Hôtel-Dieu de Beaune : Magali Vernet, anesthésiste-réanimateur

L’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune lance sa saison 2025 autour de l’humanité. Magali Vernet est hautement inspirée par les lieux et le thème. La présidente de la commission médicale d’établissement (CME) des Hospices fait le lien entre l’hôpital d’hier et d’aujourd’hui.

Sur le livret de présentation de la saison 2025, elle apparait discrètement en compagnie de visiteurs, pointant l’index vers les lits rouges de la salle des Pôvres. Magali Vernet n’est pourtant pas guide-conférencière. Anesthésiste-réanimateur et présidente de la commission médicale d’établissement (CME) des Hospices Civils de Beaune, elle a volontiers prêté sa « parole hospitalière » dans le cadre de ces visites-rencontres avec des soignants d’aujourd’hui, au sein d’un patrimoine de plus en plus vivant, comme ont pu le remarquer 460 000 visiteurs l’an passé.

La proposition séduit tout le monde, à commencer par l’intéressée, intervenue à deux reprises l’an dernier. « J’en ai profité pour revoir l’histoire de la médecine et des Hospices, c’était passionnant. La visite était prévue pour une heure, elle a duré une heure et demie par le jeu des questions-réponses. »

Ouvrir son regard

Depuis 2016 (son mandat a été prolongé durant le covid et prendra fin en janvier 2026), cette médecin élue par ses pairs préside une commission dont le rôle premier est d’assurer la qualité des soins. Cette mission passe par un important besoin de « coordination des prises en charges des patients, de mise en relation avec les professionnels de santé de tous les secteurs, y compris sanitaire et social ». Ce comité de pilotage est d’autant plus important pour un groupement hospitalier territorial (GHT) de 1 500 agents, comprenant quatre hôpitaux (Beaune, Nuits-Saint-Georges, Arnay-le-Duc et Seurre) et cinq Ehpad (Bligny-sur Ouche, Nolay, Labergement-lès-Seurre, Saint-Jean-de-Losne et Pouilly-en-Auxois). 

Travailler pour les Hospices Civils ouvre le regard. « Avec le temps, je me suis intéressée à la santé en général sur le territoire », pose sobrement la présidente, désormais concernée par un bassin de 120 000 habitants du sud Côte-d’Or.

Le vaccin de sœur Louise

Originaire de Lyon, cette petite-fille d’un médecin écossais ayant servi dans l’armée des Indes a fait connaissance avec Dijon et la Bourgogne en 1998, pour ses études, avant d’y prendre racine en 2006 comme praticienne hospitalière à Beaune. Le D^r Vernet loue déjà les vertus « d’une communauté soignante hyper investie, dans un petit hôpital support où le dialogue est facile entre nous ». La vocation médico-sociale des Hospices Civils fait vibrer différemment les aspirations personnelles.

Le médecin évoque elle-même un supplément d’âme l’ayant poussée à partager son métier avec les visiteurs de l’Hôtel-Dieu. « Plus le temps passe, plus ce lieu me parle, plus j’y suis attachée », s’étonne presque cette maman d’un jeune homme de 17 ans (on vous laisse deviner son métier de prédilection), dont le vaccin Covid a été confié ici-même aux bons soins de Louise Duchini, figure des sœurs hospitalières ayant servi l’institution pendant 40 ans. Joli clin d’œil. 

Soignant partagé

La présidente de la CME croit beaucoup à la feuille de route « Projet médico-soignant partagé 2025-2030 », établie par le GHT, qui prévoit une approche beaucoup plus globale, quasi holistique, de la santé comme bien commun : « On ne peut plus travailler seuls dans notre coin. Pour faciliter les parcours, il faut fédérer tous les acteurs du territoire, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qu’il s’agisse des médecins, infirmières, psychologues, podogologues, en ambulatoire au niveau de la ville comme en libéral, en lien avec les établissements sociaux pour le handicap par exemple ».

La notion d’éco-soin fait aussi son petit bout de chemin, alors que l’institution beaunoise dispose de deux domaines viticoles « qui font l’objet de pratiques culturales respectueuses de l’environnement, avec lesquelles des synergies existent ». La décarbonation de la santé fait aussi partie de la remise en question, « car même si nous faisons pour le mieux, nous restons consommateurs de ressources, il faut pouvoir agir sur les dispositifs médicaux comme les médicaments ». 

2025 marque un moment important, avec le début de la construction du nouveau bâtiment d’hospitalisation sur environ 15 000 m². 86 millions d’euros investis pour un projet achevé d’ici 2028. Au-delà du potentiel évident de cette réalisation, Magali Vernet y voit un geste symbolique : « Reconstruire l’hôpital au centre de la ville a du sens. Nous restons des acteurs de proximité, au service des habitants. Les urgences de Beaune sont toujours restées ouvertes et le seront toujours. L’enjeu est de continuer à bien soigner les patients, de répondre présent tout le temps, avec le même degré de professionnalisme, la même humanité. » Fermez le ban.