Ce week-end, Nuits-Saint-Georges accueille le Salon de l’Habitat. Un bon signe au moment où la ville sort d’une longue période d’hibernation urbanistique. Son PLU validé début 2016, c’est un nouveau cycle qui commence avec trois futurs quartiers dans les cartons. Nuits voit son avenir à l’est, loin des intouchables ses climats, comme nous l’explique Aurélie Dulau, la responsable du service urbanisme. Un bon plan selon certains investisseurs.
Par Alexis Cappellaro pour Dijon-Beaune Mag
Photos : D.R.
C’est un peu facile, mais après tout de circonstance, Nuits entrevoit enfin la lumière. Dix années durant, la municipalité n’a jamais pu réaliser de nouveaux quartiers. La faute à un plan local d’urbanisme (PLU) annulé, et de nombreux blocages avec les propriétaires de terrains. « Il ne s’est pas passé grand-chose », synthétise Aurélie Dulau, arrivée il y a à peine un an depuis son Sud-Ouest natal pour prendre la tête du service urbanisme. « La dernière construction de lotissement date de 2007. Aujourd’hui, nous sortons à peine d’un contexte juridique éprouvant, dans lequel un développement territorial était impossible. »
Un comble pour cette commune de 5500 habitants, qu’un spécialiste de l’immobilier n’hésite pas à qualifier de « premier endroit où investir en Côte-d’Or », situé idéalement entre Beaune et Dijon, tel un sas de décompression « urbain ».
À son arrivée, Aurélie a d’abord dû mobiliser son équipe pour « désamorcer les contentieux » et ainsi ouvrir de nouvelles zones. Un premier grand chantier au final facilité par « les belles réserves foncières dont dispose la ville, ce qui permet de négocier avec certains propriétaires ». Une autre méthode de travail, avec une communication transparente.
Trois futurs quartiers
« Laisser la société interpréter est très dangereux, tranche l’urbaniste. On ne peut plus faire l’économie du dialogue, il faut jouer cartes sur table en expliquant notre démarche et tranquilliser la population. » Voilà un discours sensiblement différent, qui a servi de base à un nouveau plan local d’urbanisme validé en février 2016.
Ce cap fixé, Nuits voit son salut passer par l’est. L’ouest, c’est les grands crus! Alors pas touche. Au bout du compte, trois futurs quartiers vont naître: Les Maladières, livré pour cette année. Au nord, Les Croix Blanches, « prévu pour le moyen terme », et Les Bas de Tortereau, bien plus important car englobant un grand projet d’éco-lotissement sur 10 hectares, qui ne verra pas le jour avant au moins 2025. Trois sites pour se dégager, enfin, un marché neuf. « Je ne sais pas si l’on pourra un jour retrouver un potentiel similaire, plaide la néo-Nuitonne, cela appelle déjà une réflexion future sur la densification urbaine, notamment sur des quartiers des années 60-70. Les possibilités d’extension ne vont pas exister ad vitam æternam. »
Il faut entendre, et c’est en effet bien sage, que le béton n’ira pas jusqu’aux pieds des vignes. Après toute cette attente, Nuits-Saint-Georges veut faire les choses bien, à sa mesure. « Nous n’aurons pas une consommation de l’espace déraisonné, il faut se rationner. Le but, poursuit-elle, n’est pas d’essayer de concurrencer Beaune ou d’autres villes. Nous ne faisons aucun complexe. Il y a une complémentarité saine des territoires de la côte viticole. »
Stratégie sur-mesure
La stratégie du sur-mesure ne délaisse pas le marché de l’ancien, cher à Aurélie Dulau. « Au centre-ville, nous avons par exemple un patrimoine souterrain très important et peu connu, lié à la présence des cuveries. Il est hors de question que les caves partent du logement. Si l’on perd cette caractéristique culturelle, c’est la fin. J’ai déjà vu des investisseurs dire qu’on pourrait faire des parkings dans des caves… Imaginez-vous! » On imagine mal, en effet. Et l’immobilier dans tout ça? L’accès à la propriété en centre-ville reste sélectif, « à hauteur de 80 à 100 euros le mètre carré selon les emplacements ». À ce titre, les nouvelles constructions permettront des prix plus abordables.
Quand elle n’est pas sur le terrain avec les Gazelles dijonnaises, la deuxième ligne est le pilier de l’association pour la sauvegarde de l’Église de Saint-Symphorien et du patrimoine du Pays nuiton. De quoi nourrir la politique nuitonne, résolument « respectueuse du secteur sauvegardé, mis sous cloche ». De toute façon, les choses sont ainsi sur la Côte, c’est le terroir qui commande le plus souvent. « L’immobilier a un peu de mal à se faire entendre, concède la trentenaire. La terre agricole a une valeur importante, autant symbolique que financière. Mais la population a accepté un développement. Les gens nous font confiance. »
Cette confiance ne sera pas de trop pour remplir les objectifs de Nuits, qui planche sur plus de 500 logements supplémentaires d’ici 2030. Les temps ont décidément bien changé.