François Sauvadet et le Département ont « agi à bas bruit » durant un confinement qui a démontré, selon son président, le caractère indispensable de sa collectivité pour le lien territorial. Le 15 juin, l’ancien ministre annoncera un ambitieux plan de soutien aux familles et à l’économie locale, tout en maintenant 100 millions d’euros d’investissements en 2021.
« Je n’ai pas changé, quitte à paraître archaïque, je demeure à jamais le défenseur acharné de l’équilibre territorial et le nouveau monde devra aller vers cet équilibre. » François Sauvadet tire les leçons d’une pandémie qui, finalement, a redistribué sur le terrain les rôles auxquels chacun semblait naturellement destiné. Selon lui, à travers cette épreuve de vérité, le Département, victime pourtant désignée de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République), a montré à quoi il pouvait servir.
L’ancien ministre de la fonction publique réfute l’idée de surfer sur la crise pour valoriser son action. Il se souvient cependant d’avoir mis en place, dans le cadre de son ministère, « un accès au télétravail tout en fixant quelques règles pour éviter la désocialisation, et en veillant au premier de nos devoirs, celui de protéger nos agents ». Ce modèle reproduit en Côte-d’Or concernait au début de l’année pas loin de 200 agents parmi les 2 800 que compte la collectivité ; ils étaient quasiment quatre fois plus nombreux durant le confinement. La tendance n’ira plus en sens inverse.
« Arrogance sanitaire »
Aussi, l’ère covidienne a provoqué une mutation sociale en profondeur. Le monde rural confiné s’est mis à vénérer le sauveur des campagnes, sa sainteté le Très haut débit (THD). « Un dossier tout sauf facile, que j’ai défendu sans faiblir », ne peut s’empêcher de rappeler le président du Département de la Côte-d’Or, qui veut encore croire que le monde peut changer. Il voit par exemple dans les récents mouvements médiatisés et controversés de la région parisienne vers la campagne, « le cœur de (s)on engagement depuis toujours, car bâtir un pays sur la métropolisation nous mènera droit dans le mur ». En cause, à nouveau, un « centralisme qui est source de technocratie, illustré par exemple par l’arrogance sanitaire qui a consisté à retenir les informations sur les Ehpad, alors que nous sommes directement concernés ».
Cela dit, pas question d’opposer l’État à la décentralisation. « Il faut tirer les leçons d’une solidarité active qui se fait jour, sur un plan économique ou pour le maintien à domicile de nos aînés. La crise des gilets jaunes a mis les maires au cœur du système, le Covid-19 a montré que les départements sont indispensables. La Région elle-même, à qui je dis bravo sur certains de ses engagements, s’en est rendu compte lorsqu’il a fallu distribuer les masques. Qui mieux que nous savait comment faire ? »
Pendant ce temps, les aides d’urgences (RSA, prestations liées au handicap notamment) ont été maintenues. Informés par un numéro vert, les agents ont pu intervenir « quand c’était vraiment nécessaire » dans le cadre de violences familiales. « Tout ça n’est peut-être pas ce qui se voit le plus, car nous travaillons effectivement à bas bruit », martèle François Sauvadet. Lui-même a tenu à respecter scrupuleusement les règles du confinement avec un commentaire qui relève de l’évidence : « Nous, les élus, devons être exemplaires en tout point. »
100 millions d’euros en 2021
Sans aller jusqu’à la vision caricaturale d’un bonheur exclusivement niché dans le pré, il faut bien avouer que la conscience de la nourriture a repris du poil de la bête à l’aune du confinement. Le 100 % Côte-d’Or, grand cheval de bataille du président Sauvadet, sera mis en avant comme jamais dans les mois à venir.
La Foire gastronomique de Dijon en novembre, c’est promis, sera l’étendard de nos produits de proximité. «J’veux du local », opération menée conjointement avec la Chambre d’agriculture du 21 symbolise cet activisme pour le retour au consommer local. Un activisme qui sera l’un des volets du « plan de soutien ambitieux » que François Sauvadet va présenter à l’Assemblée départementale, lundi 15 juin.
La Côte-d’Or a une capacité financière que d’autres départements n’ont pas, nous pouvons donc maintenir le cap de nos investissements.
On commence alors à parler de gros sous. « Nous avons géré le Département en bon père de famille, malgré le contexte. La Côte-d’Or a une capacité financière que d’autres départements n’ont pas, nous pouvons donc maintenir le cap de nos investissements. Ils seront de 100 millions d’euros en 2021, c’est énorme », rappelle le président dans un premier temps. « Nous avons fait le job pendant le confinement, nous ferons le job avec ce plan car le plus dur est à venir », promet-il dans la foulée. Le champ de tir est large. Famille, TPE, artisans, commerçants et tous les acteurs de l’aménagement du territoire en seront les bénéficiaires ciblés. « Si certains appellent ça du saupoudrage, je l’assume », insiste l’ancien ministre, qui assure par le pragmatisme de cette action « combler les trous dans la raquette laissés par les autres dispositifs mis en place ».
Par Dominique Bruillot