Alors qu’elles auraient dû finir le championnat régulier le 15 avril, les handballeuses dijonnaises s’acheminent vers une fin de saison brutale. La capitaine Joanna Lathoud en garde un sentiment d’inachevé. Au club depuis 2008, elle aurait aimé vivre l’aventure jusqu’au bout au côté de certaines coéquipières sur le départ.
Par Michel Giraud
C’était le 16 mars, au terme d’une petite semaine « off » octroyée par le staff après une victoire aussi importante qu’éreintante à domicile contre Nice (25-24), dix jours plus tôt. Sans le savoir, la capitaine Joanna Lathoud retrouvait ses coéquipières pour la dernière fois. Depuis, rien d’original, c’est confinement. « J’avoue que ça commence à être long. On est habituées à 3 heures et demi de sport par jour, et là on ne prend pas forcément un bon rythme… On essaie de garder une hygiène de vie pour qu’en cas de reprise on ne soit pas à la rue, mais c’est dur. Notre préparateur physique nous a concocté un programme à tenir, avec des exercices quotidiens souvent avec les moyens du bord. »
Pas forcément de place pour les unes, pas le matériel pour les autres, voire les deux à la fois, « alors on travaille des exercices lambda, pour un renforcement musculaire minimum, mais c’est tellement loin de ce qu’on fait à l’année. » Le cardio des Dijonnaises n’est plus tout à fait le même, cela va de soi. « On va aller au-delà d’une coupure habituelle d’été. Si ça venait à reprendre, il y aura besoin d’une préparation physique pour faire repartir les machines, remonter les corps et le moral, éviter les blessures… On serait obligées de passer par la case préparation physique, au minimum de deux semaines, ce qui repousse encore plus la reprise de la compétition. »
Goût d’inachevé
Les jours s’égrainent et la reprise est donc de plus en plus incertaine aux yeux de Joanna. « Il reste trois matches de la phase régulière à disputer, ce qui en soi n’est pas insurmontable à organiser, mais j’en doute (ndlr, la JDA est 8e sur 12 en LFH. La fin du championnat est dans les tuyaux, et le passage à 14 équipes pour la saison 2020-2021 officialisé). J’aurais bien aimé finir au moins la saison régulière. C’est un cas de force majeure bien sûr, mais il restera un goût d’inachevé. On avait un objectif que l’on ne va pas pouvoir atteindre par nous-même. Mentalement, c’est déjà pas terrible, et le club perd de l’argent. J’ai conscience que ça peut jouer sur les saisons suivantes. Quel budget aurons-nous pour la suite ? »
« Beaucoup sont là depuis quatre ou cinq ans, en fin de cycle en quelque sorte, et avaient acté leur départ avant même le confinement. »
Confinement entre capitaines
Sur ce point, les dirigeants sont sur le pont. Un peu plus tard, viendra le temps des comptes. En attendant, les joueuses ont créé un groupe WhatsApp pour continuer à échanger. Elles s’appellent aussi par vidéo en FaceTime, « pour se voir un minimum, même si ça fait bizarre. Ce qui me manque le plus, c’est d’être avec les filles. Beaucoup sont là depuis quatre ou cinq ans, en fin de cycle en quelque sorte, et avaient acté leur départ avant même le confinement. Ce sera un grand changement. C’est pour ça aussi qu’on aurait aimé finir ensemble sur le terrain, à la régulière, pour ces joueuses qui ont tant apporté au club. C’est un peu la fin d’une ère que l’on vit bizarrement. »
En attendant de toucher le ballon, au-delà des quelques passes dans le jardin avec Axel Julien, le capitaine de la JDA Basket avec qui elle partage son quotidien de confinée, Joanna goûte aux joies basiques du confinement : cuisine, lecture, coloriage, promenade avec le chien… « Et voilà. C’est un peu toujours la même chose », souffle l’arrière-gauche sans dramatiser pour autant.