Au-delà des différents aspects directement liés à l’essor économique de la nouvelle métropole, l’annuel de prestige Dijon Capitale, qui vient de sortir, a demandé à François Sauvadet comment il compte agir (ou pas) avec François Rebsamen. Un éclairage intéressant au moment même où le président du Conseil départemental de la Côte-d’Or lance son activité maraîchère en pleine agglomération dijonnaise…
Par Dominique Bruillot
Pour Dijon Capitale 3
« Je m’en réjouis ! » Sans la moindre ambiguïté, François Sauvadet salue l’accession de Dijon au rang de métropole car « c’est la reconnaissance d’un statut, la définition d’une ville à rayonnement international ».
De là à dire qu’il partira en vacances avec l’autre François, n’exagérons rien. Pour l’ancien ministre, cette évolution est « positive, à condition que le Grand Dijon (ndlr : rebaptisé Dijon Métropole) travaille son attractivité, à faire en sorte que déjà, de grandes entreprises restent sur le territoire ». La vision caricaturale du « François des champs et du François des villes » (Sauvadet le rural de centre-droite et Rebsamen l’urbain PS) doit selon lui être dépassée, car « nous sommes face à une possible et formidable révolution culturelle et spatiale ». Le tout dans un département immense, l’un des plus grands de France (voir encadré), qui se doit de gérer ses équilibres.
« Vis ma vie »
Au cœur du propos, une « idée de densification urbaine qui serait une erreur, car les générations suivantes vont arriver dans une nouvelle relation à la nature ». Tout comme la disparition des départements, fantasme récurrent d’une partie de l’opinion. François Sauvadet garde ses positions sur un certain nombre de points. « J’ai toujours critiqué une vision trop étriquée qui consisterait à mettre Dijon-Grand Dijon d’un côté, le reste du territoire de l’autre, car le destin de Dijon n’est pas seulement contenu dans les frontières de la ville. » Sur le front de cette mise en garde, « l’accès à tout ce qui sera l’enjeu de demain, la révolution numérique » qu’il n’hésite pas à comparer à « l’arrivée du train au XIXe siècle ».
Alors, que veut au juste le président de l’assemblée départementale ? Que tout le monde se rallie à une citation d’Edgard Pisani qu’il fait sienne : « Aménager le territoire c’est prendre conscience de l’espace français comme richesse et comme devoir. » Avec un vœu clairement exprimé : « La métropole a besoin du Département pour l’aider dans ses missions, c’est une opportunité pour écrire une page nouvelle, je propose donc à François Rebsamen de créer une collaboration du futur. »
Partage des compétences
En filigrane, et au-delà des réseaux internet dont personne ne peut contester la vitale nécessité, le partage de certaines compétences entre en scène. « Dans le domaine des routes par exemple, l’agglomération représente en totalité seulement 164 kilomètres sur les 6 000 que nous devons gérer à l’échelle du 21 », rappelle François Sauvadet tendant à prouver que, sur bien des points, « au plan législatif notamment, la métropole est plus porteuse en termes de symbole que dans la réalité des choses. »
Puis il y a l’enseignement dans le second degré. « J’ai dû acter de conserver les 23 collèges, ce que la loi permet, y compris sur la métropole, tout en souhaitant une vraie cohérence dans ce domaine. » Ainsi de souhaiter une politique d’échanges entre collégiens des villes et collégiens des campagnes, une sorte de (sic) « Vis ma vie » à l’attention des ados côte-d’oriens. L’idée est séduisante et résonne avec le programme « Futurs 21 », initié par le Département, qui consiste à promouvoir et accompagner des entreprises capables de favoriser les équilibres territoriaux, surtout si elles sont porteuses d’évolutions technologiques et durables.
Agriculteurs dans la ville
Voulant montrer l’exemple, François Sauvadet annonce avec fierté « qu’une centaine d’agents du Département sont déjà inscrits dans une logique de télé travail. » Puis insiste sur les énormes potentiels que présente le développement de la domotique, plus particulièrement au profit des personnes âgées, qu’elles soient finalement oubliées au cœur d’un gros quartier ou isolées dans le Châtillonnais.
À cet égard, Futurs 21 encourage des projets relayés par Orvitis, le bras armé du logement social du Département, répondant à une volonté de son président de faire de sa terre « une terre d’innovation sociale et sociétale ». Pour preuve de cette bonne volonté manifeste de travailler main dans la main avec la nouvelle métropole, François le métropolitain d’origine rurale s’est entendu avec le Grand Dijon alias Dijon Métropole pour acquérir une vingtaine d’hectares de terres en périphérie urbaine et créer des légumeries.
Sur le territoire de Perrigny-lès-Dijon, ces deux parcelles acquises pour un montant proche de 250 000 euros s’inscrivent dans une vision plus large de mise en relation des productions locales et des habitants et donneront lieu en principal (sur 15 hectares) à « une activité de maraîchage avec l’installation d’agriculteurs, pour une production destinée à la restauration collective ». Dans le même environnement, seront créés « un espace test de maraîchage sur 2 hectares et un espace d’expérimentation et de suivi de permaculture sur un hectare. » Nos deux François n’ont ainsi plus qu’à bêcher ensemble pour le bien du territoire dans sa globalité !
(*) Dans le cadre de sa politique de soutien aux filières locales, le Conseil départemental de la Côte-d’Or a acquis des terres agricoles à Perrigny-lès-Dijon pour y implanter une activité maraîchère. Son président a présenté ce grand projet ce lundi 23 octobre lors d’un conférence de presse.