A deux jours de l’ouverture du SIA (Salon international de l’agriculture) à Paris, rencontre avec Marc Frot. Le vice-président du Conseil général de la Côte-d’Or en charge de l’agriculture (après un passé de syndicaliste agricole à la tête des Jeunes Agriculteurs du 21 puis comme président de la puissante FDSEA) juge plutôt bonne bien que précaire la situation de l’agriculture dans le département. Le secteur lorgne du côté de la diversification, des filières courtes avec un mot d’ordre : consommer local ! L’équilibre du territoire entre ville et campagne est à ce prix.
L’agriculture en Côte-d’Or ? Selon Marc Frot, vice-président du Conseil général en charge de l’agriculture, le secteur « se porte plutôt bien aujourd’hui. Les cours des denrées, ceux de l’élevage aussi sont plutôt corrects. Mais attention, tout cela est très précaire. La politique européenne via la nouvelle Politique Agricole Commune, et les nouvelles orientations agricoles que pourrait prendre la France inquiètent dans les campagnes. »
Pas étonnant quand on sait qu’avec près de 5000 exploitations pour 10000 actifs permanents, l’agriculture cote-d’orienne représente un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel hors subventions, soit 10 % du PIB du département. Tout sauf une paille ! Toujours portée par la viticulture, qui à elle seule représente la moitié de ce chiffre d’affaire, l’agriculture côte-d’orienne vaut de plus en plus par de nouvelles tendances qui s’affirment: « Aujourd’hui, nous sommes dans une logique de diversification et de filières courtes. Cela peut être un atelier de transformation de volailles, de cochons, des nouvelles productions aussi comme les asperges ou les escargots, qui viennent en complément de l’agriculture traditionnelle. Le nombre de dossiers d’aides traités au Conseil général est en forte augmentation sur ces créneaux. Alors bien sûr, cela signifie que l’agriculture traditionnelle est économiquement de plus en plus difficile, mais je crois fort à ces nouvelles orientations.» A condition peut-être de changer certains comportements, comme Marc Frot le reconnaît volontiers : « c’est vrai que les gens veulent consommer local, qu’ils aiment acheter local, mais qu’ils n’aiment pas toujours payer local. Il faut quand même savoir qu’il y a 15% de consommateurs qui se disent prêts à acheter local, malgré un prix plus élevé. Alors il faut y aller. Nous essayons d’aider ces filières courtes, de montrer la voie dans les collèges. Les filières locales, ce n’est pas de la poésie, ni un effet de mode. C’est le maintien de certaines exploitations qui est en jeu. »
Un paysan = sept personnes
Dans les semaines qui viennent, le Conseil général de la Côte-d’Or et la Chambre d’Agriculture parapheront un nouvel accord cadre, le second du genre. Ils décideront ensemble des filières à soutenir : « chaque année détaille Marc Frot, le Département injecte 3 millions d’euros dans le soutien à l’agriculture. Qui dit agriculture, dit emplois. Quand tu aides un paysan, tu soutiens 7 personnes derrière lui. Sur un canton comme celui de Baigneux-les-Juifs, 1800 habitants, le plus gros employeur, c’est la scierie de Villaine et ses 30 emplois. L’agriculture représente sur ce canton, 140 emplois. Je n’ai aucune autre entreprise qui m’apporte cela. Beaucoup de ces employés sont des jeunes couples. Tout cela remplit les écoles, ça fait des gens au bistrot, au resto du coin, tu fais vivre le petit commerce, le milieu associatif. Alors ce n’est pas forcement la panacée si tu considères qu’il y a eu jusqu’à 200 emplois de ce genre, il y a encore quelques années. Mais on a stoppé l’hémorragie. Et que tous ceux qui veulent se passer de l’agriculture se disent bien que les grosses agglomérations ne tiendront pas sans les paysans. La force d’une ville, c’est la ruralité qui l’entoure. » A bon entendeur !
La Bourgogne à Paris
L’agriculture côte-d’orienne sera à l’honneur à partir de samedi au Salon de l’Agriculture à Paris. Pendant une semaine, la plus grande ferme de France s’installe Porte de Versailles : « Plus ça va, plus le salon de l’agriculture est un passage obligé précise Marc Frot. Je suis toujours stupéfait par l’engouement populaire. C’est une belle vitrine qui valorise nos métiers, même si j’aimerais que les dizaines de milliers de personnes qui viennent au salon poussent plutôt la porte de nos fermes ». Un salon que vous pourrez vivre sur dijonbeaune.fr : un reportage par jour pour rendre hommage à la Côte-d’Or, ses paysans, et ses produits.