Pendant le confinement, les opérations de dons aux soignants se sont multipliées. Les cakes salés faits maison de Juliette Wrobel Hermosa ont eux aussi le goût de la fraternité.
Par Geoffroy Morhain
Juliette, 24 ans, travaille dans l’événementiel en auto-entrepreneuse. Autant dire que son activité est plus que réduite. Et comme la jeune femme est du genre dynamique, l’idée lui est vite venue d’aider les soignants en leur préparant de bonnes petites choses dans la cuisine familiale de Chevigny-Saint-Sauveur.
Pour financer son projet, elle crée une cagnotte en ligne et mobilise ses proches pour commencer à la remplir. Pas grand-chose, juste de quoi faire les premières courses en attendant que la mayonnaise prenne. La suite est simple comme bonjour : « Je connais une fille au CHU qui m’a donné l’adresse mail destinées à tous ceux qui souhaitent donner quelque chose ([email protected]). Suite à mon message, j’ai été mise en contact avec Christian Pichon, l’ingénieur restauration du centre hospitalier, avec lequel on s’est mis d’accord sur les produits : plutôt que des crêpes, ce sera finalement des cakes salés, plus pratiques à distribuer et qui peuvent constituer un encas équilibré. C’était parti ! Mon premier mail est parti un dimanche, le vendredi suivant, je faisais ma première livraison. »
« Cette opération est aussi dédiée au personnel soignant d’autres établissements qui œuvrent en première ligne, dans le silence du quotidien, et ne sont pas toujours reconnus. »
À la fois à l’organisation, aux finances, à la cuisine (avec le coup de main précieux de deux amies) et à la livraison, Juliette multiplie presque miraculeusement les cakes. Chaque semaine, une centaine d’euros de matières premières lui suffit à préparer une bonne vingtaine de cakes salés variés (olives, feta, emmental, chèvre, thon, tomates séchées, lardons, basilic, courgettes…). « Si jamais il y a du rab d’argent, il y aura évidemment plus de courses, donc plus de cakes », précise Juliette sur la page d’accueil de sa e-cagnotte.
Le combat continue
Et d’étendre l’opération au-delà du CHU : « Cette opération est aussi dédiée au personnel soignant d’autres établissements qui œuvrent en première ligne, dans le silence du quotidien, et ne sont pas toujours reconnus. Tous n’ont pas vraiment le temps de prendre un repas lors des moments de répit ou même de cuisiner en rentrant chez eux après une journée de travail. » Ainsi, Juliette a livré plusieurs sites de la Fedosad et Les Eaux Vives, le foyer d’accueil médicalisé pour adultes handicapés d’Is-sur-Tille, la clinique Les Rosiers et le centre Leclerc, le centre gériatrique de Champmaillot, l’Établissement français du sang… et compte bien continuer ainsi en fonction de sa cagnotte et de sa disponibilité. Toujours avec une petite attention en plus, comme ce sachet de transport qui permet ensuite de ramener sa tranche de cake chez soi. Ou ce petit mot manuscrit à l’attention des soignants, qui se termine par une citation de Victor Hugo pleine d’espoir : « Même la nuit la plus sombre prendra fin et le soleil se lèvera. »
En attendant, la Chevignoise carbure aux énergies positives : « J’ai été étonnée par la reconnaissance des soignants, qui nous ont envoyé plein de mots de remerciements et de photos en retour. Ça fait chaud au cœur de pouvoir fédérer aussi vite une communauté d’entraide. » Le combat continue : déconfinement ne veut pas dire fin du Covid-19 ni arrêt des soins…