Le luxe appliqué à l’univers de la cuisine dépasse de loin le petit périmètre de la plaque chauffante. Il est une architecture à part entière. Tel est l’enseignement de Christophe et Florence Arminot, à la tête des Cuisines Alain à Besançon. Fort de réalisations de très haut niveau, le spécialiste de l’agencement vise les plus belles chaumières de Bourgogne-Franche-Comté.
Tous les chemins mènent en cuisine. Christophe Arminot pourrait être le dépositaire de cette maxime spécialement inventée pour l’occasion. Après des études en hôtellerie-restauration en 1984, le jeune homme d’origine lyonnaise se frotte au métier chez Roger Vergé, papa de la cuisine méditerranéenne installé à Mougins, dans la région cannoise. Arrive l’expatriation à Besançon et l’hôtel Mercure, où le volontaire Christophe occupe le poste de « tournant », entre les petits-déjeuners à préparer, le bar à l’heure de l’apéritif et la salle ou la cuisine le reste du temps. « J’étais destiné à un parcours en restauration, avec déjà l’envie de créer plus tard ma propre affaire », retrace l’intéressé. Le destin en décidera autrement. Ainsi soit-il.
Le néo-Bisontin s’est nourri de cette première vie professionnelle. Il a gardé le goût des bonnes choses, un certain talent dans les relations humaines et une grande passion pour la décoration. « J’intègre donc un cuisiniste local, puis je fais la rencontre en 1989 d’Alain Rognon. » Descendant d’une famille spécialisée dans le meuble, le chef d’entreprise nourrit de grands projets pour son agence bisontine, concessionnaire exclusif en Franche-Comté de la très sélect marque allemande Poggenpohl. En le rejoignant, Christophe ouvre le tiroir d’un métier passionnant et découvre à quoi peut ressembler le luxe appliqué à l’univers de la cuisine. « C’était un vrai personnage, il m’a tout appris en m’envoyant faire une école d’architecture et en me formant à la vente de ce genre de produit d’exception », loue le disciple reconnaissant, qui finira par prendre la direction et devenir propriétaire des Cuisines et Intérieurs d’Exception en 2012.
40 à 50 réalisations par an
Depuis, l’établissement implanté avenue Carnot navigue dans un univers particulièrement exclusif. Ses marques partenaires en font la démonstration : on retrouve historiquement Poggenpohl, « la plus vieille marque au monde de cuisine intégrée, fondée en 1892 », l’ébénisterie d’art Gaio basée en Haute-Saône, le spécialiste de l’agencement suisse USM. Même constat côté électroménager (Miele, Gaggenau, V-Zug…) et des cuisinières (La Cornue et Lacanche). Bref, de quoi faire le meilleur rôti de la planète dans ce qui est désormais la pièce maîtresse du foyer.
Ce niveau de prestation implique un positionnement bien particulier et une certaine discrétion. Christophe Arminot revendique la livraison de 40 à 50 cuisines par an, jamais plus. Le luxe s’achète au bas mot plusieurs dizaines de milliers d’euros et peut grimper très haut, parfois à six chiffres, selon le niveau d’équipement et de finition. Le spécialiste ose la comparaison : « Notre clientèle, particulière à 95 %, s’offre la cuisine de ses rêves comme d’autres peuvent s’offrir une Porsche. »
Un bureau d’études
Le Bisontin tient à être l’interlocuteur privilégié de chacun et parcourt 70 000 km par an à ce titre. La Bourgogne-Franche-Comté, où il y a tellement à faire ne serait-ce que d’un point de vue patrimonial, est un marché encore à conquérir. Son terrain de jeu va ainsi d’un loft à Ramatuelle, d’une villa au bord du lac Léman ou d’une maison de maître en région lyonnaise. Plus près de nous, récemment, « un manoir sur les hauteurs de Dijon dont nous avons complètement refait l’intérieur ». Les Cuisines Alain sortent en effet régulièrement de leurs fourneaux, qu’il s’agisse d’un projet sur plans ou d’une rénovation XXL. « Le client nous amène souvent à cela : le courant passe, il nous expose ses projets et nous fait confiance sur l’agencement des univers connexes. On a des catalogues, mais on ne fait que des moutons à cinq pattes », résume le dirigeant, qui a pensé son agence non pas comme un showroom, mais bien un bureau d’études.
Son épouse Florence en est le premier visage sur place. Cette femme gestionnaire dans l’âme assume le volet financier et le suivi des projets. Yohan est le précieux architecte maison, il hérite des croquis de Christophe et viabilise les envies les plus précises.
Une boîte à outils
Au final, les Cuisines Alain sont liées à une équipe d’une vingtaine de personnes incluant des poseurs internes à l’entreprise, un peintre, un marbrier, un électricien, un plombier, « de véritables parquettistes qui vous feront les plus beaux chevrons à l’ancienne », un spécialiste de la lustrerie… Mobiliser cette boîte à outils permanente « d’artisans qui excellent dans leur métier et sont rompus à ce genre de réalisations » est en soi une prouesse.
Celle-ci est à même d’interpréter toutes les demandes et de les mettre en harmonie. D’ailleurs, à quoi ressemble une cuisine d’exception de nos jours ? « Cela peut être très contemporain, aux formes cubistes et épurées. Ou bien une réalisation rassurante, type maison de famille, avec du bois laqué, un gros billot, une table pour les amis. » Luxueuse ou pas, une cuisine doit être en toute circonstance « pensée pour ce qu’elle est, dans toute sa dimension fonctionnelle : une pièce à cuisiner ». En bon ambassadeur des produits de son pays, Christophe se fait le premier défenseur « de pièces qui sentent la vie et ont de la personnalité ». On l’avait bien deviné.