Crémants de Bourgogne : amère Méditerranée

Le 14 décembre, le Conseil d’État a invalidé 7 décrets autorisant la déclinaison mousseuse de vins à Indication Géographique Protégée. La victoire aurait été totale pour la Fédération Nationale des Producteurs et Élaborateurs de Crémant (FNPEC) si l’IGP Méditerranée n’avait pas conservé son droit de production et de commercialisation.

Cremant de Bourgogne

La plus haute juridiction administrative française a tranché : les producteurs de mousseux de Méditerranée pourront produire et mettre en vente des bouteilles marquées de l’IGP « Méditerranée ». Le Conseil d’État avait annulé sept décrets ministériels autorisant la déclinaison mousseuse des appellations Vins des Allobroges, Comté Tolosan, Coteaux de l’Ain, Pays d’Oc et, c’est à noter, de trois bourguignonnes : Coteaux de Tannay, Côtes de la Charité et Coteaux de l’Auxois. L’IGP Méditerranée y a finalement échappé, après avoir « prouvé l’antériorité de la production de vins effervescents sur leurs terres depuis plus d’un siècle et la continuité de cette production. »

Les bulles sont un peu amères pour les producteurs de crémants d’Alsace, de Bourgogne et de Loire, de longue date opposés aux nouvelles IGP effervescentes. Franck Vichet, président jurassien de la FNPEC jugeait en effet «  inacceptable que l’on puisse produire une même IGP avec des conditions de production et d’élaboration qui varient de 180 degrés ».

Les mousseux se font mousser

Rappelons que le crémant est sacrément intéressant : en 2014, plus de 167 millions de bouteilles effervescentes ont été vendues dans les grandes surfaces en France. De manière assez étonnante, le champagne représentait tout juste 26% de ce total, selon un bilan établi par l’organisme public FranceAgriMer. Voilà l’enjeu. À en croire les commentaires issus d’un article du Figaro.fr, beaucoup sont convaincus « qu’un bon vieux crémant vaut bien mieux qu’un de ces mauvais champagnes »Les mousseux se font mousser… quand d’autres internautes se montrent plus piquants, voire franchement durs : « si le mousseux de Méditerranée est aussi médiocre que les rosés de la région, les producteurs traditionnels n’ont pas de soucis à se faire. » Et toc !

           « Guéguères inutiles, comme d’habitude. Là comme ailleurs
on aura du bon et du moins bon.
Au consommateur de faire son choix. »

Dominique Repronche, toujours parmi les internautes, calme le jeu et parle de « guéguères inutiles, comme d’habitude. Là comme ailleurs on aura du bon et du moins bon. Au consommateur de faire son choix. »

Aussi, la nouvelle a drainé quelques réflexions intéressantes, dont celle d’Hervé Lalau, journaliste indépendant travaillant pour plusieurs magazines et sites spécialisés en vin. Celui-ci se montre dubitatif sur le nom et la nature géographique de cette appellation Méditerranée.
Enfin, Dijonbeaune.fr n’a pas résisté à l’envie de publier quelques bons mots. Un certain Aeneas a signé avec esprit « les producteurs de cidre devraient essayer de vendre du mousseux de Bretagne ». Chiche ?