Dijon accueillait, les 15 et 16 novembre 2023, le 6e forum DEV&CO, qui rassemble près de 300 professionnels de l’attractivité et du développement des territoires, venus de toute la France. Une événement organisé par la fédération des agences d’attractivité, présidée par François Rebsamen.
L’amphithéâtre Gevrey-Chambertin du Palais des Congrès de Dijon fait salle pleine ces 15 et 16 novembre, à l’occasion du 6e forum DEV&CO. Organisé par le CNER, la fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation française, ce forum rassemble, sur deux journées peuplées de conférences et ateliers, près de 300 professionnels du secteur, venus échanger autour des bonnes pratiques et du futur du développement économique territorial.
François Rebsamen, maire de Dijon, préside cette structure et inaugurait l’événement. « La quasi-totalité des régions françaises sont représentées, nous avons des personnes qui viennent de Corse et de Martinique pour réfléchir aux solutions pour la transformation économique de nos territoires », s’est-il félicité.
Pour l’ancien ministre du Travail, la question qui domine est celle de la réindustrialisation : « Aucune grande nation n’existe sans industrie. Or, ce secteur a perdu 2,2 millions d’emplois en France, tandis que sa part dans le PIB recule de 10 points en 30 ans. Il nous faut remporter cette nouvelle bataille de la réindustrialisation. »
Une école de l’hydrogène en Bourgogne-Franche-Comté ?
Marie-Guite Dufay, présidente socialiste de la région Bourgogne–Franche-Comté a abondé dans ce sens, vantant « le grand ADN industriel de la région, ses 5 pôles de compétitivité et ses 23 clusters ». Surtout, la présidente a mis en avant le développement de la filière hydrogène, pour laquelle la Région investit fortement.
« J’ai une volonté farouche de développer l’industrie de l’hydrogène, de faire en sorte que, dans vingt ans, nous n’allions pas chercher nos composants d’hydrolyseurs en Asie, mais en Bourgogne–Franche-Comté. Je veux aussi réussir à implanter une école nationale de l’hydrogène dans notre région », a-t-elle indiqué.
Vers un renouvellement des outils de mesure du développement
Classiquement, la parole politique vante les mérites de son action. Charge revient aux chercheurs de prendre un peu de hauteur sur le sujet du développement économique des territoires. Magali Talandier, économiste et docteure en urbanisme et aménagement du territoire à l’Université de Grenoble s’est chargée de replacer la période actuelle dans son histoire, pour brosser des perspectives de futur.
« La France est passée d’une équidensité agraire fin XIXe, avec une population également répartie sur tout le territoire autour des activités agricoles, à une métropolisation très poussée à partir des années 1970-1980. Ce modèle vacille devant les impératifs de la transition écologique et le développement du numérique », a-t-elle analysé.
Pour mesurer le développement économique des territoires, la chercheuse plaide pour un renouvellement des modèles pris en compte, à l’instar du PIB, qui demeure le mètre-étalon des politiques publiques alors qu’il ne représente qu’un indicateur construit, et plus forcément adéquat pour rendre compte de l’activité réelle.
« J’ai développé une théorie de la base “holistique”, qui regarde séparément les flux extra-locaux, les productions locales qui s’exportent nationalement, et les flux locaux, ceux qui ne sortent pas du territoire. Il s’avère que les flux extra-locaux représentent, en province (ndlr, le cas de Paris est différent) 19 % de la richesse produite, contre 63% pour les flux locaux », détaille la chercheuse.
Or, note-t-elle, c’est souvent sous le seul prisme des installations ou du développement des grandes entreprises, dont les productions sont expédiées nationalement et internationalement, que l’on mesure l’attractivité des territoires. Il y a lieu de dépasser ce logiciel pour intégrer toutes les facettes de l’économie, y compris celle qui reste sur place.