Le pays fait sa crise politique, le gouvernement se cherche, mais la France continue de tourner. 80 % de ses espaces sont gérés par des « jardiniers » engagés, les maires ruraux. Pourvu qu’on entende enfin, en Bourgogne et partout ailleurs, ces véritables artisans de la transition écologique. Du 27 au 29 septembre, environ 800 maires ruraux se rassemblent à Arceau et Saint-Julien pour le congrès des Maires ruraux de France. Le président du Sénat Gérard Larcher et les ministres Catherine Vautrin et Françoise Gatel sont attendus.
Fin septembre, les communes d’Arceau et Saint-Julien, en Côte-d’Or, accueilleront le congrès national de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF). La République tangue, l’Assemblée nationale a perdu ses repères, sans majorité pour gouverner, et ces incertitudes donnent une saveur particulière à l’événement annoncé.
Alors qu’on s’étripe sur les plateaux de télé, la France continue effectivement de tourner. Les routes sont entretenues, les bourgs fleurissent, la terre est cultivée, les moissons se font tant bien que mal et nos paysages verdissent. Cette France des campagnes, symbole millénaire d’un pays où il fait bon vivre, argument d’un tourisme qui demeure la première de nos industries, est faite de villages, de clochers et de mairies. Un tiers de notre population occupe 80 % de notre territoire. Les gardiens de ce dernier bossent en silence et fonctionnent en petites communautés qu’on appelle « communes ».
95 % des 36 000 communes du pays ont moins de 2 000 habitants. Elles sont donc tenues par des femmes et des hommes volontaires, qui consacrent leur vie au bien-être des autres. Ils ou elles sont sur tous les fronts. Ils ou elles répondent de tout, dans un contexte administratif devenu schizophrénique, complexifié par des cols blancs déconnectés du terrain. Quid du bon sens paysan ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Ils ou elles ne prennent pas vraiment de salaire. Ils ou elles ont la conviction que l’intérêt général mérite leur sacrifice. Sauver une école, créer une cantine verte, s’occuper des vieux comme des jeunes, entretenir les bâtiments, s’inquiéter de la santé de ses concitoyens, construire un espace culturel, sont des missions H24, qui impliquent responsabilités et confrontations, obligent à rendre des comptes mais apportent aussi beaucoup de bonheur, de l’avis de tous. Ces maires sont les maires porteurs du système, le socle de la République. Enlevez-les, découragez-les et vous verrez : privée de ces 500 000 âmes bienveillantes, la France ne s’en remettra pas.
L’association des Maires Ruraux de France, en plein boum, est passée de 8 000 communes adhérentes à près de 13 000 en quelques années, signe évident d’un besoin pressant de fédérer les intentions. Basée à Lyon, elle a mis en place un « grand atelier » qui rassemble une centaine de maires représentatifs de l’ensemble des départements, autour de la transition écologique. L’alimentaire et les énergies renouvelables, dont les beaux parleurs de la politique ont une pleine bouche, est leur affaire. Cette transition ne se construit pas dans les salons et dans la bien-pensance politicienne, mais en retroussant les manches dans les champs, les forêts et les jardins.
Le 18 avril 2018, recevant Emmanuel Macron chez lui à Les Voivres (Vosges), le futur président de l’AMRF Michel Fournier glissait au chef de l’État : « J’ai parfois mal pour mon village, mal pour ma ruralité, mal pour ma France. » Avant de lancer un appel à « construire tous ensemble une loi sur la ruralité, inscrire la notion de territoire dans la constitution ». La notion d’espace est centrale. Elle devrait apporter plus de cohérence et de soutien aux nécessaires équilibres territoriaux. Il ne s’agit pas d’opposer la ruralité aux métropoles, mais d’inscrire dans les fondamentaux de la République que les ressources de nos campagnes sont la complémentarité vitale de l’énergie de nos villes.
🇫🇷 Congrès national des maires ruraux de France – 27, 28 et 29 septembre – Programme complet ici