Le tourisme réceptif se réinvente et fait le grand écart entre la puissance du net et la précision des gens de terrain. Jouant sur le militantisme bourguignon et des « expériences authentiques » qui sortent des sentiers battus. Benjamin Magnen est l’inspiré fondateur de cette start-up. Happy Bourgogne va faire des heureux.
Par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag #65
Photos : Happy Bourgogne
Maya, une professeure de yoga apaisée sur les hauteurs du Morvan, se dit « en connexion directe avec la Bourgogne ». Jean-Marc, sculpteur à Bèze, s’attaque à un solide tronc et lui répond : « C’est moi que t’appelles la vieille souche ? » Pendant ce temps, exhibant fièrement la Saône dans sa bonne ville de Chalon, la souriante Birgit déclare : « D’habitude je m’y baigne, mais là il fait un peu froid ! ». Ces drôles de saynètes sont diffusées sur des cartes postales. Elles sont le trait d’humour communicant et la marque de fabrique d’un tourisme réceptif d’un nouveau genre, un tourisme qui revendique des «expériences authentiques », sous le nom de Happy Bourgogne. Changement d’époque, changement de ton, changement de vision.
Découvrir autrement la Bourgogne
Benjamin Magnen sera quadra en fin d’année. Il est le « papa » de cette démarche entrepreneuriale dont l’équation réunit les puissantes vertus du web, l’humanité d’un tourisme intelligent et palpable et les valeurs d’une économie sociale et solidaire qui lui est chère. Happy Bourgogne est une start-up, certes, mais elle veut être utile à son territoire, une « plateforme avec un visage. »
La logique du projet est limpide. Tout commence par une collecte de « produits touristiques » que seuls des gens du coin peuvent dénicher. Benjamin en est, les membres de sa petite équipe installée à Dijon aussi. Avant de passer à l’étape de l’exploitation pleine de leur plateforme, ils créent déjà un catalogue fait de complicités dont Maya, Jean-Marc, Ingrid et les autres sont l’incarnation vivante, proposant chacun une autre façon de découvrir la Bourgogne.
Le public mord par curiosité. Quelques jours seulement après le lancement officiel du concept, le reportage tourné par France 3 sur Happy Bourgogne dépasse les 25 000 vues. La vidéo de lancement, plutôt habile, fait elle aussi un carton, plus de 55 000 vues au moment où nous écrivons ces lignes. Cet intérêt soudain pour les expériences authentiques est des plus encourageante.
Il faut chercher dans la personnalité de son fondateur, les raisons de l’esprit particulier dont se pare Happy Bourgogne. Le père de Benjamin, Philippe Magnen était connu dans la région pour avoir porté le destin de Bericap. L’industriel s’investissait dans l’accompagnement de la création d’entreprises. Avec son fils, il a d’ailleurs porté les investissements qui ont donné naissance à l’atypique (et plutôt réussi) concept de Péniche Cancale, un bateau culturel qui donne à Dijon sa petite folie aquatique musicale et gourmande. Quant à la maman… elle était une assistante sociale. Un mélange des genres qui explique bien des choses.
Plus vrais que nature
Après avoir conduit le destin fragile de sa péniche, une coopérative avec à son bord une dizaine de salariés en haute saison; puis repris à Paris les affaires familiales après le décès de son charismatique papa, l’insatiable Benjamin s’est senti armé pour relever le défi de « concilier l’économie avec l’intérêt général. » Car il a « besoin de ça ».
Happy Bourgogne n’est pas en effet une fantaisie de bobo maniéré. « Notre groupe familial est en bonne santé, j’en profite donc pour faire rayonner Dijon et la Bourgogne. » Largement connecté aux subtilités du web, ce garçon a les deux pieds dans un terroir qu’il défendra bec et ongles. L’enjeu maintenant est de transformer les visites en ventes et, pour cela, Happy Bourgogne se donne quatre ans et l’objectif symbolique du million d’euros de chiffres d’affaires.
Avec une centaine de produits en stocks pour plus de 60 porteurs d’expériences, le catalogue de Happy Bourgogne est fourni. Les premières commandes tombent. Mais pour tenir jusqu’à l’équilibre, Benjamin Magnen a su lever un financement conséquent, plus de 400 000 euros, constitué de différentes sources dont la Bourse French Tech de BPI France, des emprunts de la Région et de France Active, des subventions européennes et un apport conséquent en capital. L’originalité de Happy Bourgogne repose déjà sur son positionnement de « market place équitable et solidaire » ouverte sur le monde mais conçue à partir de produits locaux dans lesquels le tour opérateur met lui-même la main à la pâte et agit en conseil.
Au bout du compte, ces expériences proposées sont vraiment uniques et garanties par le fait d’avoir été portées et conçues par des gens du cru. Et cela, quelle autre plateforme touristique saurait le proposer ? Pour s’en convaincre, rejoignez-donc Maya, Jean-Marc, Birgit et les autres sur le site de Happy Bourgogne. Ils sont plus vrais que nature et vous invitent à de joyeux voyages, y compris si vous êtes Bourguignon !