Déjà connu pour son engagement dans la Banque alimentaire et ailleurs, le président de la Fedosad relève un nouveau défi. Gérard Laborier entend protéger l’ADN associatif et y mêler « des outils de gestion qui s’apparentent à ceux de l’entreprise ». La « Fedo » est ainsi le théâtre des possibles.
Propos recueillis par Dominique Bruillot
Photo : Christophe Remondière
Pour Dijon-Beaune Mag 73
Vous avez une grande expérience personnelle dans l’engagement social en ayant été notamment à la tête de la Banque alimentaire. La Fedosad est-elle la continuité de votre action ou un défi qui n’était pas prévu ?
Mon engagement dans le monde associatif et particulièrement social a plus de 50 ans. J’ai été élu municipal pendant 31 ans dont 25 comme maire de Marsannay-la-Côte, mandat au cours duquel j’ai présidé pendant plus de 10 ans la mission locale de l’arrondissement de Dijon. Au-delà de la présidence de la Banque alimentaire, j’ai accepté la vice-présidence de la Fedosad en charge du personnel dans la même logique : mettre ma disponibilité et mon expérience à la disposition de structures qui viennent en aide aux autres. La présidence de la Fedosad est une continuité.
Fedosad, tout le monde la voit, peu en connaissent la réalité. Est-ce à dire que le passage à la soixantaine se fait à présent sous le signe de la communication ?
La Fedosad a été créée en 1956, elle a donc 60 ans depuis deux ans. C’est une structure à la fois diverse et complexe. Pendant 30 ans, sa seule activité était l’aide à domicile, ce qui lui a donné son nom. Cette activité occupe plus de la moitié de notre personnel, ce qui est marquant. Depuis cette période anniversaire, l’effort de communication a été intensifié. C’est la démarche dans laquelle je me suis engagé, pour mieux faire connaître tous les services qui sont mis à la disposition des personnes qui en ont besoin. L’effort de communication consiste, et c’est la difficulté, à parler des 13 établissements et 11 services à domicile qui composent la Fedosad.
Le mouvement des Gilets jaunes a mis au jour une situation difficile pour beaucoup de nos concitoyens. Est-ce ressenti d’une façon ou d’une autre dans l’action de la Fedosad ?
Je ne répondrai pas sur la démarche engagée par le mouvement des Gilets jaunes qui, d’ici là, aura pu évoluer. J’analyserai d’autres aspects. Le premier porte sur l’importance du reste à charge pour les personnes auprès desquelles nous intervenons. Son importance impacte directement la demande d’intervention et donc notre activité. Le niveau de celle-ci a des conséquences sur les moyens dont nous pouvons disposer pour assurer la rémunération de notre personnel dans des conditions satisfaisantes, qui réalise un travail difficile 24h/24 et 7j/7.
Et l’autre aspect ?
L’avenir du financement de nos établissements ou services à domicile. Aujourd’hui, leurs résidents sont capables, par leur retraite et le capital dont ils disposent, d’assumer la prise en charge. Qu’en sera-t-il demain quand ces deux éléments seront réduits ? Il semblerait qu’une réflexion soit engagée avec des perspectives de décisions favorables quant à ces différents problèmes.
Le maintien à domicile serait moins couteux et mieux vécu que l’hospitalisation. Avez-vous le sentiment d’être entendu sur ce point ?
L’hospitalisation à domicile, avec ses différentes interventions de soignants au cours de la journée, complétées par d’autres services (aide et accompagnement à domicile, portage de repas, téléalarme…) s’avère moins coûteuse comparée à une journée d’hospitalisation. Nous avons été sollicités par l’Agence régionale de santé pour mener cette comparaison. Nous avons été entendus à un premier niveau, mais quelle suite sera donnée à notre rendu ? Nous l’ignorons. Notre réserve porte plus sur l’approche familiale qui est de ne pas confier le parent à l’hôpital, alors que le maintien à domicile est lourd de conséquences pour l’environnement proche. En fait, tout dépendra des prises en charge pour les personnes concernées.
Vous êtes à la tête d’une association sur un marché très concurrentiel. Où est la bonne formule ? Dans le seul système associatif ?
La Fedosad est une association régie par la loi du 7 juillet 1901. Vu l’environnement économique dans lequel nous évoluons, notre particularité est de n’appartenir à aucun groupe financier et donc d’être totalement indépendant. Cette approche associative n’empêche pas d’avoir recours à des outils de gestion qui s’apparentent à ceux de l’entreprise ; il n’y a pas incompatibilité à rechercher une certaine profitabilité à destination de la structure. L’importance en nombre du personnel, la gestion des charges que cela suppose, requiert une démarche entrepreneuriale qui ne remet pas en cause le volet associatif. Nous poursuivrons l’évolution de nos structures pour intervenir auprès de tous les types de personnes, dans le cadre de la complémentarité et de la coordination de nos services et établissements avec la notion de parcours de prise en charge de la personne, sans rupture.