Dijon Bourgogne Invest : le combat des talents

Dijon Bourgogne Invest ne se contente pas d’attirer des entreprises sur son territoire. Elle s’active sur la question centrale des RH et de la « marque employeur ». Explications avec son directeur Stéphane Bossavit. 

Stéphane Bossavit dirige Dijon Bourgogne Invest depuis sa création fin 2022, avec une équipe de 8 collaborateurs, sous la présidence de Catherine Petitjean. ©Antoine Martel/DBM

La « marque employeur », dans le cas d’une collectivité, n’est pas qu’un mot magique. Elle peut se résumer à la valorisation des atouts du territoire dans le but d’attirer et de fidéliser des talents, des entreprises, des infrastructures ou des grands événements. 

Dijon Bourgogne Invest est évidemment familière de cette notion clé du marketing territorial. Depuis sa naissance fin 2022, l’agence d’attractivité métropolitaine la travaille au quotidien pour des résultats probants : une quarantaine de projets d’implantations aboutis, représentant plus de 500 emplois à plus ou moins long terme, en particulier dans des filières d’excellence.

Le combat des équipements

Stéphane Bossavit se réjouit d’abord d’agir à l’échelle d’une métropole. À la tête d’une petite équipe agile, le directeur de DBI y voit « l’instrument idéal pour être un véritable levier d’attractivité ». D’autant que les planètes dijonnaises sont de plus en plus alignées : « L’agglomération gagne des habitants, c’est un fait notable, et entretient sa réputation de petite pépite française. » Pour preuve, le dernier baromètre Loyd en fait sa métropole intermédiaire la plus attractive, quand le site Ville de Rêve vient de la classer n°1 parmi les grandes villes les plus agréables en France. 

« La taille et, plus encore, la qualité du bassin d’emploi sont devenues clés pour les investissements d’entreprises, reprend Stéphane Bossavit. Ces dernières vont s’interroger en premier lieu sur la présence de talents et d’un écosystème favorable pour s’implanter et grandir. » Le combat des talents est donc aussi celui des équipements. De ce point de vue, Dijon a fait du chemin. La ville aux 40 000 étudiants « a vu son modèle universitaire complété et enrichi par l’arrivée de grandes écoles spécialisées » : ESTP, Eseo, Galileo, Holberton School et, encore plus récemment, Coda.

L’exemple de cette formation aux métiers de l’informatique et du « green IT », visant 60 étudiants pour sa rentrée 2025, est très révélateur de ces écoles supérieures en quête d’un maillage intelligent, dans des territoires où l’offre doit s’adapter aux besoins des acteurs économiques sur place. Par ailleurs, toujours sur cet aspect de l’équipement, DBI travaille désormais avec le soutien de D3B, nouvelle société d’économie mixte patrimoniale de la métropole et précieux opérateur de l’immobilier d’entreprise. Les voyants sont donc au vert.

Nous sommes Dijon Bourgogne

Encore faut-il être conscient de ses propres armes, ce qui ne coule pas toujours de source. La marque territoriale « Nous sommes Dijon Bourgogne » vient ainsi d’être créée pour rendre cohérents l’image et le discours des trois agences existantes : Dijon Bourgogne Invest, Dijon Bourgogne Tourisme et Congrès, et Dijon Bourgogne Events. « Audace », « épicurisme » et « authenticité » font désormais partie du lexique maison, sur le conseil de spécialistes nationaux du marketing territorial comme Vincent Gollain.

Un « machin » de plus ? « Cette marque nous donne des points de repères, elle définit un récit commun positif et un sentiment d’appartenance, croit plutôt Stéphane Bossavit. Il faut assumer nos traits identitaires marquants, ceux d’une ex-ville moyenne où rien ne semblait dépasser ayant réussi à agréger progressivement tous les grands marqueurs d’une métropole. » 

Implanter des entreprises ou des écoles sur place n’est pas une fin en soi. Il faut ensuite s’intéresser à leur vie. DBI travaille ansi sur les questions endogènes des ressources humaines, du recrutement, de la fidélisation. La prise en charge de la recherche d’un logement via le programme Chouette Move, en lien avec Bourgogne Moility, fait partie de cette boite à outils.

Tout comme la création récente d’un module web Hellowork, lancé en mars 2025, qui permet de valoriser les offres d’emploi locales et de faciliter l’accès des talents aux opportunités  proposées par les entreprises dijonnaises. Un vrai travail de fourmi, tout comme ces webinars menés de front avec l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) destinés aux jeunes souhaitant s’implanter à Dijon.

L’argument écologique

Dans cette quête des talents, la nouvelle génération est un objet d’étude intéressant. Elle qui revendique son équilibre entre vie pro et vie perso  sera d’autant plus sensible « à une marque employeur qui se confond avec l’image d’un territoire vertueux, engagé dans la transition écologique et la qualité de vie ». Localement, ce facteur différenciant a bien été intégré par de belles entreprises comme Urgo, qui a fait le choix d’installer sa branche healthcare au sein du futur Centre Dauphine, confirmant la tendance « depuis un ou deux ans, d’un certain retour au centre-ville pour les bureaux d’entreprise ». 

DBI suit de près ces tendances. L’agence a lancé ses soirées annuelles Welcome to Dijon, pour accueillir les nouveaux collaborateurs d’entreprises accompagnées et « valoriser la dimension qualité de vie ». Observation notable : tous les néo-Dijonnais se disent volontiers heureux de leur choix, conquis par la découverte de la ville.

Lui-même arrivé de Lille, après un riche parcours qui l’a fait cheminer du Portugal à l’Angleterre, Stéphane Bossavit regarde les choses avec deux ans de recul : « La ville a un côté « bonne surprise ». Il y a un véritable effet transformateur de découvrir Dijon de visu, les investisseurs nous le font remarquer », glisse le directeur, prenant à témoin Jean-Philippe Girard, ancien président de DBI et fondateur d’Eurogerm, qui conviait toujours ses interlocuteurs la veille au soir. En matière d’attractivité, tout n’est donc pas gravé dans le marbre. Le combat des talents est aussi une affaire d’émotion.

Savoir se présenter au monde

Ce ressenti peut être amorcé de salon en salon. D’où l’intérêt de voyager et de se présenter au monde. « Nous avons réalisé une petite percée, notre discours méta de Dijon Bourgogne crée une atmosphère positive », estime Stéphane Bossavit, dont l’agence a coché plusieurs incontournables dans le calendrier 2025 : le Mipim de Cannes dédié à l’immo d’entreprise et le congrès France Bioproduction à Tours en mars ; l’Imex de Francfort, rendez-vous incontournable du tourisme d’affaires en mai ; Vivatech et ses startups du numérique en juin, avec entretemps « un séminaire d’investisseurs que nous organiserons en Suisse ».

À l’étranger justement, deux marchés de moyen terme se dégagent : les États-Unis, déjà en soi le premier pays investisseur en nombre d’entreprises filiales à Dijon après l’Allemagne ; et le Japon, dont les liens avec notre territoire sont déjà remarquables, à l’image de l’installation du fabricant de fauteuils Whill, du jumelage actif de Dijon avec la ville de  Kumamoto, ou du pôle de compétitivité Vitagora, qui travaille autour des ferments avec nos amis japonais. L’attractivité demande donc de voir loin et d’agir au plus près. Attirer un talent, c’est une course de fond, avec quelques sprints au bon moment !