Après deux ans d’attente, Dijon Métropole ouvre sa première station de production et de distribution d’hydrogène vert, marquant une étape importante dans son ambitieux projet de mobilité décarbonée.
Ce lundi 24 juin, Dijon a ouvert les portes de sa première station d’hydrogène vert, située sur une parcelle de 9 000 m² près de l’usine d’incinération des ordures ménagères et du quartier Valmy. Cette installation, fonctionnant par électrolyse de l’eau, est capable de produire environ 430 kg d’hydrogène par jour, suffisamment pour alimenter quotidiennement une vingtaine de véhicules lourds. Une deuxième station, prévue pour 2026 près des ateliers tram-bus André-Gervais, de l’autre côté de la ville, produira 1 tonne d’hydrogène quotidiennement.
Pour mener à bien ce projet, Dijon Métropole a créé une co-entreprise, Dijon Métropole Smart EnergHy (DSME), en partenariat avec Engie Solutions Hydrogène, IntHy et Ademe Investissements. Elle porte les investissements de l’infrastructure et se rémunère en fournissant l’hydrogène vert aux véhicules. La question des débouchés pour cet hydrogène reste cependant cruciale, d’autant plus que les premières bennes à ordures hydrogène, seules utilisatrices actuelles, ne consommeront qu’une fraction de la production quotidienne de 430 kg d’hydrogène.
Une aide exceptionnelle de l’Europe
Ces deux stations représentent un investissement de 30 millions d’euros, inclus dans un programme global de 100 millions d’euros, qui comprend également l’achat de 55 à 60 bus et 22 bennes à ordures ménagères fonctionnant à l’hydrogène. « Dès 2035, nous éviterons annuellement le rejet de 4 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent de plus de 18 millions de km parcourus en voiture thermique », a déclaré François Rebsamen, maire de Dijon et président de la Métropole.
Le projet bénéficie de 24 millions d’euros de subventions de l’ADEME, de la Région Bourgogne-Franche-Comté et de l’Union européenne, ainsi que d’un prêt de 11 millions d’euros de la Banque des Territoires. « Il aurait été impossible pour les collectivités territoriales seules de porter un tel projet sans l’aide exceptionnelle de l’Europe », a ajouté Marie-Guite Dufay, présidente de Région.
Le chemin n’a pas été facile. La mise en service de la première station a été retardée de deux ans en raison de problèmes techniques. « Les électrolyseurs ne sont pas encore industrialisés, et nous avons attendu longtemps le nôtre, fabriqué par McPhy, à cause de problèmes de corrosion », a expliqué François Rebsamen. En outre, la faillite du fabricant belge Van Hool, en avril dernier, a retardé la livraison des bus hydrogène. « Notre commande n’a pas été honorée. Nous lançons un nouvel appel d’offres, mais cela entraînera un décalage dans la mise en service de ces bus », a-t-il précisé.
Deux bennes à ordures en service, bientôt quatre
Le chiffrage élevé des véhicules et de l’hydrogène vert pose également des défis. Les véhicules à hydrogène coûtent environ trois fois plus cher que leurs équivalents thermiques. Par exemple, une benne à ordures hydrogène coûte 825 000 euros à l’achat, contre 350 000 euros pour une version thermique. De plus, l’hydrogène vert est près de quatre fois plus cher que l’hydrogène gris, produit par vaporeformage (ou reformage à la vapeur) du gaz naturel. Cependant, Dijon vise à créer un véritable circuit court pour l’hydrogène, en utilisant de l’électricité locale pour l’électrolyse et en alimentant les véhicules lourds de la métropole avec l’hydrogène produit.
En attendant l’arrivée des bus à hydrogène, les deux bennes à ordures actuellement en service, auxquelles s’ajouteront deux autres d’ici la fin de l’année 2024, marquent les premiers pas de Dijon dans l’ère de l’hydrogène vert.
Dijon accueille en ce moment les Journées Hydrogène dans les territoires (JH2T), du 24 au 27 juin. Cet événement national réunit plus de 800 participants (élus, industriels, services des collectivités, acteurs de recherche et de l’innovation, territoires).