À Châtillon-sur-Seine, dans le nord de la Côte-d’Or, des dizaines de commerçants ont posé en habit de deuil devant leur boutique. Avec un message limpide : « Nous ne voulons pas mourir. »
Jésus Matias, le fraichement désigné président des Vitrines du Pays châtillonnais, n’a pas pour habitude de tourner autour du pot. « Le commerce de proximité est en train de mourir. Et s’il n’y a plus de commerce, il n’y a plus de Châtillon-sur-Seine », tonne-t-il. L’urgence, on le sait, est extrême pour les boutiques fermées pour cause de reconfinement. L’opération « coup de gueule », lancée mercredi matin dans le bourg, essaye de rendre visible la détresse du commerce de détail. Sur les pancartes, tenues par des commerçants entièrement habillés de noir, les slogans pointent le désastre économique de la crise sanitaire, le poids des charges, la concurrence du commerce en ligne. Châtillon-sur-Seine, 5 400 habitants, vit ce que vivent de nombreuses petites villes. Le taux de vacances commercial y est très élevé, et la municipalité tente comme elle peut de cacher la misère, en repeignant ou en habillant les devantures vides.
L’inattendu soutien des grandes surfaces
Tout n’est pas à désespérer, pourtant. L’association des commerçants a même reçu des soutiens inattendus, en provenance des grandes surfaces de la zone. « Ce matin encore j’ai reçu un appel du directeur d’une des grandes surfaces de Châtillon, qui me demandait comment il pouvait aider les vitrines », précise Jésus Matias. Pour ce menuisier poseur, il est prioritaire de donner de la visibilité au petit commerce. « Je crois qu’on a gagné en capital sympathie, nous recevons de nombreux petits signes de solidarité des habitants. J’espère maintenant que notre mouvement fera école, et qu’on aura d’autres manifestations comme celle de ce mercredi, à Beaune, à Dijon ou ailleurs. »