Le Dijon-Beaune Mag nouveau, soixante-deuxième du nom, est arrivé. Il est forcément particulier : son dossier consacre une large place aux Hospices de Beaune et leur nouveau destin, entre deuil et espoir. Une nouvelle fois, la Vente des vins sera chargée d’émotion et lourde de sens.
Edito extrait du Dijon-Beaune Mag nº62
Par Dominique Bruillot
Les faits qui gravitent autour de la Vente des Hospices de Beaune sont souvent à l’échelle de la dimension mondiale de l’événement. L’année dernière, on s’en souvient encore, le (mauvais) hasard du calendrier avait apporté une résonnance particulière à ce rendez-vous festif et solidaire. Le plus sanglant des attentats jamais perpétré en France venait de se produire à Paris et, dans un réflexe à la hauteur de l’émotion vécue, il fut décidé de vendre une pièce de vin au profit des victimes de ce sauvage attentat. Laquelle depassa, et de loin, tous les records des enchères.
Dans ce « il fut décidé », il faut comprendre Alain Suguenot, député-maire de Beaune et président de l’hôpital, puis Antoine Jacquet, son fidèle ami, directeur emblématique des Hospices de Beaune. Loin de nous alors de penser que, moins d’un an plus tard, alors qu’il assumait un voyage de promotion de la Vente des Hospices en Chine, ce dernier allait subitement disparaître. Le destin est d’autant plus cruel qu’il a le culte de l’imprévu.
« Les mondes hospitaliers et vineux ont soudainement pris conscience de ce qu’un homme peut apporter à un système pourtant bien établi et lourd de symboles en 28 années d’action. »
Littéralement assommés par la nouvelle, les mondes hospitaliers et vineux ont soudainement pris conscience de ce qu’un homme peut apporter à un système pourtant bien établi et lourd de symboles en 28 années d’action. Le tout dans un silence quasi monacal, car il n’était pas du genre à faire grand bruit de ses actes.
En quelques mots, la modernisation et la réforme du système hospitalier de la région c’est lui, l’arrivée de Christie’s qui mit un terme à la vente à la bougie c’est lui, le recrutement d’une jeune femme à la tête des Hospices c’est encore lui.
Respectueux des traditions mais pas ennemi des remises en question, Antoine Jacquet laisse derrière lui une construction solide et une vision de l’avenir. La Vente, cette année, aura donc des parfums de deuil et en même temps d’espoir. L’espoir de nouvelles récoltes généreuses, l’espoir de nouvelles générosités au profit de l’œuvre caritative, l’espoir de nouveaux équipements de soins grâce aux envolées des enchères, l’espoir de retrouver au plus vite un dirigeant à la hauteur du défi pour cet établissement atypique qui fait se côtoyer, sans choquer les esprits, la médecine, le vin et le spirituel. Comme une sorte de miracle permanent.
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