Dijon Métropole tenait la première des trois réunions publiques consacrées à ses nouveaux projets. L’occasion d’aborder de nombreux sujets d’avenir, parfois polémiques. Extension du tram, urbanisme, bétonisation ou protection sociale… DijonBeaune.fr y était.
La prestigieuse salle des États était comble, ce jeudi 1er décembre au soir pour la première des trois réunions publiques consacrées au projet métropolitain dijonnais pour la période 2022-2030. Partie émergée de l’iceberg démocratique, cette réunion fait suite au rapport du « Codev », le conseil de développement, qui rassemble 150 habitants de la métropole, désignés ou tirés au sort. C’est autour de la principale réalisation de la métropole, le tramway et l’éventuelle extension de son tracé, que se sont concentrés les débats.
Étendre le tram ? Les études sont lancées
« Notre tram est l’un des meilleurs de France. Pour mémoire, un kilomètre de voies supplémentaire coûte autour de 20 millions d’euros. Nous avons construit les 20 km des deux lignes actuelles pour 400 millions d’euros, c’est remarquablement moins que d’autres métropoles », a commencé le maire de Dijon et président de la métropole, François Rebsamen.
Pour le dixième anniversaire de cette grande réalisation, qui transporte 100 000 habitants quotidiennement, Dijon Métropole a décidé de considérer l’éventuelle extension des lignes existantes. « Nous réfléchissons à étendre la ligne T2 au sud, sur l’avenue Roland Carraz, peut être jusqu’à la zone d’activité où se trouvent Urgo et Adhex Pharma, qui se développent fortement. À l’est, il faut déterminer si nous privilégions la desserte des entreprises, ou celle des zones d’habitation, ou les deux. Est-ce que nous prolongeons jusqu’à Chevigny, ou mettons-nous en place un bus en site propre ? Nous avons lancé une étude, très longue, et très coûteuse, qui nous permettra de le dire », poursuit l’édile.
En réponse à une question de la salle, il écarte la desserte par le tram du quartier de la Fontaine d’Ouche, qui nécessiterait de créer une ligne supplémentaire. « La topologie du quartier fait que le bus me semble plus adapté, car il peut desservir plus d’arrêts qu’un tram », explique le maire.
Les études lancées vont durer de deux à trois ans. Le projet d’extension du tramway sera alors proposé au Conseil métropolitain, à la fin de la mandature actuelle. « La nouvelle équipe d’élus qui arrivera n’aura plus qu’à appuyer sur un bouton pour lancer le chantier », résume François Rebsamen.
Dijon Métropole, belle inconnue
La métropole dijonnaise compte 23 communes et regroupe 260 000 habitants. Elle est en charge de compétences importantes, y compris désormais sociales, mais demeure méconnue des Dijonnais. Un micro-trottoir assez désopilant s’est chargé d’en faire la démonstration. « La métropole est un levier énorme. Sans elle, pas de tramway, pas de Zenith, pas de piscine olympique, pas d’école d’ingénieurs, pas d’urbanisme coordonné, pas de projet écologique… Mais c’est très difficile de faire connaître cette métropole à ses habitants, qui restent attaché à leur maire, élu », constate le président de la métropole.
Le nouveau projet métropolitain se veut construit autour de trois axes : la transition écologique, la proximité et l’ancrage territorial de ses actions. « Nous sommes en bonne position pour l’avenir, avec des finances saines qui nous permettent d’envisager des montants d’investissement jamais atteints pour ce nouveau projet », assure François Rebsamen.
Venise 2 à l’arrêt, le temps d’études complémentaires
L’urbanisme continue d’alimenter le débat, notamment le projet de constructions pavillonnaires Venise 2, situé au croisement de la rue de Bruges et de la route d’Ahuy. Ses opposants dénoncent la destruction d’un espace naturel sensible doublé d’une zone humide rare. Ils distribuaient d’ailleurs des tracts à l’entrée de la réunion publique et n’ont pas manqué d’interpeller le maire pendant les débats. « Vous vous revendiquez d’une écologie de la science, monsieur le maire, mais la science nous dit qu’il n’est pas possible de continuer à croitre tout en protégeant l’environnement. Comment, dans ces conditions, poursuivre un projet comme Venise 2, qui détruit l’un des derniers espaces naturels de la ville ? », a lancé une jeune femme dans la salle.
François Rebsamen, que l’on connait parfois cassant, a tenté d’apaiser la discussion. « J’ai demandé des études complémentaires pour Venise 2, qui diront quels sont les impacts du projet sur la zone humide, la faune et la flore. Pour le moment, le projet est arrêté. » Comme pour prouver la complexité du sujet, le maire a également été questionné sur le nombre de demandes insatisfaites de logements social dans la métropole, évalué à 10 000. « C’est pour répondre à cette demande que nous construisons autant, ce qui nous est parfois reproché. Nous avons choisi de densifier, d’élever les constructions, plutôt que de nous étendre. Je considère que c’est lutter contre le réchauffement climatique que de faire cela. C’est grâce à cette politique que nous avons pu rendre inconstructible tout le plateau de la Cras. Maintenant, il y a des vignes, et même une ferme ! », a répondu le maire de Dijon.