Quatre générations de Dubois exploitent une ferme à Varois-et-Chaignot, tout en s’impliquant dans la vie municipale. Dans son style, Armelle s’ouvre aux mondes du bio et de l’agritourisme. Les maires ruraux de France, actuellement réunis en Côte-d’Or pour leur congrès annuel, encouragent naturellement ce modèle.
1914. Son arrière-grand-mère tient bon les rênes de l’exploitation agricole. « Son mari était plutôt du genre poète », s’amuse Armelle Dubois, qui a renoué trois générations plus tard avec la gouvernance féminine sur les terres lourdes de Varois-et-Chaignot, celles qu’on appelle les « terres amoureuses ». Entre les deux femmes, il y a eu Julien et Gérard. Tous deux maires emblématiques de Varois dans les années 70 puis 2000. Chez les Dubois, l’un ne va pas sans l’autre : l’engagement pour le village est indissociable de la fibre terrienne.
L’histoire aurait pu s’écrire autrement. Une crise cardiaque « devant la moissonneuse batteuse » sépare Armelle de son père en 2009, alors qu’elle vient à peine de reprendre la ferme. Le vide est grand, Gérard Dubois a beaucoup œuvré pour la collectivité. Son épouse et sa fille font alors front pour maintenir l’activité de la ferme.
« Je ne voulais plus dépendre d’une monoculture »
Depuis, la jeune femme perpétue la saga familiale avec les codes de sa génération. Son compagnon évolue dans le monde artistique et donne volontiers un coup de main. « Nous avons une équipe de joyeux lurons qui tire sa force de sa mixité générationnelle, sociale, culturelle », sourit celle qui dirige cette ferme profondément remaniée.
« Je ne voulais plus dépendre d’une monoculture », explique-t-elle pour avoir abandonné les betteraves au profit d’une diversification spectaculaire : 6 hectares d’asperges célébrées par une fête en juin et 10 hectares de pommes de terre vendues en direct en attestent, parmi les 250 hectares de polycultures. Il y a aussi la moutarde, le lin, les graines, le sarrasin, le petit épeautre, un peu de blé et d’orge toujours, la luzerne et les myrtilles. Puis les terres du voisin Bernard Tournois, qu’elle travaille en bonne entente avec ce dernier.
Cap sur l’agritourisme
Armelle gère et décide. Elle fait face à de (« trop ») lourds investissements en matériel et bâtiments, avec du personnel, une démarche bio affichée et une boutique alimentée par d’autres producteurs. Logiquement, elle compte sublimer tout ça avec un ambitieux projet agritouristique.
Investie comme ses aïeux dans le conseil municipal de la commune, la pétillante entrepreneuse cultive le sens de l’ouverture. Elle imagine un parcours pédagogique autour de sa ferme, qui trouvera tout son accomplissement grâce à l’acquisition des bâtiments de la ferme voisine, aux origines monacales, soufflés au nez et à la barbe de promoteurs moins soucieux du devenir de notre patrimoine. La promesse de vente est signée.
Armelle est à fond sur le dossier. Elle y greffera la notion de transition énergétique, respectueuse des valeurs qui définissent sa conception du monde agricole. Pour elle, la terre n’est pas refermée sur elle-même mais ouverte à l’autre. Si près d’une métropole, cela a du sens. C’est bien ce genre d’agriculture que l’association des Maires ruraux de France, réunie en Côte-d’Or pour son congrès annuel, veut encourager.