L’étonnant village conservatoire de L’Étang rouge est une curiosité pour les visiteurs et un espace de préservation pour l’habitat ancien. Y aller, c’est remonter le temps tout en réfléchissant à son avenir. À une certaine époque, le circuit court était une nécessité, pas un fantasme.
Jean-Louis Rousselet se passionne pour son territoire, l’ancien et la mémoire populaire. Retraité, il est aussi le vice-président de l’Office de tourisme Rives de Saône. Il n’y a donc pas meilleur guide pour le site de L’Étang rouge créé par Georges Bertheau, qui a voulu reconstruire, à quelques pas du centre-ville, un village représentatif du bâti traditionnel du Val de Saône. Et cela demeure une curiosité pleine d’enseignements pour le visiteur.
« Il y a encore quelques maisons typiques dans les villages, à Labergement-lès-Seurre par exemple, témoigne Jean-Louis Rousselet, mais elles sont vouées à disparaître, car leur mode de construction, majoritairement en torchis et en bois, les rend vulnérables. » De ce constat est né la volonté de créer un espace où les conserver pour les générations à venir. Pour les préserver, il a d’abord fallu les démonter, « les photographier, les numéroter brique après brique, poutre après poutre ».
La plus ancienne, c’est la Maison Piot, du nom de son propriétaire. Elle date de 1660, l’époque de la construction de Versailles. Ici, la brique est majoritaire. Faire venir de la pierre de Nuits-Saint-Georges coûtait beaucoup trop cher. « Cette maison vient d’un quartier de Seurre, elle est composée de deux pièces en rez-de-chaussée, poursuit Jean-Louis Rousselet, imaginez que dans ces 56 m2 vivaient au XVIIIe siècle deux familles de manouvriers, soit une vingtaine de personnes en tout ! » L’écomusée rassemble aujourd’hui une dizaine de bâtiments remontés à l’identique, qui vont de la cabane du cantonnier à la soue à cochon.
Pommes, vignes et houblon à l’Étang rouge
À côté du bâti, il y a aussi un verger conservatoire de 200 variétés de pommes, et une vigne où se côtoient oberlin, bertille, ravat, gaillard… autant de cépages anciens. « Jusque dans les années 70, tous les paysans avaient leur vigne. Aujourd’hui, il n’y en a plus aucune sur le territoire. »
Tout comme il n’y a plus de houblon non plus, hormis ici à L’Étang rouge. « C’est un plant sauvage qui nous rappelle un pan de l’histoire encore une fois. Après la guerre de 1870, après la perte de l’Alsace et la Lorraine, la France a dû faire face à une pénurie de houblon, il a donc fallu relancer les cultures dans les régions pour continuer à produire de la bière. Sur Seurre, il y a eu jusqu’à 35 hectares de cultivés. »
Propriété de la commune de Seurre, L’Étang rouge est géré par la communauté de communes Rives de Saône. Trois associations œuvrent sur place, dont un chantier d’insertion en charge de son entretien. Toute l’année, le site s’anime d’ateliers et de visites commentées, aussi bien à destination des familles que des enfants des écoles du secteur, « parce qu’il est essentiel de transmettre ».
J’ai mené l’enquête
Nouveauté 2020, voici l’Enquête Game ou comment découvrir L’Étang rouge de manière ludique. Une mallette digne d’un James Bond vous accompagne pour résoudre une enquête policière. Le pitch : un tableau a disparu et vous devez passer de maison en maison pour tenter de le retrouver. Au passage, L’Étang rouge se dévoile en même temps que l’histoire du Val de Saône. Des questions, des cartes, des instruments de mesure, des codes secrets… tout y passe. L’enquête se termine à la capitainerie du port de Seurre, où les enquêteurs en herbe pourront trouver la réponse et recevoir un petit cadeau. La boite se loue 5 euros à l’office de tourisme, elle a été imaginée pour créer une interaction entre les membres de la famille, comme un pont entre petits et grands, passé et futur. > Plus d’infos sur saone-tourisme.fr