Grand Prix de l’Age d’ Or et Coupes Moto Légende à Prenois, renouveau du site de Bel Air à Beaune, souvenirs de RN6 à Saulieu: la Côte-d’Or semble être devenue la Mecque des véhicules historiques. Avec les beaux jours, cela ne va cesser de s‘amplifier, sous l’impulsion de clubs de collectionneurs qui se multiplient dans la région. Vous avez dit phénomène de mode?
©Michel Joly
Ses 2 CV, Michel David les a promenées « all around the world ». De concentrations en rassemblements de deuchistes, elles en ont vu du pays. Installé tout près de l’agglomération dijonnaise, il est le secrétaire de l’antenne locale du 2 CV Club de Bourgogne, un « club de marque » comme on dit dans le milieu. D’où ce constat: « En tant que passionné depuis 1977, je m’aperçois que plus en plus de gens ont besoin de se rappeler ou de conduire à nouveau les véhicules de leur jeunesse. Il y a eu la période des années cinquante-soixante et maintenant celles des années soixante-dix et quatre-vingt. A chaque décennie, son mouvement! Et ce qui est marrant aussi, c’est que les jeunes prennent le relais. Chez les deuchistes, je m’aperçois qu’il y a une vraie relève. Ce sont nos enfants qui ont repris le flambeau. C’est encourageant pour l’avenir!» Pour tous, jeunes et moins jeunes, le même dénominateur commun: le plaisir de rouler. « Souvent les cheveux au vent, sur les petites routes de campagne, sourit Michel David. Il y a aussi le plaisir de partager avec autrui. Parce qu’on a une vieille voiture, les gens viennent à notre rencontre. »
Automobiles d’origine contrôlées
© Antony Georgel
Les clubs sont donc de plus en plus nombreux et les manifestations prolifèrent. A Beaune, on l’a bien compris. Il y a quelques années, Alain Suguenot, le président de la communauté d’agglomération, décide ainsi de redonner son lustre d’antan au plateau de Bel-Air, haut lieu d’ex nationale 6 devenue D966, qui se tourne forcément vers les véhicules anciens. Là encore, c’est un club de passionnés qui est à la manœuvre. Début mai, le député-maire de Beaune a en effet signé, en grande pompe, une convention de partenariat avec l’association AOC Beaune, l’association des Automobiles d’origine et de collection de la ville. Une soixantaine de membres, d’amateurs de vieilles bagnoles, dont Frédéric Cancel est le président.
Se confiant à dijonbeaune.fr, après le rachat du site par la Communauté d’agglomération, il confirmait ainsi cette ambition de devenir « animateur de ce nouvel espace », avec le projet d’y installer un club house et de capter tous les rallyes de véhicules anciens passant dans le secteur.
Pour faire vivre l’ancienne route nationale, les Beaunois d’AOC ont décidé de créer un rassemblement mensuel de collectionneurs, comme il en existe un sur le marché de gros à Dijon. Désormais, les amateurs de voitures anciennes se retrouvent tous les deuxièmes samedis de chaque mois à Bel-Air, pour un rendez vous informel de 9 à 13 heures, « un moment d’échange et de partage sans prétention ».
Dijon-Prenois dans la course
© WarmUpPhoto.com
Les vieilles guimbardes font recette, et les Beaunois ne sont pas les seuls à l’avoir compris. Sur le circuit de Dijon-Prenois, on a même fait des véhicules historiques de compétitions un axe fort de développement. Il y a quelques mois, Yannick Morizot, le patron du circuit côte-d’orien, nous le confiait (Dijon-Beaune Mag n° 35 d’octobre 2013): « Nous misons beaucoup sur le développement des épreuves historiques. Les courses de véhicules anciens sont extrêmement populaires. Les pilotes qui viennent prendre part à ces compétitions historiques sont des gens qui peuvent revenir dans la région en dehors de l’épreuve. »
Circuit phare des années soixante-dix-quatre-vingt, Dijon-Prenois est sans doute l’un des mieux placés en France pour surfer sur ce revival automobile, vecteur populaire indiscutable – comme en attestent les récents succès du Grand Prix de l’Age d’Or et des Coupes Moto Légende – en même temps que booster économique. Les dirigeants du circuit côte-d’orien l’ont bien cerné, en conduisant ces dernières années des phases successives de modernisation et de mise aux normes de leur tracé. A l’heure où certains circuits français se battent pour accueillir de nouveau un Grand Prix de France de Formule 1 « version moderne », Dijon-Prenois a donc fait le choix de l’histoire. L’ancien a donc le vent en poupe. De quoi vous faire regretter d’avoir vendu la 205 GTi de votre jeunesse…
Chagny, étape sur la 6
Ville cheminote au cœur des vignes, Chagny (71) a aussi la particularité d’être une étape sur l’ex-RN 6. De l’âge d’or de la nationale, il reste bien sûr le célèbre restaurant Lameloise (3 étoiles Michelin), mais aussi les vestiges moins connus d’une ancienne station-service typique des années cinquante, qui abrite désormais l’Auberge du Pont de Paris. Un contexte qui explique l’installation de l’entreprise Rare et d’origine sur l’avenue du Général-Leclerc, où passait la route nationale. Là, dans un garage de plus de 200 m, Sébastien Wiart fait revivre le patrimoine automobile en proposant à la vente des voitures de collection dénichées dans le monde entier.