Vitteaux abrite le seul hippodrome de Côte-d’Or. Cette singularité en fait un lieu à la fois attractif et fragile, qui mérite beaucoup d’attention. À travers deux courses majeures pendant l’été, il attire nombre de curieux façon Peaky Blinders (sans les truands, encore heureux).
Par Nadège Hubert
Pour Dijon-Beaune Mag #71
Photos : Hippodrome de Vitteaux
L’aventure a commencé en 1957, dans un champ, sous l’impulsion de Gilbert Mathieu. Son créateur n’était pas encore l’iconique député-maire de Vitteaux que tout le monde connaît, ce monument de la Haute Côte-d’Or. « Je me demande si ça n’est pas parti d’un jeu entre copains, qui se sont pris de passion pour le projet. L’idée de départ a pris de l’ampleur pour devenir l’hippodrome d’aujourd’hui », explique Brigitte Sauvadet, présidente de la Société des courses de Vitteaux. Elle-même férue d’équitation et de chevaux (il vaut mieux !), elle a pris les rênes de l’association en 2011 alors que le site venait de subir les indispensables travaux pour être conforme aux normes en vigueur. « Sans ces aménagements, des locaux refaits et des sanitaires pour les jockeys notamment, l’hippodrome aurait dû cesser son activité. »
2000 personnes le 5 août
Une gageure pour le territoire, qui compte sur ces deux évènements majeurs en été pour drainer un flux de touristes et de parieurs. On parle ici du seul hippodrome de Côte-d’Or, ni plus, ni moins. Ainsi, début juillet et début août, l’endroit se gorge de ferveur. « Plus la ligne d’arrivée est proche, plus les cris s’intensifient », reprend la présidente, pour qui « vivre une course hippique reste quelque chose d’incomparable ». Demandez aux 2 000 personnes présentes pour la seconde course de la saison, le 5 août. Et pendant ce temps, quand les grands se pressent aux caisses pour enregistrer leurs paris, les petits s’initient au poney. « C’est un moment familial et convivial plébiscité tant par les locaux que les visiteurs. C’est une fierté pour notre territoire, dont la ferveur pour le cheval, le goût pour les grands espaces et le contact avec la nature ne se démentent pas. L’hippodrome représente aussi un intérêt économique pour Vitteaux et la Haute Côte-d’Or. » C’est qu’il faut les loger et les nourrir, ces centaines de jockeys, ces chevaux, ces équipages !
Course aux sponsors
Brigitte Sauvadet s’applique à donner vie à ces deux courses annuelles, espérant depuis longtemps pouvoir mettre en place un troisième évènement. « Toute la difficulté consiste à trouver des sponsors pour financer les prix des courses. » Le nerf de la guerre, comme toujours. Avec des gains compris entre 8 000 et 20 000 euros la course, la présidente s’inquiète un peu de l’instabilité des partenaires. « Pourtant, notre hippodrome est le deuxième sur une vingtaine de complexes régionaux, quant au ratio nombre de paris/fréquentation. » Alors que les courses hippiques françaises constatent une baisse de fréquentation des parieurs, de plus en plus dilués dans les jeux en ligne, l’hippodrome de Vitteaux garde ses fidèles. Le reste de l’année, il accueille quelques concours hippiques et la fête des chiens courants, tous les deux ans. Parallèlement, pour assumer la gestion des 22 hectares de terrain, Brigitte Sauvadet salue l’implication de la cinquantaine de bénévoles. « Toute l’année, des agriculteurs prennent le temps d’entretenir la piste quand d’autres s’occupent des locaux ou de la partie administrative. » Chacun remet l’autre en selle, s’active pour que subsiste ce petit joyau rural du département. Hue, dada !