Avec sa Route 71, la Saône-et-Loire a bénéficié d’un coup de pouce inespéré. S’appuyant sur un plan Marshall touristique de 25 millions d’euros, la vice-présidente Elisabeth Roblot n’a jamais autant sillonné son département pour convertir ses ambassadeurs. 2 500 établissements sont ainsi susceptibles d’accrocher leur plaque distinctive Route 71.
2019 en Bourgogne du sud. La Route 71 déroule ses belles promesses. Le Département de la Saône-et-Loire place l’œnotourisme au cœur de sa politique touristique. Ce nouveau concept sacralise la naissance d’une signature et s’appuie sur la géolocalisation, donc la numérisation. Vins, œnologie et vignobles sont dans le viseur d’une stratégie offensive posée par Elisabeth Roblot et ses collègues conseillers départementaux. Le patrimoine roman et tout ce qui peut bénéficier de cette formidable locomotive sont embarqués dans une prometteuse aventure communicante.
La collectivité n’y est pas allée avec le dos de la cuillère. Quelque 800 000 euros ont été programmés pour le projet, principalement organisé autour des 156 communes viticoles du 71, mais pas que. Cela passe par la création d’une application dédiée, ainsi que la mise en place d’un réseau de bornes digitales interactives. 2020 a donc démarré dans la ligne de ces opérations. Jusqu’au jour où…
Sur la Route 71, un vrai plan de guerre
Jusqu’au jour où le confinement est arrivé. « André Accary (ndlr, président du Département) m’a posé la question : ‘‘On y va fort ou pas ?’’ » Pour la vice-présidente en charge du tourisme et de l’attractivité du territoire, la réponse était déjà dans la question. La base Décibelles data installée par la Région Bourgogne-Franche-Comté, révèle que la Route 71, prise dans sa globalité, concerne près de 2 500 points. Des professionnels de l’hébergement et de la restauration, du vin, et tous les acteurs qui assurent l’animation du territoire. Le tsunami subi par ce pan économique vital de la Saône-et-Loire devait avoir une réponse à la hauteur de ses effets dévastateurs.
C’est donc un véritable plan de guerre contre le coronavirus qui est mené à l’échelle d’un département dont la taille est légèrement supérieure à son voisin le 21, avec plus de 550 000 habitants. Un département foisonnant de richesses, qui ne laisse pas d’espace libre à l’ennui. Au nord, aux prémices des rondeurs morvandelles, il est avec Autun le témoin de la grandeur gallo-romaine. Au sud, avec Cluny et le Mâconnais, il est le berceau du vin et de l’art roman. À l’ouest, il est le gardien de la Loire. À l’est, c’est sous les lumières de la Bresse qu’on élève les plus fameux poulets au monde. Bref, vert ou gourmand, le tourisme s’y exprime absolument partout.
« La Saône-et-Loire a été gérée en bon père de famille, ce qui nous a donné les moyens de notre réponse. » Une réponse qui, pour appuyer les propos d’Elisabeth Roblot, pose les bases d’un plan pour sa Route 71, à hauteur de 25 millions d’euros, dont 12 pour les entreprises qui ne sont pas directement liées au tourisme mais qui contribuent à l’attractivité du territoire. Une paille. L’assemblée départementale n’ayant pas de compétences dans le domaine économique, ce plan d’action a donc été traduit notamment par des aides à l’exploitation face au virus et à la communication.
Vous en faire voir…
Pour la restauration traditionnelle et l’hébergement touristique par exemple, 8 millions ont été débloqués. En devenant officiellement ambassadeur de la Route 71, chaque café ou restaurant candidat reçoit 3 000 euros. Pour les hôtels et campings, c’est 5 000 par adresse (plus 100 par chambre ou 50 par emplacement). Chambres d’hôtes et gites perçoivent entre 1 500 et 3 000 selon leurs statuts. Un pool d’une quinzaine de prestataires touristiques majeurs (Touroparc, Divertiparc, les Thermes de Bourbon, Hameau Dubœuf, Parc des Combes…) a aussi été identifié pour bénéficier de soutiens à la signalétique, de kits sanitaires et d’une acquisition massive de pass distribués dans les zones touristiques alentours… comme la Côte-d’Or.
En cet été si particulier, la vice-présidente a donc décidé de sillonner sa grande paroisse touristique pour prêcher la bonne parole de la Route 71. « À quelque chose malheur est bon », dit le proverbe. Il y a fort à parier que la nouvelle signature touristique mise en place l’année dernière par la Saône-et-Loire, incarnée par ses petites plaques qu’on appose fièrement sur la façade de l’établissement, soit visible comme jamais on aurait osé l’imaginer avant la Covid. Une action locale qui s’appuie sur une distribution efficace des pass et une campagne de publicité nationale, déclenchée dès la fin du mois de juin, annonçant fièrement la couleur : « La Saône-et-Loire vous en fait voir. » Elisabeth Roblot en a sans doute jamais autant vu elle-même que durant cette drôle de période.