France Bleu Bourgogne a lancé sa rentrée 2016 avec l’intention d’aller chercher de nouveaux auditeurs. Son directeur Lionel Gony expose les bases d’une grille souple mais taillée pour la « dijonnitude », dont les changements reposent essentiellement sur un ton qui se veut plus léger et surprenant.
par Alexis Cappellaro
Pour Dijon-Beaune Mag
Photos: Christophe Remondière
« On est bien ensemble ». Le slogan de la maison bleue fixe un cap que Lionel Gony ne voudrait changer pour rien au monde. Pas question de dénaturer le fond, les nouveautés de la grille de rentrée se verront surtout dans la forme. Sans prétendre « réinventer la radio », l’antenne bourguignonne se sent capable de bousculer des concurrents comme RTL. « Ils ont plus de trois points d’avance, ça ne se fera pas en une grille, sauf cataclysme de leur côté », prévient le directeur. « Mais il y a des choses encourageantes. On dispose d’un bon socle. Par exemple, on a gagné du temps d’écoute sur la matinale pour devenir premier en Côte-d’Or de 6 h 30 à 9 h 00, là où les gens allaient chez Gerra ou Canteloup auparavant. »
La matinale est d’ailleurs un programme phare de cette nouvelle formule. Sans se cacher, l’état-major espère qu’elle touchera l’urbain plus en profondeur. « En zone rurale, on est premiers et de loin. L’enjeu est bien sûr de ne pas perdre ces auditeurs. Mais il faut aller en chercher d’autres à Dijon et son agglomération, où nous ne sommes que septièmes, ce qui est clairement insuffisant. »
Dijon, coeur de cible
Les matinaliers Stéphane Conchon et Arnaud Racapé sont tout désignés pour atteindre ce nouveau cœur de cible. Entre leurs mains, un capital proximité qu’ils comptent bien utiliser. Par exemple, la nouvelle dimension du DFCO n’a pas tardé à être mise en avant. Au coeur des Rouges, pastille matinale de deux minutes, promet des angles originaux comme ce mini-reportage sur un supporter et son musée du football dijonnais.
Pas fous, chez France Bleu Bourgogne, on sait que les concurrents ne pourront pas jouer sur un terrain aussi réduit. « Mais on ne doit pas se reposer sur nos acquis territoriaux, tempère Lionel Gony, RTL souffre de cette absence de proximité géographique, mais en a développé sous d’autres formes. En premier lieu, cette proximité affective, avec des animateurs starisés. »
Travailler l’affect alors que l’auditeur aime de plus en plus piocher son contenu sur différentes stations est une sérieuse épreuve pour les radios locales. France Bleu n’échappe pas à cette règle de la « radio de rattrapage ». Lionel Gony et son rédacteur en chef Philippe Renaud ont donc promis une interaction plus poussée avec leurs fidèles, sur les ondes comme sur le web. Et les actes suivent les promesses : depuis le 12 septembre, la radio filmée a fait son apparition. Une façon de rapprocher l’animateur et son public.
« On fait de la radio, on ne pilote pas un Boeing »
Rue Guillaume Tell, on salue aussi des émissions plus souples, permettant de « rentrer de l’imprévu ». Chaque week-end, Le café des Bourrus, réalisé en partenariat avec Bourgogne Magazine, répond en partie à ce désir de déstructuration du scénario. Sans barrière ni formules convenues, Nicolas Mollaret et ses invités discutent art de vivre en Bourgogne. Et on a le droit de s’emporter ! Se départir de certaines vieilles traditions du service public a du bon. « Je dis souvent à mon équipe qu’il faut se lâcher, explique notre interlocuteur. J’estime qu’elle est mûre pour le faire. Ne soyons pas chiants, prenons des risques ! Et si on se rate sur quelque chose, ce n’est pas grave. On fait de la radio, on ne pilote pas un Boeing… ».
La grille 11h - 13h, récupérée par les locales suite à l’arrêt de Franche Bleu midi ensemble, incarne cette évolution dans le ton. Animé par Pascal Gervaize, le « journal des bonnes nouvelles » comme il aime le surnommer, propose un esprit très « chez nous »: info légère, cuisine locale et petits jeux. Lionel Gony y voit une porte d’entrée pour les auditeurs chafouins qui, sans attaquer le professionnalisme de la station, regrettaient un ton monocorde. Il faut bien l’avouer, l’extravagance n’a jamais logé très longtemps dans la maison bleue. Aujourd’hui, l’esprit se veut un peu plus chantant.