Le communiqué de presse tombe pile-poil, alors que Dim vient d’annoncer la suppression de 165 postes à Autun. A une vingtaine de kilomètres de là, dans la commune de Poil, deux gars du cru ont créé une marque textile, spécialisée dans les caleçons et pyjamas, « mieux que du Made in France » puisque « fabriqué dans le coin par des gens du coin »: Au Poil. Pour rendre au village « son titre de capitale du caleçon ».
« Tout a commencé à Poil. » Un village de quelque 160 paires de fesses, entre Nièvre et Saône-et-Loire. Là où Audoin, qui y réside, et son ami Laurent, de Luzy, « se retrouvent en caleçon tous les étés depuis leur plus jeune âge« . « On pêchait la carpe, on effrayait les charolaises dans les champs« , se souvient Audoin. De fil en aiguille, le « délire de potes » va devenir une ligne de vêtements. « Parce que si Rémi Gaillard en profite, il n’y a pas de raison que les gens du coin n’en profitent pas.«
Sûr qu’avec un nom comme ça… L’humoriste montpelliérain s’était déguisé en tube de mousse à raser pour se promener dans le village et asperger les habitants [voir la vidéo] ; on se rappelle aussi Doria Tillier, de Canal +, qui avait parié qu’elle présenterait la météo « à Poil » (pari tenu, et en col roulé SVP!)… Audoin et Laurent adopteront le même ton de communication « audacieuse et décalée« , « culottée » même. Il y a quelques mois, ils lancent la marque Au Poil avec « une petite production test« , puis photographient leurs caleçons en compagnie de Dominique de Villepin, Michel Denisot ou encore Benoît Poelvoorde, qui en improvisera même un sketch (à voir en fin d’article). Les médias aiment, la sauce prend.
Pas question de fabriquer à l’étranger : « Il existe de vraies compétences dans la région, un savoir-faire particulier, très qualitatif : ce n’est pas un hasard si Dim est venu s’implanter à Autun. On a trouvé un atelier près de Montceau-les-Mines où travaillent 12 couturières, et lancé la production en septembre dernier [voir la vidéo]. » La coupe des vêtements est étudiée « pour qu’ils soient agréables à porter« , le tarif (25 euros le caleçon) n’a rien de mirobolant, et la boutique en ligne « fonctionne bien, très bien« , à tel point qu’on pourrait retrouver Au Poil dans une quinzaine de magasins d’ici peu. « Mais le but premier est de donner du sens, pas de faire de l’argent. Sinon on délocaliserait la production, comme tout le monde.«
Toujours à rebrousse-poil, la petite entreprise « compte bien renverser les principes du monde du sous-vêtement et se diversifier », et annonce une surprise de saison dès cet été. Pour se baigner à Poil? Vivement l’hiver: on rêve de chaussettes Au Poil laineux.