Jean-François Dodet est le nouveau maire de Saint-Apollinaire depuis l’été, succédant à son ami député Rémi Delatte. Passé de l’ombre à la lumière, l’ancien premier adjoint met à profit son attachement inconditionnel à l’histoire et au devenir de sa commune, avec une patte bien à lui. Dijon-Beaune Mag a marché dans son sillage pour un « road movie » d’une journée bien chargée.
Par Alexis Cappellaro
Pour Dijon-Beaune Mag #67
Photos : Jonas Jacquel
Prendre un rendez-vous n’a pas été facile. On veut bien le comprendre, Jean-François Dodet a un emploi du temps un peu chargé. Il est finalement revenu vers nous, très poliment, pour caler autour d’un café une « journée ordinaire » dans ses pas. À la ville, l’homme est médecin à l’Agence Régionale de Santé, ancien libéral à Nolay. Il se définit comme un maire d’instinct, « plus dehors que dedans », assumant l’héritage laissé par son ami et collègue de toujours Rémi Delatte, « et même du travail effectué par son prédécesseur Louis Berthou, qui a initié la structuration de la ville dans les années 1980 ». Élu jusqu’en 2020, l’édile de la commune de l’ouest dijonnais guide le destin de quelque 7500 Épleumiens et voit les prochaines années « exaltantes et pleines de promesses ». C’est tout le mal qu’on lui souhaite. En attendant, que peut bien faire un maire de ses journées ? En voici la démonstration.
06H30
C’est immuable. Le réveil de Monsieur le maire sonne à 6h30. « J’ouvre les volets pour voir le temps, je prends ma douche en écoutant K6FM le plus souvent. J’arrive en mairie un peu avant 8h », pose-t-il en préambule, d’une voix très posée qui lui est propre.
08H00
La journée commence donc à 8h00 avec la planification de la semaine à venir, en compagnie de son assistante et de la directrice générale des services Marie-France Masson. « Un cadrage essentiel pour bien démarrer la semaine qui arrive. »
08H30
Vient ensuite un colloque de direction avec tous les chefs de service. Qui fait quoi, quand, pourquoi, avec quels moyens ? Voilà tout simplement les « priorités définies collégialement ». Dans la même veine, la réunion de préparation du budget de 2018, sous les coups de 9h30, est un impératif. Dans le bureau du maire, les concernés « fixent le cap » d’un « budget à l’équilibre ». Saint-Apollinaire, c’est notoire, jouit d’une bonne assise économique. Pour autant, pas question de faire n’importe quoi. Sur l’exercice 2017, la commune a enregistré 10,7 millions d’euros de dépenses et 13,5 millions en recettes. « Ce n’est pas de l’argent qui dort, nous nous efforçons de développer une politique d’investissements mesurée et qualitative », plaide le maire.
11H00
Ce vendredi, il l’a fait en compagnie de Rémi Delatte. Les deux se côtoient depuis près de trente ans. « Raymond Barre nous a faits nous rencontrer, nous avions une vingtaine d’années. Je fus son premier adjoint en 2002 », détaille son successeur alors habité, au moment de son investiture, par « le sentiment contrasté de lui prendre sa place un peu par la force des choses et de la fierté d’assumer une telle responsabilité ». Il respecte éminemment la fonction, et jure qu’il ne s’est « jamais assis dans le fauteuil du maire auparavant, ne serait-ce que quelques secondes ».
L’ex-premier adjoint ne cache pas le rôle encore prépondérant du député Delatte dans sa commune. Et pose un regard lucide et franc sur son nouveau statut. « J’ai conscience de l’image que je donnais ; un homme dans l’ombre, un peu fermé et timide. Mais ma nature profonde est d’aller vers les gens. Je sais aussi que j’ai des preuves à faire, et qu’il me reste un peu de chemin pour opérer ma mue. Le premier adjoint a toujours le maire en paravent. Là, il doit être au front, assumer, faire des arbitrages… J’ai le sentiment que les gens me le rendent bien, ils sont assez bienveillants car j’aime le dialogue et notre équipe municipale est d’une grande qualité. » De toute manière, même en considérant la force de sa commune et les responsabilités qui en découlent, notamment dans le cadre de cette métropole naissante, Jean-François Dodet n’en fait pas une montagne : « Je ne pense pas qu’il y ait des petits maires et des grands maires. Paradoxalement, il est plus facile de gérer une grande commune, en étant nombreux, que tout seul ou presque à veiller au quotidien sur 200 habitants. »
12H30
Monsieur le maire se dit « très intéressé par la génération Y ». Derrière ce terme parfois balancé à tout bout de champ, il y voit des jeunes de moins de 35 ans habités par un esprit volontaire et citoyen, « qui remettent du sens dans les actions qu’ils portent. Ils ne sont pas intéressés par le pouvoir pour le pouvoir. Tout ce qui est normatif empêche leur créativité ; j’aime leur franchise qui n’empêche pas le respect du statut. J’y vois même une forme de respect que de dire les choses clairement, sans jouer les béni-oui-oui. »
Ainsi, au détour d’un repas à la sympathique brasserie pédagogique Traits d’Union, au cœur du nouveau quartier intergénérationnel du Pré Thomas, il a donné rendez-vous à son entourage « Y » : Antoine Camus (21 ans), Aurélia Merle (34 ans), Frédérique Charton (24 ans) et Adrien Huguet (25 ans), les trois derniers siégeant au Conseil municipal. Au cœur du propos : le BAFA, le permis de conduire, le centre jeunes… « Un moyen d’avoir une vision dynamique et tournée vers l’avenir ! »
17H00
Après une série de rendez-vous, privés ou depuis son bureau avec des habitants, le maire doit assumer le quotidien de ses administrés. Rue du Pressoir, les habitants demandent depuis quelque temps un élagage d’arbres. L’adjoint en charge de l’urbanisme, le responsable du centre technique viennent en renfort pour entamer des discussions. « Un moment toujours constructif ; l’échange en direct, sur le terrain, me correspond plutôt bien », commente sobrement l’édile, reparti illico à quelques mètres de là pour de nouvelles aventures…
17H45
Place à une réunion à propos de l’aménagement du quartier résidentiel Longènes, rue du Docteur Schmitt, en présence des responsables du CHU.
Le PLU de Saint-Apollinaire a été arrêté en 2016, basé sur « un équilibre rurbain et une ceinture verte que l’on souhaite absolument préserver. » Le principe de mixité sociale est aussi au cœur des enjeux, « avec un principe de base : 30 % de loyers modérés fixés pour chaque promoteur ». En ligne de mire, d’ici à 2020, 20 % de logements sociaux sur la ville. « On y arrivera », assène, confiant, le premier magistrat qui doit également coordonner le PLUiHD (plan local d’urbanisme intercommunal habitat et déplacement) en phase avec Dijon Métropole. Et, toujours, le souci de gérer une « ville pour tous », avec des bâtiments notamment accessibles aux handicapés. « Je préfère la notion de société non-handicapante qu’une politique pour handicapés », nuance le décideur.
20h00
Quand vient le soir et que l’heure n’est pas aux réunions, place à la décontraction. Un maire n’est pas un robot appuyant sur un bouton « oui » ou « non » pour le devenir de sa cité. « Il aime aussi les moments simples avec des gens simples », animé par « un esprit intergénérationnel épleumien où chaque génération s’estime et s’entraide ». Nous ne sommes pas au pays des Bisounours non plus, l’élu le sait et le sent. Mais un concert salsa à l’espace Tabourot des Accords n’est-il pas une douce façon de clore ce vendredi chargé ? « L’occasion de voir que notre ville est très bien équipée, au niveau sportif ou culturel, et qu’elle sait s’amuser ! »