La fédération des commerçants Shop in Dijon poursuit une mue initiée par son président, Denis Favier. Si elle tente de faire émerger une offre numérique pour le commerce local, tout en assurant une mission de soutien à ses adhérents, elle œuvre aussi dans les hautes sphères nationales.
À le voir déambuler avec son braque de Weimar dans les rues du centre-ville de Dijon, on prendrait aisément Denis Favier pour un gentleman de retour d’une partie de chasse. Les impressions, pourtant, sont trompeuses. Sa chienne est aussi intelligente que froussarde, avec une nette tendance à se planquer sous la table au premier bruit suspect. Pour la chasse, on repassera ! Denis, antiquaire de métier, de son côté, aime lâcher des vannes sur ses confrères commerçants, dont il pointe les petits travers. Pour le gentleman, on repassera aussi. « Les commerçants sont des gens paradoxaux. Ce sont les mêmes qui n’ouvrent pas leur boutique pendant le dimanche de la braderie de septembre, sur laquelle nous avons pourtant engagé 9 000 euros de communication, et qui viennent se plaindre d’être fermés pendant les confinements », sourit-il.
Shop in Flash, Drive, Eat, Service…
Président de Shop in Dijon depuis septembre 2015, l’homme n’a eu de cesse, avec son directeur, Matthieu Honnorat, recruté en février 2016, d’essayer de faire bouger les lignes du commerce dans la capitale ducale. Autour de deux lignes de force : travailler en bonne intelligence avec la municipalité, qu’il crédite volontiers d’une redynamisation urbaine, et redonner une impulsion conquérante à Shop in Dijon, jusqu’alors plutôt ronronnante. Les deux confinements, qui ont essoré le petit commerce, ont aussi été l’occasion de lancer un grand chantier de refonte de son offre numérique locale. « Nous sommes sur un très gros projet, pour lequel je suis en pleine recherche de financement. Il s’agit de gros budgets », confie-t-il. Le premier mouvement de cette opération ambitieuse a donné naissance à My Shop in Dijon, une boutique en ligne regroupant les offres de certains des 400 adhérents de la fédération, avec retrait click and collect place Grangier, ou livraison à domicile. Quatre modules devraient voir le jour : Shop in Flash, pour des déstockages promotionnels ; Shop in Drive, qui proposera des paniers gourmands en provenance des halles dijonnaises ; Shop
in Eat, un service de livraison de plats de restaurateurs dijonnais ; et Shop in Service, une conciergerie destinée à offrir un service premium aux clients. La grande offensive numérique du commerce dijonnais fera-t-elle bouger les lignes, alors que l’activité de l’actuelle boutique en ligne reste confidentielle ? À voir.
Ambitions nationales
Le changement local s’accompagne d’ambitions nationales. Avec son homologue bordelais, Denis Favier a cofondé l’association Commerçants et artisans des métropoles de France (CAMF) en plein mouvement des Gilets jaunes. Depuis, la CAMF s’impose chaque jour un peu plus comme un interlocuteur national du gouvernement. Et s’il s’en défend, Denis Favier n’est pas peu fier de converser, deux à trois fois par semaine, avec Bruno Lemaire, pour porter la voix du commerce de centre-ville. Sa méthode de travail reste voisine de celle adoptée à Dijon, à la recherche d’un consensus par la voie de la négociation. Elle porte ses fruits, même si la récolte n’est pas toujours à la hauteur des attentes. Sans éviter la fermeture des commerces, la CAMF a ainsi réussi à imposer une close de revoyure, quinze jours après le début du second confinement, et a fait fermer les rayons « non essentiels » des grandes surfaces. La visite dijonnaise de Jean Castex et d’une partie de ses ministres à Dijon, le 21 novembre dernier, a mis en avant le rôle d’interlocuteur de confiance du président dijonnais. « La visite a tout de même duré trois heures, c’est énorme », note-t-il avec un plaisir manifeste.
Le rôle de porte-voix national du commerce métropolitain joué par Denis Favier accompagne la mue progressive de Shop in Dijon. L’intéressé la résume ainsi : « D’organisateur d’animation commerciale, Shop in Dijon est passé progressivement, depuis les Gilets jaunes, à une mission de soutien et d’accompagnement des commerçants beaucoup plus large. Notre mission d’animation devient un peu secondaire. »