c’est faire preuve d’humilité, en étant jugé à la fois par des pros de la filière et des consommateurs. À ce titre, il est intéressant d’observer qu’un guide de référence comme la Revue du Vin de France vient de lancer son prix des lecteurs. »

Charles Lamboley, président délégué du Concours des Grands Vins de France à Mâcon

Être les pieds dans le vignoble n’est pas neutre. Le président du concours estime être en capacité de « parler d’égal à égal » avec un vigneron soucieux de voir « ses vins bien traités et son travail bien estimé ». Les dégustateurs ont un rapport bien particulier, quasi culturel, avec l’événement. Quelques légendes locales tiennent la baraque, ribambelle de médailles sur le torse, à l’image de Christian Morard, star des palais fidèle depuis 1982. 

Mâcon a réussi à amalgamer dans son casting les grands connaisseurs du vin, susceptibles de traquer un défaut ou d’envisager sous d’autres angles un potentiel, aux amateurs éclairés, sans doute plus sensibles au plaisir immédiat. À chacun sa manière de voir et de boire les choses, à chacun son rôle de garde-fou. 

Le vigneron s’y retrouve, d’après Charles Lamboley, président délégué du concours. « Venir à Mâcon, c’est faire preuve d’humilité, en étant jugé à la fois par des pros de la filière et des consommateurs. À ce titre, il est intéressant d’observer qu’un guide de référence comme la Revue du Vin de France vient de lancer son prix des lecteurs. » Les sachants n’ont donc plus le monopole du jugement.

Président délégué du comité des salons, concours et foire de Mâcon, Charles Lamboley ne se contente pas d’une vision nationale. En novembre, un concours des grands vins du monde permettra à Mâcon de réinvestir son savoir-faire au profit de la filière toute entière. ©Jean-Luc Petit/DBM

La GMS et l’œnotourisme

Venir à Mâcon veut donc dire quelque chose pour les vignerons de France. Car le concours des Grands Vins de France n’est pas « burgondo-centré » : généralement, plus ou moins 25% des échantillons viennent du Bordelais, 12% de la vallée du Rhône, presque autant du Languedoc et « seulement » 8% de Bourgogne. 

En 2023, les vins de liqueur, type pineau des Charentes ou Macvin, ont même fait leur apparition pour couvrir au maximum la diversité viticole française, jusque dans ses niches. Le consommateur, puisqu’il s’agit bien de lui au bout de la chaine, a donc de plus en plus de chances de croiser un macaron mâconnais dans sa vie. Généralement, il s’y fie. 

L’AGCVF a fait vérifier ce postulat en 2022, via une étude menée par l’institut de sondage Viavoice : 59% des consommateurs français interrogés se disent très attentifs aux médailles reçues par un vin lors de leurs achats en grande surface. Une médaille est donc utile dans les linéaires, « mais aussi pour les domaines misant sur une offre œnotouristique, qui ont encore cette culture de l’accueil en cave et de bien distinguer leur gamme ». 

À l’export, certains pays y sont plus sensibles que d’autres. Les États-Unis, le Canada, une partie de l’Asie, le Bénélux connaissent bien le sceau mâconnais. L’histoire veut cela : « La réputation du concours de Mâcon s’est faite à une époque où il se produisait beaucoup de vin, pour beaucoup moins de concours. 1990 a constitué un record avec 11 000 échantillons à déguster. Nous imprimions jusqu’à 35 millions de macarons par an ! », retrace Charles Lamboley, qui projette de faire grandir encore cet écho international. 

Le 14 novembre prochain sera ainsi inauguré le premier concours des grands vins du monde. « Pour une première, nous serons heureux de commencer avec un millier d’échantillons », lâche le président délégué. Mâcon n’a donc pas fini d’être grand.