On a découvert l’objet en visitant la chambre témoin du futur Design hôtel de Dijon. Ce pommard Les cras 2011 de chez Lucien Muzard est servi en tube, un concept qui peut choquer mais auquel il sera difficile d’échapper désormais. La preuve, on peut même acheter le WIT (Wine In Tube) directement en ligne.
Par Dominique Bruillot
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Comme cela a déjà été évoqué par dijonbeaune.fr, le futur Design hôtel ouvrira ses portes rue Devosge en septembre prochain, et s’imposera par son originalité. Le design, la déco et les usages du multimédia permettront de propulser l’hôtellerie haut de gamme dans le monde du XXIe siècle. Et le bar à vins n’échappera pas à la règle. C’est ainsi que nous sommes tombés, en visitant la chambre témoin aménagée au beau milieu de l’impressionnant chantier de l’hôtel, sur quelques vins en tube dont un pommard Les Cras 2011 du domaine Lucien Muzard.
« Ça casse un peu le mythe et je trouve ça plutôt rigolo », explique le vigneron de Santenay membre des Tontons trinqueurs, un regroupement d’une trentaine de domaines de plusieurs vignobles de France réputés pour leur grande qualité. Hervé Muzard est donc quelqu’un de reconnu dans la profession. Le crédit qu’il accorde à cette mise en tube est à considérer avec tout son poids, d’autant que selon lui, « les concepteurs ont mis trois ans pour gagner leur brevet et que le transfert du vin depuis la bouteille se fait avec un système garantissant l’étanchéité jusqu’au bout de l’opération. »
Les concepteurs? Laurent de Crasto et Bruno Mautès, un œnologue et un sommelier qui ont développé ces tubes en verre sérigraphiés et sertis par une capsule à vis en aluminium (4, 5, 6 ou 10 cl), en collaboration avec l’INRA de Montpellier et l’Ecole Nationale d’Arts et Métiers de Paris. L’enjeu? « Un procédé de conditionnement sous atmosphère inerte afin que le vin ne subisse aucune dégradation organoleptique » expliquent encore les créateurs du WIT, le bien nommé Wine In Tube.
« Drink in tube »
WIT France existe depuis 2006. Les usages du vin en tube dépassent largement le cadre du seul mini bar. Ce serait « une solution idéale pour offrir du vin au verre directement au consommateur », surtout depuis qu’une directive européenne de 2007 autorise la vente du vin sur un volume inférieur ou égal à 10 cl. De quoi s’implanter dans les compagnies aériennes, la restauration et l’hôtellerie, la vente en ligne, etc.
Le WIT a aussi été pensé pour le producteur. Il donne à ce dernier la possibilité d’expédier à moindre frais des exemplaires tests à des clients éloignés, de faire de la prospection sur les salons et foire, et facilite globalement les opérations de communication et les prélèvements nécessaires au suivi œnologique de ses vins. Ce n’est pas un hasard non plus si WIT a déjà élargi son concept aux spiritueux, aux épices et aux huiles.
Depuis le temps des amphores et des gabarres utilisées pour les transporter, de nombreuses originalités ont marqué l’évolution des contenants pour le vin. Dans l’archipel indonésien, on transporte ainsi le vin de palme dans les tubes en bambou. Dans un tout autre registre, le « bag in box » et la canette de vin, symboles de l’évolution (et parfois dérive) technologique sont entrés dans les mœurs.
Mais pour des appellations que l’on situe dans le haut du panier, on est en droit de s’interroger autant sur l’évolution du breuvage que sur le ressenti à la vue d’un tube. Le vin en tube, dépoussiéré au sens littéral du terme des charmes de la cave, doit se boire dans un délai assez court. Hervé Muzard est le seul Bourguignon à travailler avec WITT qui, par ailleurs, rassemble une quinzaine de producteurs. Il assume cette formule et cette idée même si, du côté des organisations officielles de l’interprofession, tout le monde n’est pas fan des aspects peu conventionnels de la démarche.
Chacun d’entre nous peut se faire une idée sur le sujet. Sur le site de Drink in tube , le vin en tube se vend de 7 à 18 euros le tube de 10 cl selon les appellations. Il y a même du corton-charlemagne et des coffrets prêts à offrir. Une idée de cadeau pour la fête des pères? Faut voir, selon l’état d’esprit du paternel…