La vie d’un hôtel cinq étoiles est ainsi faite : il y a les visages connus et les travailleurs de l’ombre. Florian Ronot, responsable technique du Grand Hôtel La Cloche, appartient à la seconde catégorie. Le client le croise rarement mais il ressentirait son absence. Portrait.
Jamais il ne s’ennuie, l’actualité le vérifie. Depuis le début de l’année, Florian Ronot vit au rythme des deux chantiers menés de front par le Grand Hôtel La Cloche : d’abord la restructuration complète du pavillon réceptif, situé au bout des jardins, avec sa façade éclairée qui illuminera nos douces soirées dijonnaises. Ensuite les travaux des sept suites – elles dataient de 2009 – situées au cinquième étage de l’hôtel.
Florian n’en perd pas une miette. Il crée les conditions de travail optimales pour les entreprises sur place, s’assure de la bonne tenue des travaux, fait le lien avec la direction. Le téléphone sonne souvent et les souliers sont usés : 7 kilomètres par jour en ce moment.
Dans le même temps, il faut assurer la conduite technique et de la maintenance des installations de l’hôtel, des 88 chambres (dont cinq suites en travaux donc), des salles de réunion et séminaires, du pôle restauration, du spa, de la boutique 20 by La Cloche…
Les vieux plans !
Ainsi va la vie du responsable technique. Florian avait pris une autre chemin, après des études au CFA La Noue (encore un !) et une première vie de mécanicien dans le sport automobile. Puis il est devenu jeune voiturier ici, il y a dix ans tout pile, pendant que son frère occupait un poste de chef de rang au restaurant. « J’étais manuel et curieux, conscient d’être dans une belle entreprise, et le départ à la retraite de mon prédécesseur a accéléré mon envie de reconversion interne », commente l’intéressé, sensible à l’idée de contribuer au confort des clients à sa manière.
Depuis l’été dernier et le recrutement de Jean-Pierre Cantin, le service technique s’est étoffé. Les besoins sont grandissants. Électricien de formation, 58 ans dont plus de trente de métier, « JP » est « un vrai couteau suisse », loue Florian, qui mesure combien il est bon d’avoir un ancien auprès de soi. Le duo organise sa journée en lien le plus souvent avec la gouvernante générale Camille Mougenot. Une chasse d’eau qui s’est mise à couler dans la nuit ou une ampoule à changer ? No problemo.
Les demandes peuvent affluer de façon informelle au détour d’un couloir, c’est humain, mais sont toutes consignées via l’Opera Cloud, ce système de gestion tout-en-un fréquemment utilisé par les hôtels, qui abrite un impressionnant tableau de bord et une partie maintenance. « C’est notre mémoire vive, notre bible du suivi des tâches », image Florian, toujours attentif aux particularités de son cadre de travail. « Le plus sensible, c’est l’intervention en chambre avec des clients, il faut être efficaces et discrets. » Inutile de savoir accueillir une grande actrice, là n’est pas le sujet, « mais ici, peu importe le poste, le savoir-être est un prérequis ».
Florian et Jean-Pierre évoluent justement à l’exact croisement d’univers à la fois complémentaires et bien distincts. « Nous travaillons avec tous les services de l’hôtel, c’est enrichissant. » La réunion mensuelle des chefs de service est un rituel.
Dans son local au sous-sol, le tandem technique s’appuie sur un arsenal d’équipements… et n’hésite pas à fouiller, quand cela est nécessaire, dans l’incroyable collection des vieux plans de l’hôtel, « une vraie mine d’or », pour comprendre l’architecture originelle ou connaitre l’emplacement exact d’une tuyauterie.
C’est pas Versailles ici !
Les entrailles de l’hôtel sont passionnantes. C’est ici que s’activent au quotidien quatre ballons d’eau chaude de 12 000 litres. Florian Ronot a appris à en faire l’entretien de A à Z. L’idée est d’optimiser le budget des interventions extérieures spécialisées, en faisant le choix de se former sérieusement et d’investir dans du matériel. Il faut aussi reconnaitre que certaines technologies comme la climatisation demandent des compétences poussées. Dompter une VMC qui court sur une dizaine de mètres et abrite 18 filtres, cela ne s’improvise pas…
Le service technique assume enfin des prérogatives liées à l’environnement. La fameuse RSE est en ligne de mire. L’hôtel étudie l’arrivée d’un compost pour mieux gérer ses déchets alimentaires. Côté lumières, les leds et détecteurs de présence dans les couloirs sont devenus la normes. C’est pas Versailles ici !
Le magnifique éclairage de la façade, lui, se coupe une heure plus tôt, à 23h, et s’allume grâce à un interrupteur crépusculaire en fonction de la luminosité extérieure. Tout cela, le client ne le voit pas. La nuit, le Grand Hôtel La Cloche brille grâce à toutes ces petites mains cachées derrière les étoiles.