Emporté par la maladie à l’âge de 57 ans, Laurent Poisneuf laisse une trace particulière de son passage sur une terre qu’il voyait militante, engagée et festive. Le chantre de l’imprimerie coopérative ICO méritait un hommage à la hauteur de ce qu’il était. Le voilà livré en toute discrétion et avec beaucoup de sensibilité par un de ses proches. « Lolo » sera accompagné une dernière fois ce jeudi au Crématorium de Dijon.
« Poète, vos papiers », scandait Ferré. De papiers, en effet, on en a besoin quand on veut faire bonne impression. Sauf que loin de l’esprit mondain ou requin de celui qui voudrait faire du business avec tout le monde, Laurent Poisneuf, dit Poi-Poi, dit Lolo, est un fier poète-imprimeur, qui s’est éteint comme des couleurs s’éteignent avec le temps, mais à l’âge injuste de 57 ans.
Jeunesse sportive (athlétisme, basket) et facétieuse entre Chalon-sur-Saône et la Bretagne, études d’économie à Dijon, premières piges au Courrier de Saône et Loire. Il n’a pas 30 ans quand il se pose comme la cheville, évidemment ouvrière, de l’historique Imprimerie Coopérative Ouvrière de Dijon – ICO, la COOP quoi, dont il deviendra le PDG discret (ok, pas toujours), estimé jusqu’à la fédération nationale des SCOP et reconnu tel un couteau suisse pour ses multiples savoir-faire. Lolo, c’est l’homme des solutions, dans cet univers si particulier de la « com » et du « print » qui fait qu’un dossier est déjà en retard au moment où il arrive pour la première fois sur le bureau.
ICO c’était sa vie, son énergie, son sacerdoce, son talent, et il n’a jamais compté ses heures pour tirer d’affaire surtout le plus modeste de ses clients, avec cette magie d’effacer par le travail les traces du travail, puisqu’avec lui tout semblait facile et enthousiasmant. Faire-part de naissance, journaux associatifs, pochettes de disques, plaquettes d’entreprises, feuilles de route des collectivités locales, bulletins de vote de nombre de candidats en campagne… cet homme de caractère a imprimé tout Dijon.
Et quand Poi-Poi n’imprimait pas, il impressionnait. Par la force de ses convictions, puisées dans les révolutions sociétales du mag « Alter Eco » et nourries de l’humeur et l’humour immortels de Charlie Hebdo, avec qui il aimait collaborer et débattre.
Par sa pêche légendaire et communicative les soirs de bamboche, mélanges d’esprit baloche et de gros son rock avec une affection particulière, à l’heure où le carrosse se transforme en citrouille, pour la guitare et le glam de Bowie.
Par sa foi de bénévole passionné de voile (membre actif et administrateur du club de Panthier), de basket (joueur puis arbitre à Dadolle pendant 25 ans) mais aussi, avec quelques compères, au service de missions solidaires (l’opération Parada pour l’accueil de jeunes Roumains) ou d’autres causes plus foutraques mais tout aussi nécessaires (le « Festiculles », improbable festival de Culles-les-Roches…).
Enfin, Lolo impressionnait et (nous) touchait par sa disponibilité à se soucier des autres quand ils étaient dans le besoin, tel un altruiste à l’état pur, qui, dans les pas de l’inventeur du solidarisme Léon Bourgeois, « pensait aux autres davantage qu’à un autre lui-même ».
Adepte de la langue de Brassens versus la langue de bois, il a dans les derniers instants des derniers jours fait passer un message : « Vous me manquez, les copains »… Lolo, on t’aime, c’est toi qui nous manques.
Un hommage, ouvert à tous, te sera rendu, ce jeudi 8 décembre 2022 à 11h15, au crématorium de Mirande, dans une salle qu’on sait déjà trop étroite au vu des témoignages si humains qui te sont d’ores et déjà rendus.