Ce sera ce week-end la pièce la plus remarquable de la Fête du Train de Meursault. Le diorama de la gare de Saint-Claude (Jura), au 1/87e de la version originale, est l’œuvre de deux « fêlés » de la voie ferrée : l’ancien chef de projet de la SNCF André Terrapon et l’ancien prof du Bois de Mouchard Jean Cuynet. Une affaire sérieuse… car sifflet n’est pas forcément jouet.
Adossée sur toute sa longueur à une paroi rocheuse qui résulta de travaux gigantesques, la gare de Saint-Claude a quelque chose de mythique. Les trains y arrivent par le tunnel, un pont a été construit pour permettre l’accès aux habitations, et des petites plaques tournantes permettent de déplacer des wagons grâce au cheval de la gare. Un spectacle unique. Tout un monde de poésie et de labeur qui fait d’elle, au milieu des années 30, et plus encore après la Seconde Guerre mondiale, le terminus pour de nombreux autorails en provenance de Morez, Andelot et Dole.
Deux ans et demi de travaux
On pourrait en écrire des tonnes sur ce nœud ferroviaire qui, pour exister, a bravé le relief, les intempéries et l’isolement. Entre Doubs et Jura, on connaît le prix des déplacements. Le chasse-neige prend lui aussi régulièrement la voie ferrée pour assurer le service. Ce défi permanent que l’Homme lance aux éléments parvient ainsi à produire un spectacle grandiose, dans lequel la technologie, le fer, la sueur et le bruit des locomotives provoquent l’émerveillement. Comment ne pas lui rendre hommage, rien que pour soi, en faisant son modèle réduit, au 1/87e de l’original par exemple. Chez les ferrovipathes, on appelle ça un diorama.
L’ancien chef de projet de la SNCF André Terrapon et l’ancien prof du lycée du Bois de Mouchard Jean Cuynet, dont les écrits vantent inlassablement les beautés et les mérites du chemin de fer, ont donc entrepris depuis deux ans et demi de reconstituer avec la précision du joailler cet univers qui s’invite de manière obsessionnelle dans leurs rêves. En octobre dernier, le fameux diorama de la Gare de Saint-Claude est quasiment prêt. Soit deux mois avant sa première sortie officielle, la Fête du Train au pays des grands noms, à Meursault, les 10 et 11 décembre.
« L’odeur de l’ABJ »
La répétition générale est orchestrée dans une pièce annexe de la salle polyvalente de Pontarlier. Les deux fêlés de la voie ferrée ont méticuleusement donné vie à leur chef d’œuvre, avec l’angoisse que suppose d’y avoir consacré plus de 5000 heures de travail avant d’en arriver là. « Meursault est la plus belle exposition dans le genre en France, nous nous devions de faire sensation », résume le très déterminé André Terrapon. Quitte à « sacrifier » son salon pour la bonne cause, depuis de longs mois. À lui la technique, à Jean la déco, même si les choses ne peuvent pas être résumées aussi rapidement.
Bois et contreplaqué composent l’essentiel de la structure du diorama. Mais pour faire vivre les fidèles reproductions des machines de l’époque et des véhicules qui animent cette gare en modèle réduit, il faut aussi faire appel à l’informatique. Un logiciel élaboré gère le trafic et les ambiances comme l’aurait fait un vrai chef de gare dans une version à taille réelle.
Le résultat est bluffant, personne ne peut le contester. Denis Thomas, maire de Meursault, irréductible ferrovipathe et organisateur de la Fête du Train, en a les yeux qui brillent. Cette ambiance hors du temps lui rappelle certains souvenirs de jeunesse, « l’odeur de l’ABJ qui me conduisait au lycée de Mouchard à Pontarlier ». Construit dans les ateliers Renault de Boulogne-Billancourt, cet autorail aura marqué à jamais toute une génération. Denis Thomas y a trouvé la vocation qui lui fera faire carrière à la SNCF, avant de se lancer en politique. Car attention, une voie peut toujours en cacher une autre.
🚂 Fête du Train au pays des grands noms, le samedi 10 décembre (10h-19h) et dimanche 11 décembre (10h-18h), au Centre sportif Saint-Nicolas de Meursault. Adulte 10€, pass 2 jours 15€, Enfant -16 ans et étudiants 5€, gratuit -10 ans.
> Le programme du week-end
