La Bourgogne-Franche-Comté en quête de nouveaux habitants

Après les Départements de la Côte-d’Or et de la Nièvre, le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté se lance dans une campagne d’attractivité résidentielle inédite à l’échelle d’une région entière. Objectif : accompagner l’installation de 2 000 nouvelles familles d’ici deux ans.

Avec le chef étoilé Romuald Fassenet et le chef d’entreprise Roland de la Brosse, l’acteur Lambert Wilson faisait partie des ambassadeurs de la Bourgogne-Franche-Comté présents à cette soirée de lancement. Propriétaire d’un ancien moulin dans le Tonnerrois, où il réside la majeure partie de son temps, l’artiste parisien est désormais ici comme chez lui et s’investit pleinement dans la vie locale, notamment à travers son festival musical Les Millésimes de Tonnerre. « Ici, j’ai recréé un endroit à peu près stable, comme un ponton », aime-t-il dire. Reconnaissant envers la région qui l’a adopté, il sera toujours « un vaillant soldat pour la défendre et en parler ». © V.Arbelet / Région BFC

« La Bourgogne-Franche-Comté est une grande région où on trouve tout sauf la mer ! Cependant, il faut bien le dire, nos perspectives démographiques ne sont pas bonnes », annonçait d’emblée Marie-Guite Dufay lors de la soirée de lancement de la campagne d’attractivité résidentielle résumée par son slogan, « Venez vivre en Bourgogne-Franche-Comté, c’est franchement bien ! ».

Face au constat de la baisse de la population régionale due à un solde naturel négatif, la présidente de la Région BFC a souhaité mettre en place « une grande initiative choc et solidaire afin d’aller chercher, non pas des touristes, mais des résidents qui s’installeront chez nous pour y vivre heureux, en relation étroite avec 35 bassins de vie (ndlr, 22 communautés de communes, 9 communautés urbaines et agglomérations, 4 départements) qui se sont portés volontaires pour participer à cette opération, et offrir aux nouveaux arrivant une solide armature d’accueil ».

50 % des Franciliens souhaitent quitter leur région

En effet, si globalement la région ne manque ni d’emplois (c’est la 1ère région industrielle française avec près d’un salarié sur quatre), ni de nature, ni de culture, ni de voies de communication, elle souffre d’un déficit d’habitants qui s’avèrera rapidement problématique si on n’y fait rien. Encore faut-il arriver à capter les prétendants à un changement de vie, notamment ceux venus des zones urbaines d’Auvergne-Rhône-Alpes et d’Île-de-France, qui représentent la moitié des nouveaux arrivant en Bourgogne-Franche-Comté.

« On sait depuis 20 ans qu’environ 50 % des Franciliens souhaitent quitter leur région, précise Patrick Ayache, vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté, en charge des ressources humaines, du tourisme, de l’attractivité et de la promotion des terroirs. Mais nombre d’entre eux ne sautent pas le pas ! Ils craignent de ne pas avoir les mêmes opportunités en province pour leur famille, en termes de culture, de vie sociale, de carrière professionnelle, de niveau de salaire… Pour lever ces freins, il ne suffit pas de montrer de belles images de nos territoires sur des affiches 4×3 dans le métro. Ce qui marche, c’est d’accompagner individuellement ces candidats de A à Z, en levant petit à petit chacun de leurs freins grâce à une mise en réseau avec les acteurs susceptibles de les aider au mieux dans leurs démarches. »

Des chargés d’accueil sur le terrain

Pour ce faire, l’agence Laou, basée à Limoges et spécialisée dans l’attractivité résidentielle, a conçu une palette d’outils au service de ce projet pilote : une communication numérique ciblée pour alpaguer le chaland, un site internet dédié où les candidats à l’installation pourront s’inscrire (venez-vivre-en-bourgogne-franche-comte.fr), et des services d’accompagnement sur le terrain. Pivot de ce dispositif d’aide personnalisée, une trentaine de chargés d’accueil ont été spécialement recrutés par les territoires partenaires pour guider les futurs habitants à chaque étape de leur projet de déménagement : recherche d’opportunités professionnelles et d’un logement, proposition d’activités et de loisirs pour tous les membres de la famille…

« L’idée est de faire du sur-mesure, de privilégier l’humain », insiste Marie-Guite Dufay, soucieuse de la personnalisation de ce projet à grande échelle. Moins de deux mois après le lancement du site internet, les résultats sont déjà là : quelque 1 500 foyers se sont déjà inscrits en ligne, et 250 rendez-vous ont été programmés sur le terrain. D’ici deux ans, l’objectif est de toucher 15 000 familles au total, pour 2 000 installations effectives au final, soit assez peu par rapport au nombre de nouveaux arrivants en BFC (47 500 en 2021). Pour autant, le jeu en vaut la chandelle : l’installation de 50 nouveaux foyers génère à elle seule 1,6 million d’euros par an de pouvoir d’achat dépensé sur le territoire et la création de 8 emplois supplémentaires. Franchement bien !