Les vignerons de Nuits-Saint-Georges forment un syndicat atypique sous la présidence d’Yvan Dufouleur. Ils militent pour la vigne et la profession, bien sûr, mais en même temps aussi pour que l’appellation garde un lien avec les habitants du territoire. Ce qu’illustre à la perfection l’organisation de leur salon annuel, les 8 et 9 mars prochains.

Le vignoble de Nuits-Saint-Georges ne fait pas de quartier. Rouge à 95%, il laisse peu de place au blanc et s’étale sur un peu plus de 300 hectares, dont près de la moitié en premiers crus (41 climats classés), répartis entre le nord, du côté de Vosne-Romanée et le « midi », jusqu’à Premeaux-Prissey. Voilà pour les généralités.
Mais ce temple mondial du pinot noir a gardé en lui une certaine humilité rurale. Ses vignerons se distinguent ouvertement de leurs voisins du nord, qu’ils jugent poliment plus… ostentatoires. Il suffit d’assister à une réunion du syndicat présidé par Yvan Dufouleur pour prendre la mesure de cette différence de culture. Les vignerons du cru, une quarantaine d’adhérents au total, affichent clairement leur détermination à rester au contact de la population régionale. Voilà pour l’état d’esprit.
Une Maison, 180 appellations
Le salon des vignerons de Nuits se tient chaque année, sous la halle comble, à la marge de la Vente des vins des Hospices. Il illustre bien le sens de ce positionnement terrien et territorial.
Les 8 et 9 mars, pas moins de 35 domaines se rendront une nouvelle fois disponibles pour que chacun puisse goûter et acheter leurs vins (lire encadré en fin d’article). Un cas unique en Côte de Nuits. Dans les villages les plus réputés, les caves ne s’ouvrent à la dégustation que sur rendez-vous, et encore. « Ce rapport à notre environnement, aux gens de la région, c’est notre nature profonde », martèle Yvan Dufouleur, dont le domaine compte d’ailleurs parmi les pionniers de la dégustation.
Dans le même temps, Nuits-Saint-Georges saisit enfin l’opportunité symbolique d’être le « kilomètre 20 » de la Route des Grands Crus. Elle envisage l’œnotourisme sous un jour nouveau, en lien aussi avec les Hautes-Côtes voisines. Le projet d’aménagement de Crébillon, à la réflexion duquel le syndicat est associé, envoie un signal. Tout comme la Maison des vignerons, née en 1997 et joliment aménagée ces dernières années, avec une offre directe pour qui veut du vin dans de bonnes conditions.


Plus de 180 appellations bourguignonnes y sont à portée de bourse. Chaque domaine adhérent au syndicat a la possibilité de présenter quatre ou six vins de sa production. Dont de nombreux Bourgogne Hautes-Côtes de Nuits, encore accessibles, qui autorisent des tickets d’entrée attractifs, parfois inférieurs à 20 euros.
La maison des vignerons lève donc certains freins bien compréhensibles à la consommation. Tout en satisfaisant une clientèle internationale à l’affut. « Beaucoup de Belges, à mi-chemin de leur destination retour, quittent l’autoroute, et une petite minute plus tard, se retrouvent chez nous », constate la responsable de cette belle boutique, qui vend jusqu’à 8 000 bouteilles dans l’année.
On ne va pas se mentir, le premier rôle du syndicat est de défendre l’appellation et ses adhérents. Mais ces derniers sont manifestement accros à la vente directe. Chez Gavignet-Béthanie par exemple, Claire représente la quatrième génération du domaine. Elle s’appuie sur des faits historiques : « Mes beaux-parents ne voulaient pas travailler à l’export, en 1988, ils ont ouvert le caveau et ont fait jusqu’à 30 salons par an. On en garde toujours une dizaine. D’ailleurs, on sera à Biarritz ce week-end. »
Chez Jérôme Chezeaux, c’est du même tonneau. « Quand ils viennent, les gens achètent », témoigne Lyse, qui a rejoint le domaine familial en 2016. Raphaël Dubois, autre vigneron basé à Premeaux-Prissey, a lui-même trempé dès son enfance dans le jus du réceptif : « Le caveau de mes parents date de 1971. Une autre relation s’ouvre. Tu parles à un client qui veut 12 bouteilles comme tu parles à un importateur. Notre produit est festif, il véhicule des valeurs, nous devons rester au contact. »
Un avis partagé par le plus grand monde, que Grégory Gouges ramène à l’esprit mosaïque de notre région : « Tu ne peux pas tout vendre à la GMS (ndlr, grandes et moyennes surfaces), en Bourgogne chacun doit garder sa façon de faire ».
Un salon, 38 vignerons
Les samedi 8 (de 10 à 18h30) et dimanche 9 mars (de 10 à 17h30), au Marché couvert de Nuits-Saint-Georges, cette nouvelle édition du Salon des vignerons rassemblera 38 domaines (découvrez le casting ici). Soit une incomparable dégustation-vente de vins, tabliers de sommelier, cartes viticoles, etc.
💶 Entrée : 12€, verre offert.