Dijon, centre de la planète hydrogène pour trois jours

Les 11e « Journées Hydrogène dans les territoires » se tiennent à Dijon du 25 au 27 juin. Elles rassemblent 70 exposants, 800 participants composant les forces vives du monde de l’hydrogène. DijonBeaune.fr y était.

Au parc des Expositions, les Journées Hydrogènes ont accueilli 70 exposants pour 800 participants professionnels. © Arnaud Morel/DijonBeaune.fr

Le parc des Expositions et Congrès de Dijon accueille le gratin national, et en partie international, du monde de l’hydrogène du 25 au 27 juin. À l’initiative de France Hydrogène, les 11e Journées de l’hydrogène posent leurs valises dans la capitale régionale. 70 exposants, en provenance des principales entreprises du secteur, exposent leur savoir-faire aux 800 participants professionnels attendus, qui peuvent également assister à 4 assemblées débats regroupant près de 80 interventions.

« La métropole de Dijon déploie une stratégie ambitieuse et fait naître un écosystème complet autour de l’hydrogène. C’est donc très logique que nous organisions cette manifestation, qui vise à faire se rencontrer les collectivités locales et les industriels de l’hydrogène, ici », estime Stéphanie Paysant, de France Hydrogène.

Métropole et Région s’entendent sur le sujet

Dijon Métropole a inauguré, le 24 juin dernier, la première des deux stations de production et de distribution d’hydrogène. Le gaz, vecteur énergétique, est obtenu par hydrolyse de l’eau. L’électricité nécessaire à la réaction proviendra, à terme, de l’usine d’incinération des ordures ménagères voisine. La région Bourgogne-Franche-Comté mise elle aussi fortement sur cette énergie prometteuse, mais coûteuse. Une première giga factory de fabrication d’hydroliseurs vient d’ouvrir à Belfort.

« Nous débutons la production de série début juillet. Nous monterons en suite en puissance pendant deux ans, avant d’atteindre notre production de croisière. Aujourd’hui, nous sommes 25 dans l’usine, nous serons 450 à l’horizon 2030 », détaille Pierre Lombard, directeur commercial de l’entreprise grenobloise McPhy, exposant aux 11e Journées de l’hydrogène.

Le paradoxe de l’hydrogène

Tout n’est pas rose pour autant dans le monde de l’hydrogène vert. Les seuls programmes existants sont encore à leurs balbutiements, comme à Dijon, où les 430 kg d’hydrogène produits chaque jour sur le site de Dijon nord n’alimentent pour l’heure que deux bennes à ordures ménagères. Les bus sont aux abonnés absents après la faillite du constructeur belge Van Hool. C’est la situation paradoxale de cette énergie naissante, tout juste assez produite pour alimenter des véhicules et appareils pas encore industrialisés.

Rencontré dans les allées du salon, Stéphane Majka, directeur du développement hydrogène chez Stellantis Pro One, la branche du constructeur automobile dédiée aux véhicules utilitaires, résume la problématique : « Nous avons lancé notre premier véhicule utilitaire sur le marché en 2022. Il coûtait 130 000 euros. Nous en avons vendu 300. Maintenant, nous lançons la seconde génération, 45 % moins chère, mais nous ne pouvons prospecter que les rares marchés où existent des points de distribution de l’hydrogène pour nos véhicules. »

Un marché encore « peu mature »

L’américain Sundyne, qui fournit les marchés européens, moyen-orientaux et asiatiques depuis son usine de Longvic où travaillent 200 personnes, témoigne lui aussi d’un engouement teinté de scepticisme. « Nous fabriquons des dispositifs de compression et de distribution des fluides et des gaz, destinés à des applications industrielles. Nous développons une gamme hydrogène, notamment un compresseur qui permet de stocker l’hydrogène à une pression de 1 000 bars. Mais c’est plus pour accompagner nos clients que destiné aux gros volumes. Le marché de l’hydrogène est encore peu mature », commente Grégrory Junot, responsable de la ligne de produits hydrogène chez Sundyne.

Son voisin à Longvic, Suntec, spécialiste des pompes à engrenages, regrette lui aussi la faible disponibilité de l’hydrogène vert pour le moment. Il croit cependant très fort à sa dernière innovation : un mélangeur qui peut ajouter de 40 à 60% d’hydrogène au gaz naturel brulé dans une chaudière. À la clé : une économie de gaz et une baisse de 31% des émissions de Co2. À condition que l’hydrogène soit disponible…