Au MIPIM de Cannes, le Grand Dijon a levé le voile sur son ambitieux chantier de métropole intelligente. Pas loin de 150 millions d’euros vont être investis dans ce vaste projet qui, numérique aidant, changera le quotidien des habitants tout en propulsant l’agglomération, c’est promis, au rang de « smart city » de référence mondiale.
Par Dominique Bruillot – Photos : Jonas Jacquel
Envoyés spéciaux à Cannes
Cela valait bien un voyage à Cannes. Même si ce qui constitue l’un des plus gros défis de Dijon pour les années à venir ne se voit pas, ne se sent pas, ne se palpe pas, car il est virtuel dans toute l’acception du terme. C’est donc dans le cadre du MIPIM, l’un des grands rendez-vous mondiaux de l’immobilier, entre les propositions de Dubaï et de Londres, de l’Asie et des Etats-Unis, que la toute nouvelle métropole est allée vendre – là aussi le mot est pesé – ce qui pourra constituer une véritable révolution dans la gestion des agglomérations : la naissance d’une « métropole intelligente ».
150 millions d’euros d’investissement
Parlons peu, parlons chiffres. 140 à 150 millions d’euros. « C’est, avec la Cité de la Gastronomie et des Vins (ndlr: autre projet largement présenté au MIPIM), le deuxième grand dossier des années à venir » confirme Philippe Berthaut, le discret mais omniprésent « DGS » (Directeur Général des Services) de Dijon et du Grand Dijon. Ce projet, si on le résume de manière lapidaire, consistera à faire de la nouvelle entité urbaine et ses 254 387 habitants un immense et seul réseau connecté qui aura le mérite de faciliter le quotidien de chacun, renforcer les systèmes de sécurité, améliorer la gestion des énergies et de la circulation… Soit, au bout du chemin numérique aussi largement emprunté, faire de grosses économies.
En la matière, l’élu en charge du dossier s’appelle Denis Hameau. Il est celui qui porte avec une certaine hauteur et empathie cette mutation en profondeur qui se veut référence mondiale. D’autres métropoles ont en effet développé des approches numériques dans des domaines spécifiques mais aucune, à ce jour, n’a réellement fait le pari d’une transformation transversale appelée, à terme, à révolutionner le quotidien des administrés.
Que la lumière soit
Tout commence par la lumière. On dénombre pas moins de 37 000 poteaux d’éclairage dans l’agglomération. « C’est un réseau extraordinaire qui, une fois connecté, nous permettra de gérer au mieux la dépense d’énergie et de poser les bases d’une vision globale du territoire, 30% de notre chantier », résume Denis Hameau. En clair, l’expression est ici judicieusement choisie, on pourra, depuis le fameux poste de commandement qu’on nous promet en 2018, gérer automatiquement les besoins de lumière, avec des leds, au gré du passage des véhicules ou des gens. « Un humain a besoin d’y voir clair, pas un chat », plaisante le nouveau monsieur numérique du Grand Dijon qui voit, dans cette sorte de « start and stop » de l’éclairage, le point de départ de bien d’autres chantiers impactants pour le citoyen lambda.
Comme, par exemple, la sécurité. En se constituant « métropole », Dijon ne fait pas que s’offrir une place dans le cercle des grandes agglomérations françaises, elle entérine la création d’un territoire compact qui aura démarré naturellement sur le terreau économique traditionnel. Ce bassin, du point de vue de la surveillance et des systèmes de secours, est géré en fonction de la parcellisation qui le caractérisait jusqu’alors. Soit en six endroits différents.
Désormais, la donne ne sera plus la même, on pourra, en un seul lieu, superviser et coordonner les interventions depuis… le fameux poste de commandement. Du big brother à la sauce bienveillante.
Bienvenue dans l’espace connecté
« Ce dossier concerne tout ce qui est réseau ou trafic, du dessous comme du dessus », s’enthousiasme Denis Hameau. « Beaucoup en parlent, nous on va le faire », appuie Philippe Berthaut, « d’ailleurs, il n’y a pas de gestion de ce type dans le monde ». De quoi sous-entendre, pour la capitale burgundo-comtoise, un destin de territoire laboratoire qui fera référence à l’échelle planétaire.
Les conditions de réalisation de cet ambitieux chantier ont été créées. Les contrats de prestation directement concernés par les secteurs visés, la sécurité notamment, ont été harmonisés dans leur terme. Désormais, l’appel à projets fait foi et il n’a rien de virtuel. Le « développement économique par le numérique et de protection des données personnelles » est en route. Ce « nouvel écosystème numérique », tout en étant invisible, ne manquera pas d’occuper les esprits jusqu’à 2018. « Depuis son smartphone, on pourra ensuite signaler un problème sur la voie publique, gérer des démarches administratives ou encore optimiser ses déplacements », assure-t-on du côté du Grand Dijon. Bienvenue dans l’espace public connecté.