A la façon d’Albert Kahn qui avait décidé de photographier les hommes sur la planète entière, Alain Desbrosse poursuit son travail d’inventaire des arbres remarquables de Bourgogne avec ce deuxième livre paru aux éditions de l’Escargot Savant. Ou comment avons-nous dans nos campagnes des trésors insoupçonnés…
Quand on reçoit un livre on peut parfois se demander comment, paradoxalement, un type a eu l’idée de s’intéresser à un sujet aussi vaste que les arbres. « C’est un intérêt personnel, répond Alain Desbrosse, auteur d’un deuxième opus consacré aux arbres remarquables de Bourgogne et une opportunité que j’ai eu au travers de mon travail au sein d’un bureau d’études environnement.» Après plusieurs mois d’inventaire, ce livre permet de découvrir un inventaire impressionnant d’arbres étonnants : le chêne de Lacanche et ses 5,90 m de tour de taille ; le tilleul de Sully à Magny-les-Aubigny classé Arbre Remarquable, l’un des trois cormiers géants d’Europe à Mavilly-Mandelot ou le séquoia géant de Sens. Bref de quoi s’étonner de la variété arboricole de la Bourgogne et une raison supplémentaire pour les touristes de prendre racine.
Un arbre remarquable, c’est quoi ? A leur classement, deux critères principaux : un critère botanique – la recherche des plus gros spécimens des 80 arbres et arbustes indigènes de Bourgogne plus les principales essences exotiques (platane, douglas…) – et un critère culturel : arbres nommés, arbres de la Liberté, Sully, légendes locales associées, esthétiques…
Et comme Mérimée inventoriait les édifices pour les classer aux Monuments Historiques, nos amis arboricoles ont aussi leur confrérie : le label Arbres Remarquables, créé en 2000 par l’association ARBRES dont le but est de répertorier les arbres faisant partie de notre patrimoine français et les protéger. Un label qui vient en complément de la loi paysage promulguée en 1993. Mais pour Alain Desbrosse, « la meilleure protection est l’intérêt que les propriétaires et le public ont pour ces arbres.» D’où la nécessité de ne pas les laisser seuls dans leurs champs, sur leurs places ou dans les jardins et de les mettre sur le devant de la scène. Mais ce n’est qu’un début : « Il n’y a pas d’inventaire national mais des inventaires départementaux ou régionaux » et la préservation de ce patrimoine naturel repose sur une règle que les rois fainéants n’auraient pas boudé : « ne rien faire ou le moins possible, éventuellement les classer au titre des Espaces Boisés Classés dans le cadre des documents d’urbanisme.»