Depuis 2021, la ferme de Bel-Air à Channay, en Haute Côte-d’Or, est le terrain d’une expérimentation agrivoltaïque. Des panneaux solaires ont été installés sur une exploitation pour combiner rendement agricole et production d’énergie. Trois ans plus tard, les résultats sont encourageants.
Après deux moissons et à l’aube de la troisième, il est l’heure de refaire un bilan de l’installation du démonstrateur agrivoltaïque à Channay. En 2021, quatorze rangées de panneaux photovoltaïques bifaciaux ont été installées sur une parcelle de quatre hectares de la ferme de Bel-Air. L’objectif de cette expérimentation, menée sur cinq ans, est de combiner transition agricole et énergétique afin de faire face au dérèglement climatique. Pour alimenter l’expertise, une zone annexe utilisée comme zone témoin sans panneau est installée à côté du démonstrateur.
C’est quoi l’agrivoltaïsme ?
Une installation photovoltaïque est dite « agrivoltaïque » lorsqu’elle est située sur la même parcelle qu’une production agricole, en lui apportant directement l’un des services suivant :
👉 Adaptation au changement climatique
👉 Accès à une protection contre les aléas météorologiques
👉 Amélioration du bien-être animal
👉 Agronomie pour les besoins des cultures
L’installation agrivoltaïque ne doit ni dégrader la production agricole, ni diminuer les revenus issus de celle-ci.
Source : agrivoltaisme.fr
« Les panneaux auraient un effet bénéfique sur les cultures »
Jeudi 25 avril, les différents partenaires du projet ainsi que les exploitants ont fait le point sur les derniers résultats obtenus. « Pour le moment, on arrive à produire un peu plus », rapporte Jean-Philippe Delacre, agriculteur de la ferme du Bel-Air. C’est le cas notamment pour la culture de lentilles qui est proche de 1,7 tonne dans la zone du démonstrateur et de 1,2 tonne dans la zone témoin. « Les panneaux solaires, c’est notre assurance récolte », ajoute l’agriculteur.
En plus de faire chuter les températures en créant des ombrages, les installations ont également un effet pare-vent réduisant ainsi le stress hydrique pour améliorer le rendement (voir encadré en fin d’article). « Les panneaux auraient un effet bénéfique sur les cultures mais après seulement deux moissons il est difficile de tirer des conclusions sur le long terme », précise l’exploitant de la parcelle. Quant à la production d’énergie, elle s’effectue le matin et le soir. « Ce sont les périodes où les ménages consomment le plus », précise Sylvain Maës, responsable de l’agence Total Energies renouvelables en Bourgogne-Franche-Comté.
S’adapter au dérèglement climatique pour pérenniser le métier
Depuis quelques années, les périodes de sécheresse sont de plus en plus en marquées et les agriculteurs sont démunis. « Aujourd’hui, les précipitations sont aléatoires, il pleut beaucoup d’un coup ou peu pendant un certain temps », explique Jean-Philippe Delacre qui a vu ses rendements diminuer au fil des années à cause des aléas climatiques. Ces conditions rendent les agriculteurs vulnérables et n’encouragent pas les vocations. « L’agriculture doit faire face à un renouvellement de paysans important et on n’attirera pas des jeunes sans revenu », a ainsi expliqué Marc Frot.
Le vice-président du conseil départemental en charge de l’agriculture et du développement durable en a profité pour rappeler que deux agriculteurs sur trois ne sont pas remplacés lorsqu’ils partent à la retraite. « Pour nous, l’agrivoltaïsme est une manière de sécuriser le revenu agricole », ajoute Marc Frot.
Un projet similaire devrait voir le jour d’ici trois à quatre ans dans le même secteur. Cette fois-ci, une centaine d’hectares serait concernée, à cheval entre les communes de Channay et Nicey, regroupant plusieurs agriculteurs.
Le démonstrateur agrivoltaïque à Channay en chiffres
👉 L’effet brise-vent est estimé entre 20% et 50% selon Jean-Philippe Delacre
👉 -2,56°C constatés du 1er mai au 30 juin 2022 à 15h
👉 616 panneaux photovoltaïques installés sur la parcelle
👉 L’installation peut produire une puissance maximum de 237 kWc