Le plus médiatique et le plus connu des astrophysiciens est décédé à l’âge de 91 ans, vendredi 13 octobre 2023. Il y a six ans, Hubert Reeves nous recevait chez lui, à Malicorne dans l’Yonne, pour un entretien en toute décontraction où il est question de son amour pour le cosmos et pour la vie.
📚 Interview à retrouver dans Bourgogne Magazine n°54
Dans quelles circonstances avez-vous découvert votre maison de Malicorne ?
Hubert Reeves : Avec ma femme (ndlr, sa seconde épouse, la journaliste Camille Scoffier-Reeves), on cherchait une maison de campagne afin de nous échapper de la vie parisienne. Nos critères étaient simples : être à moins d’une heure trente de la capitale, avoir des bâtiments à restaurer (pour elle) et des grands arbres (pour moi). On a cherché plus d’un an avant de tomber sur cette ancienne ferme dans l’Yonne. Ça a de suite été une évidence : c’était elle ! Le bâtiment était en ruine, avec plein de travaux à faire, un étang, et un grand parc avec de beaux érables de Norvège, des ormes… Parfait ! C’était il y a 40 ans, on a investi le lieu depuis.
Cette ferme est devenue un repère pour vous depuis ?
Oui, elle fait partie intégrante de notre vie, est nécessaire à notre équilibre, on ne pourrait plus s’en passer aujourd’hui. Nous l’avons trouvée en ruine et l’avons fait renaître. Ses briques connaissent l’histoire des lieux, celle de la ferme d’un château aujourd’hui disparu. Beaucoup d’hommes, de femmes, d’enfants et d’animaux domestiques ont foulé le sol de ce lieu où nous avons posé nos bagages. Ainsi, dans cette ferme, je voyage dans le temps. J’y ai d’ailleurs planté une « forêt millénaire » avec entre autres des cèdres du Liban et des séquoias qui atteignent 25-30 mètres de haut. Je viens souvent m’y promener, m’y ressourcer…
La Puisaye ne semble-t-elle pas « banale » comparée aux grands espaces du Québec ?
Pas du tout, c’est une campagne très authentique, avec de belles forêts préservées, peu de voitures et plein de petits bourgs qui ont conservé leur caractère. Une campagne dans son jus, très française, avec un patrimoine historique très riche. Ici, le moindre patelin a son château ! J’ai aussi découvert il y a peu le centre historique d’Auxerre, que je ne connaissais pas et que j’ai trouvé très beau.
Vous venez souvent à Malicorne ?
Le plus possible, quand je ne suis pas à Paris ou ailleurs pour mon travail. L’été, on est presque à plein temps ici, pour profiter des longues soirées et de la nature. C’est avant tout une maison ouverte à toute une communauté d’amis, d’artistes, d’auteurs, de chercheurs, qui viennent ici pour se rencontrer, discuter…Je trouve que c’est un lieu très inspirant, d’autant plus que l’ordinateur portable me permet désormais de travailler en plein air, dans le parc, au plus proche de la nature. C’est là en tout cas que j’ai écrit la plupart de mes livres.
Quelles relations entretenez-vous avec la population locale ?
Elles sont excellentes, nous avons beaucoup de vrais amis dans le coin. Et, depuis longtemps, on se donne rendez-vous à la traditionnelle causerie que je tiens chaque été à la salle polyvalente de Saint-Martin-sur-Ouanne. Cette année comme depuis plus 25 ans, ça se fera à l’occasion de la fête du village, le 3e samedi d’août. C’est un rendez-vous que je ne raterai pour rien au monde.