Les Crémants de Bourgogne réclament le droit d’apposer une mention du terroir sur leurs étiquettes, auprès de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao). Sans réponse, l’Union des producteurs et élaborateurs de Crémants de Bourgogne (UPECB) envisage de déposer un recours au Conseil d’État. Pierre du Couëdic, son directeur, revient sur le fond du problème.
Pour quelles raisons l’INAO n’accède pas à votre demande ?
L’Inao considère que la mention du terroir n’a pas lieu d’être sur l’étiquette d’un vin effervescent. Or, c’est le cas sur plusieurs d’entre eux comme le champagne. Cela n’a aucun sens, on a l’impression de ne pas être respectés depuis des années. Le droit français et la doctrine de l’Inao nous donnent tous deux raison, donc on ne comprend pas cette résistance. On n’accepte pas ce silence et nous sommes prêts à saisir le conseil d’État si l’Inao ne prend pas une position claire et argumentée.
À quand remonte cette demande ?
Il faut revenir au décret du 4 mai 2012 sur « la traçabilité et l’étiquetage des produits vitivinicoles ». Ce texte revendiquait haut et fort ce que le secteur viticole français, et en particulier bourguignon, prône depuis toujours : une identification géographique de ses vins. Seulement, on s’est rendus compte que ce cahier des charges n’était pas compatible avec les Crémants de Bourgogne. Nous en avons averti l’Inao, qui n’a jamais fait bouger les choses depuis.
Qu’est-ce que cette mention apporterait aux Crémants de Bourgogne ?
Une traçabilité du le lieu de naissance et, donc, une légitimité et une certification supplémentaire auprès de l’amateur de vin. Dans toute l’histoire des appellations, tout repose sur la loi du 6 mai 1919 et ses fondamentaux : le terroir et le cépage. Dans la définition, une AOC n’est pas un signe de qualité mais une provenance géographique claire. Il me semble donc ubuesque que les Crémants de Bourgogne soient exclus de ces principes. Aujourd’hui, on est prêts à faire bouger les choses.