Rossini est l’invité régulier du Festival international d’opéra baroque et romantique de Beaune, qui s’est déroulé du 6 au 29 juillet dernier. A posteriori, le fantasque violoniste Jean-Christophe Spinosi nous explique sa vision de ce compositeur particulièrement gourmand et jouisseur. En cuisine chef !
Compositeur parmi les plus grands du XIXe siècle, mort il y a tout juste 150 ans, Gioachino Rossini était aussi un bon vivant capable de créer des pages culinaires reprenant le nom de ses opéras. Les bouchées de La Pie voleuse ont ainsi régalé les papilles des gastro-mélomanes et le célèbre tournedos qui porte son nom serait, selon certains, de son invention. Quant à sa cave, il paraît qu’elle aurait fait pâlir d’envie les plus fins gourmets du vin.
Monde hyper normé
À Beaune, l’œuvre de Rossini est donc régulièrement célébrée par le Festival international d’opéra baroque et romantique de Beaune imaginé il y a 35 ans par la Beaunoise Anne Blanchard et son inséparable compagnon de route Kader Hassissi, l’un des plus grands festivals de sa catégorie. Le 7 juillet dernier, dans la cour des hospices, on a ainsi joué L’Italienne à Alger, « le premier véritable opéra bouffe » de Rossini, avec le Chœur de Namur et l’Orchestre Matheus, sous la direction de l’atypique violoniste et chef d’orchestre Jean-Christophe Spinosi. Profitant d’un court temps de pause, entre deux séances de répétition, ce surdoué au tempérament explosif nous a confié sa vision de Rossini à la table de Mourad Haddouche, à Loiseau des Vignes : « Ce compositeur a tout fait pour que son entourage soit en bonne santé, mais nous sommes dans un monde hyper normé, celui de la musique classique, qui a eu tendance à rendre son répertoire ennuyeux alors qu’au contraire, c’était un jouisseur qui aimait parler des choses dont on ne parle pas, à plusieurs niveaux. »
A capriccio !
Ces choses sont bien évidemment les choses de la vie, mises en scène par « un homme de théâtre complètement à part, arrivé très jeune dans l’univers de la musique et qui, à 36 ans, a su dire “J’arrête”. » Brillant, génial et taquin, Rossini a retiré de son appétit des plaisirs une solide réputation et quelques croustillantes anecdotes dont cette « chaude pisse » qu’on lui prête dès l’âge de 12 ans ! « Il a construit ses opéras à l’envers des modèles existants, il a écrit Le Barbier de Séville en une vingtaine de jours, son crescendo a quelque chose de sexuel », s’enflamme le violoniste corse qui, pour illustrer sa capacité à tourner le dos aux postures conventionnelles, n’hésitera pas à se prêter au jeu des rôles inversés en échangeant sa place, le temps d’une photo, avec le chef étoilé de Loiseau des Vignes. A capriccio !