Avant-première ! Sous fond d’anniversaire de la Route des grands crus, Dijon-Beaune Mag a eu le privilège de découvrir Ce qui nous lie, dernier né de Cédric Klapisch tourné en Côte de Beaune. À la clé, un moment très fort. La Bourgogne viticole est enfin dignement représentée.
Par Alexis Cappellaro
Photos : D.R. et A.C
Envoyé spécial à Issy-les-Moulineaux
Va-t-on enfin voir le film, THE film, que mérite notre Bourgogne viticole ? C’était la grande question, un peu cocardière mais finalement légitime, au moment de pénétrer dans la salle de projection de StudioCanal, à Issy-les-Moulineaux, pour l’avant-première de Ce qui nous lie.
Cette dégustation exclusive s’est déroulée chez le coproducteur du millésime 2017 de Cédric Klapisch (descente de cave générale le 14 juin), sur invitation conjointe du Département et de Côte-d’Or Tourisme. Avec, en renforts bien concernés par la question, le BIVB, le Château du Clos de Vougeot et l’Association des Climats de Bourgogne… Pour célébrer les 80 printemps de la Route des grands crus, ces acteurs locaux ne pouvaient faire autrement que de se payer la « bande-originale de la Côte-d’Or » selon les mots de François-Xavier Dugourd. Le vice-président du Conseil Départemental a été suivi par Marie-Claire Vallet, la présidente de Côte-d’Or Tourisme, qui a promis qu’ici, en 2017 plus que jamais, « c’est l’endroit où il faut être ».
La courte introduction était nécessaire avant de s’abandonner dans le moelleux des banquettes et dévorer le film tourné sur les terres de Marey. Le pitch, pour faire court : Jean (Pio Marmai) revient dans sa Bourgogne après dix années en mode globe-trotteur, pour les derniers instants de son père viticulteur. Il retrouve sa sœur Juliette (Ana Girardot), et son frère cadet Jérémie (François Civil). La fratrie, endeuillée avant les vendanges, va devoir s’unir pour ne pas voir le domaine familial légué en bien indivisible tomber entre n’importe quelles mains. Et, surtout, continuer à faire du vin (du bon, s’entend) ensemble, malgré le fardeau d’un héritage.
Le Parisien qui a compris la Bourgogne
Le résultat est à la hauteur du défi. C’est incontestable, ce réalisateur-là a le talent de sonder l’âme des lieux et des hommes. Il évite les restitutions paresseuses à coups de lieux communs et donne à voir, avec une poésie naturelle dans le sous-texte, des thèmes existentiels comme la famille, la mort, l’amour, la mémoire, la morale. La vie, quoi. Il faut dire que cet « homme de rencontres » a été à la bonne école, avec son papa fan des bourgognes et ses solides amitiés tissées avec les gens du coin, en premier lieu Jean-Marc Roulot, l’acteur-vigneron de Meursault jouant dans son film le chef de culture de la famille.
Au final, son immersion côte-d’orienne est aussi réussie que le jeu des trois acteurs principaux (mention spéciale à François Civil, excellent dans son rôle de jeune papa timide, enfermé dans une belle-famille aristo). C’est assez pour faire pardonner deux ou trois petites incohérences, rien de bien méchant au regard de la drôlerie de certaines scènes comme celle de la paulée. L’unanimité des réactions à la sortie de la salle suffit à donner le ton. Comme si était enfin assouvi ce petit fantasme provincial, parfois avoué du bout des lèvres, de voir notre Côte magnifiée par des « étrangers ». Sans se forcer, chacun avait le sentiment profond que Klapisch, ce « cinéaste urbain par excellence », avait compris la Bourgogne viticole. Les invités en ont discuté longuement, en toute convivialité, autour de quelques amuse-bouche et d’un bon verre de vin. Tout pour rappeler qu’ici, en Bourgogne, c’est aussi tout cela, ce qui nous lie.
Ce qui nous lie
De Cédric Klapisch
Avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil
Sortie nationale : 14 juin 2017
Durée : 1h53
Avant-premières les 23, 24 et 25 mars à Mâcon, Beaune et Quetigny.
À voir aussi : le 14 mai, au château du Clos de Vougeot – Vernissage de l’exposition « Nature humaine », photographies de Cédric Klapisch issues des repérages pour son film.